Le grand mage a commencé par s'adresser à nous, les nouveaux :
- Bienvenue, chers amis qui nous rejoignez pour une retraite que j'espère salutaire. Soyez rassurés, je ne vais pas faire de longs discours, je sais combien ça peut être barbant...
Un frémissement ému a parcouru la foule, assorti de quelques dénégations respectueuses. Pour tout le monde, ce type semblait être au minimum le messie.
- Vous êtes ici pour abandonner vos habitudes destructrices. La cure que vous allez entamer est celle de l'espoir, l'espoir de redonner un sens à votre vie. Une nouvelle vie !
Et les autres déguisés de scander : « New Life ! New Life... » Nous, les nouveaux, on s'est regardés, franchement décontenancés. On était là pour quelques petits problèmes d'addiction, pas pour se faire lobotomiser la tête !
- Mais cela exigera des efforts, ce n'est ni spontané ni facile. Aucun changement en profondeur, en particulier celui-ci, ne peut se faire sans une totale implication de votre part ! Sachez que l'apaisement et la sobriété ne peuvent venir que d'un véritable travail sur vous-même. En tant qu'encadrants, notre rôle se bornera à vous guider sur le chemin qui est le vôtre...
Un peu facile, sur ce coup-là ! Le vieux se dégageait de toutes responsabilités. En gros, pas d'obligation de résultat de la part de New Life.
Perdu dans mes pensées, je n'ai pas écouté la suite de son discours. J'ai soudain vu mes compagnons se diriger vers nos bagages, puis commencer à défaire leurs affaires, là, devant tout le monde.
- J'ai loupé un truc ou quoi ? Qu'est-ce qu'il a dit, le vieux blaireau ?
- Faut se débarrasser de tout ce qui est sexuel, m'a soufflé ma voisine.
- Hein ? C'est quoi, ce binz ?
Pas le temps d'épiloguer. Je n'avais pas encore repéré ma valisette que la petite blonde à côté de moi retirait de son sac un large gode noir. Après l'avoir balancé au milieu de la table, sur un tas déjà conséquent de revues pornos, elle a sorti un tube de lubrifiant, modèle familial, et deux paquets de préservatifs à la fraise. De mon côté, j'ai ajouté à ce monceau d'infamies le supplément trimestriel de « Furax » ainsi qu'une poignée de « Allo Salopes ». Merde ! Avec quoi j'allais me masturber, maintenant ?
Mais c'était pas suffisant... Un déluge de portables s'est soudain déversé sur la toile cirée. Les portables aussi ? Là, j'étais vraiment à poil. J'avais presque envie de chialer.
- Attendez ! Faut que je passe un coup de fil à ma femme ! Je l'ai pas encore prévenue de mon arrivée...
- Tu l'appelleras demain, m'a rassuré Luc, une main apaisante sur mon épaule. Il y a une cabine dans le hall.
C'est sûr que comme ça, ça n'allait pas être facile-facile de se branler au téléphone avec Brigitte ou Laetitia...
- Très bien, a repris le maître de cérémonie. Je vais vous demander de vous dévêtir à présent, afin de passer la tenue qui sera la vôtre tout au long du stage...
Aussi sec, mes compagnons se sont mis à retirer leurs fringues. Quelle bande de couilles molles ! Quant à moi, je suis resté bras croisés, refusant de me laisser faire. S'avisant de mon refus, le gourou s'est avancé vers moi.
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Mon stage chez New Life
Художественная прозаPatrick H. est cadre dans l'informatique. Devenu addict aux rencontres éphémères sur Internet et au sexe en toutes circonstances, il se retrouve au pied du mur... S'il veut garder sa femme, il doit suivre un stage de "désintoxication" au centre NEW...