Chapitre 16

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Chapitre 16 ~ Je peux t'embrasser ?

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Je frotte mes yeux en me redressant tandis que Ray grogne et pose sa tête sur mes genoux pour continuer à dormir en se cachant sous la couverture qui a glissé de mes épaules. Doucement, pour ne pas le réveiller, je ramène un peu mieux la couverture sur lui pour éviter qu'il n'attrape froid.

Une fois cela fait, je regarde par la petite fenêtre de la mezzanine. Dehors, le soleil commence à se lever et il darde ses rayons sur l'herbe qui brille, étant couverte de rosée. Je souris face à cette vue et m'étire en levant mes bras pour réveiller les muscles de mon dos et de mes bras qui sont endormis. En douceur, j'étire aussi mes jambes pour éviter de potentielles crampes ou pour éviter que mes membres soient engourdis.

Ray remue légèrement sans se réveiller. Je joue distraitement avec ses cheveux en continuant de regarder par la fenêtre, appréciant le spectacle du pâle soleil qui réchauffe lentement la Terre tandis que le ciel devient bleu avec quelques nuages blancs qui filent déjà vers l'Est.

Le temps file en douceur, je n'ai pas envie de bouger. Même lorsque les réveils résonnent dans les dortoirs de l'étage et que la voix d'Emma qui réveille tout le monde - en s'étonnant de notre absence à Ray et moi - me parvient. Les rires et les "Bonjour, bien dormi ?" résonnent dans les couloirs de l'orphelinat, troublant la tranquillité de l'aube.

Soudain, la porte de la bibliothèque s'ouvre - presque avec fracas - et une tête blonde avec des tresses apparait sur le seuil de la pièce. Anna semble nous chercher du regard, alors j'écarte doucement la tête de mon noiraud pour la poser sur un oreiller avant de m'avancer vers le bord de la mezzanine en faisant coucou à Anna qui sourit et s'approche pour monter à l'échelle.

- C'est là que vous étiez ! fait-elle en constatant que Ray est avec moi.

- Chttt... Il dort encore, il s'est endormi après moi, dis-je en murmurant tandis qu'Anna s'excuse en silence.

Je lui souris et me penche pour pouvoir lui parler en chuchotant afin de ne pas réveiller notre ami qui a l'air d'être plongé dans un profond sommeil.

- Tu sais dire à Maman que j'arrive ? Je vais aller changer de vêtements avant de vous rejoindre. Dis-lui que Ray dort encore dans la bibliothèque et que je lui apporterai à manger après le petit-déjeuner.

- D'accord, Violet ! Mais dépêches-toi, ce matin, nous mangeons des crêpes apparemment.

- Ok ! réponds-je. Je vais faire de mon mieux !

Anna sourit et descend l'échelle avant de disparaitre dans le couloir pour aller rapporter mes dires à Maman pour éviter qu'elle ne s'inquiète, de même que Norman, Emma, Don, Gilda et Phil.

Après avoir jeté un dernier regard à mon bel endormi, je descends de la mezzanine et pars dans mon dortoir pour me changer, puis je porte ma jupe et ma chemise froissées dans la buanderie de l'orphelinat avant de descendre rejoindre les autres.

Une rouquine me saute dans les bras dès que j'apparais dans la salle à manger tandis que Phil s'accroche à ma jupe pour avoir aussi un câlin que je lui fais avec plaisir. C'est étrange, mais je me sens plus paisible à l'idée de mourir pour sauver ma famille maintenant que je connais mon histoire et que Ray le sait.

- Bien dormi ? me questionne Norman lorsque je parviens enfin à aller m'asseoir pour manger une ou deux crêpes tièdes.

- Oui, j'ai plutôt bien dormi. Merci !

- En même temps, t'as passé la nuit avec Ray ! ajoute Emma, un sourire amusé aux lèvres.

Je rougis légèrement et termine mes crêpes avant de demander à Norman s'il a lui aussi bien dormi pendant que j'essuie la bouche pleine de confiture de Phil avant qu'il ne parte jouer un peu avec Jemima, Don et Gilda avant les tests du matin.

Je prends deux crêpes pour Ray - que j'enveloppe dans un mouchoir - et monte en direction de son dortoir, car il doit sûrement se changer afin d'éviter d'apparaitre avec des vêtements froissés lui aussi.

- Tu peux entrer ! lâche Ray après que j'ai toqué en demandant si je pouvais le rejoindre.

- Je t'ai apporté deux crêpes pour que tu manges avant les tests, dis-je en souriant.

- Merci, Vi !

Il tend les mains comme un enfant pour que je lui donne sa nourriture et je m'exécute en riant avant de m'asseoir à côté de lui, sur son lit dont les draps ont déjà été faits.

Une fois son repas terminé, il jette le mouchoir à la poubelle avant de revenir près de moi en s'asseyant sur le sol et en posant sa tête sur mes genoux pour me regarder tendrement. Je lui caresse doucement les joues avec encore cette envie de l'embrasser.

Je crois que je suis devenue addict au contact de ses lèvres sur les miennes.

De gêne, je me mords la lèvre inférieure, arrachant un sourire amusé à mon noiraud.

- Viiiiii ?

- Rayyyyyyyy ?

- Est-ce que je peux t'embrasser à nouveau ?

Mes joues chauffent à vitesse grand V et il rit doucement de ma réaction avant que je ne hoche la tête pour lui donner mon autorisation. Il tend les bras et passe ses mains derrière ma nuque pour m'attirer à lui, je me laisse faire.

C'est avec bonheur que je joins mes lèvres aux siennes, sentant les quelques grains de sucre qu'il avait encore sur la bouche. Je continue de lui caresser les joues et il caresse ma nuque du bout des doigts, me faisant frissonner.

On finit par s'écarter car il est l'heure d'aller passer les tests comme chaque matin. Tests que je hais toujours autant et ils me le rendent bien.

Mais curieusement, cette fois-ci, et à ma grande surprise, j'obtiens un score parfait comme Emma, Norman et Ray. Maman me sourit et hoche la tête, probablement contente de voir que je décroche enfin un 300 sur 300.

Un frisson me parcourt tout le corps, remonte le long de ma colonne vertébrale tandis que je retiens une grimace.

Dans les yeux de mes frères et sœurs, je lis de la joie et un brin d'envie de faire de même. Dans ceux d'Emma et Norman, je lis simplement de la joie avec un peu d'inquiétude et d'incompréhension. Dans ceux de Ray, de la peur et de l'incompréhension.

Et dans ceux de Maman ? De la fierté et de la satisfaction. Et c'est son regard qui me glace le plus le sang.

Et à la fin, une fleur... || TpnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant