Le lendemain matin, Gandalf a reporté la psychothérapie de groupe pour nous recevoir dans son bureau l'un après l'autre. Depuis l'irruption du gourou dans la chambre de Marianne, on n'avait pas eu l'occasion de communiquer. On nous avait tenus au secret, comme une bande de criminels empêchés de s'entendre sur une même version des faits.
J'étais dans mes petits souliers. Pire que ça, je faisais carrément dans mon froc ! Cette connerie risquait tout simplement de me coûter ma place dans le stage. Pour moi, c'était la pire catastrophe qui soit, l'anéantissement définitif de mon mariage ! Par la faute de Ludo et Christian, je me retrouvais pris la main dans le sac, piégé comme un rat !
Comment j'allais les soigner, ces deux-là ! Ils allaient ramasser, les enfoirés ! Sauf que je n'ai pas eu le loisir de baver sur leur compte, le grand Maître m'a convoqué en dernier.
J'avais eu près d'une heure pour mettre au point ma stratégie : dire toute la vérité, énoncer les faits bruts, tels qu'ils s'étaient produits. Au courant de rien, innocent comme l'agneau, on m'avait tiré du lit pour une simple partie de cartes (OK, de « strip-poker » - c'est vrai, entre quatre obsédés du cul, y avait toutes les chances que ça dégénère). Une fois la partouze lancée, je n'avais rien pu faire, étant moi-même tétanisé par ce qui se passait autour de moi.
J'étais prêt à tout pour prouver mon envie d'être soigné, jusqu'à me mettre à genoux devant le vieux barbu pour qu'il m'épargne. Tout, pourvu qu'on ne dise rien à Nathalie et qu'on ne me renvoie pas chez moi illico !
Finalement, Luc et Deborah sont venus me chercher. La jeune femme avait l'air désolé pour moi. C'est elle qui m'a annoncé l'exclusion de Marianne et Ludo. Pour Christian, c'était encore en débat. Évidemment, les décisions du Maître étaient applicables dans l'instant, sans possibilité d'appel. J'ai trouvé ça dégueulasse : c'est quand même Christian qui était à l'origine de tout ce gâchis ! Sans ses compétences techniques et sa fixation sur la petite blonde, rien ne serait arrivé !
C'est donc en état de choc que je suis entré dans le bureau de Gandalf, un voile gris devant les yeux. Au moment de m'asseoir, je me suis soudain rendu compte qu'il n'était pas seul. Installé à la droite de Dieu, cette fouine de psychologue me fixait avec autant de sympathie qu'un étron grouillant d'asticots.
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Mon stage chez New Life
Ficción GeneralPatrick H. est cadre dans l'informatique. Devenu addict aux rencontres éphémères sur Internet et au sexe en toutes circonstances, il se retrouve au pied du mur... S'il veut garder sa femme, il doit suivre un stage de "désintoxication" au centre NEW...