Chapitre 19

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Chapitre 19 ~ Je déteste dire adieu, sachez le !

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C'est en les voyant tous comme ça, sur le point de pleurer pour mon départ, que je me rends compte qu'ils sont les choses les plus importantes de ma vie et que j'étais l'une des choses les plus importantes de leur vie.

Un sourire triste apparait sur mon visage et Ray se précipite pour me serrer contre lui, cachant son visage dans mon cou. J'entoure son corps avec mes bras, posant une main dans son dos et l'autre dans ses cheveux, tandis qu'il s'accroche à moi comme si sa vie en dépendait.

- Ray, je vais devoir m'en aller, tu le sais, non ? dis-je doucement.

- Tous les autres partent, mais pas toi ! Toi, t'as pas le droit ! T'entends ?! T'as pas le droit !! Reste, Vi... Reste...

- Je ne peux pas, corazoncito...

Il me serre un peu plus fort contre lui et je lui caresse doucement le dos, le laissant pleurer contre moi face à l'inéluctable.

Maman ne dit rien, elle se contente de détourner le regard pour observer l'extérieur par les fenêtres. Dehors, il fait noir, mais la lanterne que nous allons utiliser attend patiemment d'être utilisée, comme à chaque départ, sur le rebord de l'une des fenêtres, côtoyant la boite d'allumettes qui servira à allumer la chandelle de la lanterne.

- Violet, je t'aime... murmure Ray en me ramenant à la réalité.

Des rougeurs apparaissent sur mes joues et j'enfouis mon visage dans ses cheveux en m'accrochant à lui, prenant mon temps avant de répondre.

- Moi aussi, je t'aime, idiot... Prends soin de toi, de toute le monde et, surtout, surtout !, ne m'oublie pas... Pour rien au monde... Souviens-toi que j'ai fait partie de ta vie, même si ce n'est que onze ans de ton existence...

- Je serai toujours fier de dire que tu as fait partie de ma constellation, princesse...

Un doux rire secoue mes épaules tandis que je me rappelle de ce soir-là où nous avons vu des étoiles filantes et où je lui ai parlé de ma façon de voir les constellations.

- Violet, il va falloir y aller, c'est bientôt l'heure, m'annonce doucement Maman Isabella.

Sans répondre, je m'écarte de Ray et garde mes mains sur ses épaules tandis qu'il me regarde, un sourire courageux aux lèvres et les yeux rougis par les pleurs. Cette vision me fend le cœur et je me fiche bien du monde qui nous entoure : je l'embrasse une toute dernière fois, pressant mes lèvres d'enfant sur les siennes qui sont aussi celles d'un enfant.

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai. Pour toujours et à jamais.

Je finis par m'écarter, essuie mes yeux larmoyants avec la manche de ma veste, et j'attrape ma valise pour partir avec Maman, sans faire attention aux regards à la fois surpris et tendres de mes frères et sœurs.

J'évite le regard de Ray de toutes mes forces, refusant de voir son cœur se briser dans ses yeux noirs.

- On peut y aller, Maman, fais-je en ouvrant la porte qui mène à l'extérieur.

Elle hoche la tête et gratte une allumette avant d'ouvrir la lanterne pour allumer la bougie. Elle agite l'allumette pour l'éteindre tout en refermant la lanterne qu'elle attrape d'une main, l'autre se posant sur mon épaule gauche.

Dans mon dos, je sens le regard de Ray, d'Emma et de Norman. De Jemima, de Phil, de Chris. De Don, de Gilda et d'Anna. De Thoma et de Lannion. De tout le monde, en vérité.

- On t'aime, Violet ! me crient-ils tandis que je m'éloigne dans les ténèbres et que la porte se referme derrière Maman et moi.

Nous marchons en silence tandis que j'observe les étoiles qui semblent briller plus fort ce soir, comme pour me saluer, j'esquisse un sourire à cette pensée. J'attrape la main de Maman et la serre doucement pour lui dire silencieusement que je ne lui en veux pas, que ce n'est pas sa faute si on ne nous laissait que deux choix lorsque nous étions une fille : se faire livrée ou essayer de devenir une Maman pour gérer un site sur l'une des fermes.

- Personne ne t'en veut, Maman. Pas même ton fils.

- J'espère que tu dis vrai, ma petite Violet...

Nos pas s'arrêtent lorsque nous apercevons deux petites fleurs se balancer dans la brise du soir. Je m'accroupis en donnant ma valise à Maman qui me laisse faire en souriant. Devant mes yeux se balancent deux petites violettes un peu trop précoces pour la saison. Comme un vœu, j'espère que le fait de voir ces deux petites fleurs dans la pelouse prouve que j'ai des chances de survivre.

Je finis par me redresser et reprends ma valise ainsi que la main de Maman avant que nous nous remettions en route en direction du portail.

- Je me demande si ça va être douloureux...

- Normalement, non. On te donnera des médicaments pour t'endormir et ces médicaments te tueront rapidement, puis on mettra une fleur dans ta poitrine pour enlever tout ce qui reste de vivant de ton corps.

- Comment se nomme cette fleur ?

- Laisse moi me rappeler...

Le silence revient nous entourer tandis que je lâche à nouveau la main de Maman pour prendre mon pendentif et l'ouvrir afin de regarder la photo de ma maman, April. Elle est belle et devait être très courageuse pour avoir osé rejoindre le mouvement de William Minerva, ou James Ratri.

- La fleur se nomme Vida, il s'agit d'une plante vampirique utilisée par les démons. Avant, elle était utilisée lorsque les démons prenaient la vie des animaux quand ils ne mangeaient pas d'humain. Ces démons-là étaient les adeptes d'une religion très ancienne, mais ils auraient disparu selon les dires des Ratri.

- Je vois, merci, Maman.

- De rien, Violet.

J'observe la lumière de la lanterne aller de droite à gauche et de gauche à droite à cause du rythme de nos pas, puis le rond de lumière s'immobilise lorsque nous arrivons enfin au portail.

Maman me guide en silence pour ouvrir le portail avant qu'on ne s'avance sous la structure en pierre. Devant moi, se trouve une sorte de calèche, je devine aisément que c'est là qu'on m'enlèvera la vie. Curieusement, je n'ai pas peur. C'est même tout le contraire.

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant