7 - Quand la réalité nous rattrape...

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Le surlendemain de mon arrivée, j'avais enfin pu téléphoner à Nathalie. Je l'avais trouvée maussade et distante, comme à l'accoutumée. Non que je m'attende à ce qu'elle saute de joie - lorsqu'on vit séparés depuis deux mois, on a perdu ce genre d'illusions - mais j'aurais aimé quelques paroles d'encouragement, un effort même superficiel pour me témoigner un peu d'intérêt.

Après dix minutes de conversation (ou plutôt un long monologue de ma part, où ma femme ne semblait vouloir répondre que par « oui », « non » ou « mmmh » à mes questions et commentaires), j'avais eu droit à une phrase complète de sa part :

- Bon, écoute, Patrick, je te laisse. J'ai du monde à la maison. Allez, bye ! Click...

Pas même un « bisous... », ou à la rigueur un conventionnel mais plus froid « Je t'embrasse ». Non, congédié purement et simplement, avec cet énigmatique « j'ai du monde à la maison ». La garce !

Qui donc pouvait se trouver à la maison à 20 h passées ? Sa mère ? Oui, ça ne pouvait être que ça... Ma belle-mère habitait le quartier - une exigence de Nathalie lorsqu'on avait acheté le pavillon - et passait régulièrement voir sa fille. La vioque ne m'avait jamais vraiment porté dans son cœur (un courtier en assurances, rien à voir avec un avocat ou un médecin !) et n'était pas la dernière à colporter des ragots sur mon compte.

Au lieu de gamberger inutilement, je m'étais accroché à cet accord tacite avec Nathalie : « Tu te soignes pour de bon, et ensuite on voit si on reprend notre vie d'avant... » JE devais faire les efforts, ELLE ne s'engageait à rien. Soit, c'était toujours mieux que de se faire présenter les papiers du divorce.

De toute façon, je savais qu'elle allait me reprendre, même si elle ne voulait pas l'admettre devant moi. Pourquoi me pousser à claquer 6000 euros - dont la moitié lui revenait de droit - si elle avait vraiment eu l'intention de me jeter ? Il lui fallait juste avoir l'assurance que j'allais arrêter mes conneries.

J'ai raccroché le publiphone avec un long soupir. Marianne qui passait à ce moment-là dans le hall m'a demandé si tout allait bien.

- Bah... C'est pas la joie chez moi.

Inutile de préciser, j'avais abordé ma situation matrimoniale le matin même. Ce ravissant bout de blonde a alors serré ma main entre les siennes sans rien ajouter. Ça fait du bien parfois, un simple contact dénué d'arrière-pensées...

- Au fait, tu connais la dernière ? s'est-elle soudain écriée, toute à sa bonne humeur naturelle.

- Ben non...

- Paraît que ce soir on a droit à une séance de cinéma. Et qu'en plus y aurait des séquences « hot »...

- Nooon !

- Si si, je t'assure ! C'est Luc qui me l'a dit.

Marianne m'a fermement tiré à elle :

- Allez viens ! Faut pas louper ça !

Tu m'étonnes... Pour une fois qu'il y avait une bonne nouvelle !

Je lui ai emboîté le pas aussitôt, espérant avoir une place tout près d'elle pendant le film. Sait-on jamais, une salle obscure, un film cochon... J'allais peut-être pouvoir la doigter en toute discrétion !

Mon stage chez New LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant