J'étais là de mon plein gré, soi-disant. En tout cas, je faisais tout comme. Selon notre conseiller conjugal, c'était ma dernière chance d'éviter le divorce, ma dernière cartouche pour récupérer Nathalie. Malgré les apparences, ma femme, je l'aime. Je ne veux pas la perdre. Simplement voilà, j'ai un peu déconné...
Faut dire que nous les mecs, on est programmés pour être polygames. C'est pas notre faute, si on est victimes de cette saloperie d'atavisme qui nous oblige à foutre tout ce qui porte jupette. Non, j'invente rien. C'est prouvé génétiquement. Disséminer notre sperme dans un maximum d'utérus, engrosser des nanas à tout va, ça reste la meilleure façon de perpétuer notre patrimoine et au final d'assurer la survie de l'espèce. Bon, avec la maîtrise de la contraception, on sait bien qu'on l'atteindra plus, notre but - répandre des bâtards un peu partout sur terre - mais que je sache, le plus court chemin vers l'utérus passe toujours par le vagin, non ? C'est la nature humaine, on n'y peut rien. Mais essayez de lui faire comprendre ça, à Nathalie !
Et pour tout arranger, le sexe est présent partout dans nos sociétés, planqué jusque dans les pubs télé et les magazines féminins. Et surtout, surtout, en embuscade sur le net. Un clic malheureux et hop ! Vous voilà propulsé dans la grande vitrine à illusions, le mégadistributeur de fantasmes. Une fois accro, c'est l'escalade, les liaisons dangereuses, le libertinage à tout crin et parfois à tout prix, la déchéance.
En tout cas, moi, c'est comme ça que je suis tombé dedans. C'est vachement pernicieux, ce machin-là ; j'ai commencé tranquille, par de simples images de fesses, et j'ai fini par tromper ma femme sur des sites spécialisés, avec des filles qui ne demandaient que ça, de vraies folles du cul. Je voulais goûter à tout, connaître toutes les jouissances. On m'a diagnostiqué porno dépendant, hypersexuel compulsif et que sais-je encore... J'ai bien essayé de décrocher, mais j'y suis retourné à chaque fois. Et chaque fois c'était pareil, j'étais trop faible pour repousser la tentation.
Alors me voici, comme un con, achevant ma cure au centre de la dernière chance, « une retraite particulière » comme ils disent, qui doit m'aider à faire le point sur moi-même, à maîtriser mes désirs hypertrophiés, à me libérer de ma libido maladive - le tout pour six mille euros les quatre semaines. Eh oui, quand même ! Sans compter que ça m'a bouffé mes RTT et la moitié de mes congés...
Je le revois encore, le thérapeute de ma femme, Jean-Bernard de Montbrison, cet abruti avec son visage de fouine et ses manières sucrées. Voilà ce qu'il lui avait dit, à ma Nathalie, en lui tenant la main d'un air faussement contrit :
- Je sais, vous n'arrivez plus à faire confiance à votre mari. Il vous a blessé, menti, trahi, n'hésitant pas à sacrifier votre vie de couple au profit de ses pulsions. Avec tout ce qu'il vous a fait subir, c'est normal que vous lui en vouliez, je vous assure !
Mon épouse l'écoutait religieusement, les fesses posées sur le rebord du fauteuil, les yeux perdus dans ceux du toubib. L'autre a poursuivi son show, la voix vibrante, quasiment la larme à l'œil :
- Mais au fond de vous-même, vous n'avez qu'un seul désir : que tout redevienne comme avant. Retrouver en Patrick l'homme que vous avez connu, amoureux et attentionné. Vous souhaitez un miracle sans oser l'espérer, n'est-ce pas ? Eh bien, j'ai une bonne nouvelle, ce miracle est peut-être possible...
Et c'est là qu'il lui avait glissé sa plaquette merdeuse sur le centre « New Life », dans les Pyrénées orientales. Ils se sont penchés sur la brochure, pratiquement joue contre joue, sans se préoccuper de ce que j'en pensais. Il avait passé le bras autour de ses épaules pour la réconforter. C'est qu'il se la jouait paternel, ce con ! Mais moi il ne me trompait pas, avec ces airs de faux cul. Malgré sa barbe grisonnante et son look de médecin de famille, fallait voir les regards qu'il lui lançait à ma femme, ce vieux gnou ! Il aurait bien profité de sa détresse pour lui filer un bon coup de goupillon...
Quelque part, je le comprenais. Nathalie est du genre agréable à regarder, sans compter qu'elle devait bien avoir vingt ans de moins que lui. Une très belle nana, féminine, brune, élancée, avec tout ce qu'il faut pour remplir les mains d'un honnête homme. C'est à se demander ce qui m'était passé par la tête pour en arriver là !
Je ne suis pas qu'une bite sur pattes, j'ai aussi un cœur. Et même des regrets. C'est pour ça que j'ai accepté de tenter l'expérience, le plus honnêtement possible, en dépit de ma méfiance envers ce type. Et aussi pour prouver à ma femme que j'étais en mesure de changer...
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Mon stage chez New Life
Художественная прозаPatrick H. est cadre dans l'informatique. Devenu addict aux rencontres éphémères sur Internet et au sexe en toutes circonstances, il se retrouve au pied du mur... S'il veut garder sa femme, il doit suivre un stage de "désintoxication" au centre NEW...