4 - Une cure sévère...

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- Eh bien, Patrick, te déshabiller te poserait-il problème ?

J'ai été surpris qu'il connaisse mon prénom. Finalement, Gandalf avait un tout petit peu bossé, il avait fait l'effort de jeter un œil à nos fiches avant son speech...

- J'ai rien contre le fait de me foutre à poil, mais je vois pas en quoi ça cadre avec les objectifs du stage !

- Au contraire, Patrick, c'est très symbolique. En même temps que tes vêtements, tu commences à te dépouiller de tes réflexes vis-à-vis de la nudité d'autrui... Mais si, tu verras, ça s'apprend !

J'ai scruté mes compagnons de misère, cherchant un soutien, une approbation. Rien à espérer de leur côté : ils grelottaient en slip autour de moi, dansant d'un pied sur l'autre en attendant qu'on leur apporte la fameuse livrée du séminariste, la tunique unisexe et les espadrilles en paille compressée.

J'ai alors laissé traîner mes yeux sur Marianne, l'amatrice de sextoys. L'occasion de vérifier qu'elle était bien blonde de partout, avant qu'on ne l'empaquette dans une robe de bure... La jeune femme portait une sorte de cache-sexe arachnéen, guère plus qu'une ficelle autour de la taille. Quand j'ai aperçu son mont de vénus glabre et la conque parfaitement lisse de sa vulve, je n'ai pas pu m'empêcher de triquer. À travers le tissu fantôme, on distinguait même le capuchon proéminent de son clito, orné d'un piercing en forme d'alliance. Un tatouage très suggestif décorait son aine nerveuse, tandis que le bout de ses seins était percé de deux anneaux d'argent. L'image même de la nymphomane dans toute sa splendeur.

Qui était-elle ? Une libertine repentie, une soumise révoltée ? Je n'ai pas eu le temps de m'interroger plus avant. Ça remuait pas mal du côté des futurs diplômés : en un rien de temps, l'un des mecs s'est débarrassé de sa défroque sous laquelle il était nu et en pleine érection. Puis, les yeux fous, il s'est rué vers Marianne, avec l'intention évidente de la pistonner sans autre forme de procès.

Statufiés par cette explosion de violence, nous n'avons même pas pensé à faire un rempart de nos corps à la pauvre blonde, complètement terrifiée. Juste avant que le forcené ne la choppe, deux mecs se sont subitement matérialisés à ses côtés. Musclés, le visage impassible, la coupe en brosse, ils l'ont aussitôt plaqué au sol, avec une clé au bras qui devait faire drôlement mal. La bave aux lèvres, le mec couinait pour qu'on le lâche. J'osais plus regarder, m'attendant d'une seconde à l'autre au claquement sec d'une épaule qui se déboîte ou d'un os qui pète. Sans qu'un seul mot ne soit échangé, ils l'ont relevé et poussé hors de la pièce.

- Bon... Eh bien, passons sans plus attendre à la remise des diplômes, a toussoté Gandalf, visiblement émotionné.

À mon avis, le mec qu'on venait de sortir risquait de ne pas avoir le sien... Ce devait être sévère comme cure, quand même, pour en arriver là !

Finalement, nous avons tous passé l'informe tenue marron du stagiaire - belle couleur de merde ! - avant de nous retrouver autour d'une table dressée pour un apéro sommaire. Sans alcool, s'il vous plait ! Affamé comme je l'étais, je me suis enfilé des tranches de saucisson sec tout en écoutant les conversations autour de moi, trop occupé à mâcher pour participer.

C'est en général là que les gens se lâchent, que les confidences les plus croustillantes se transmettent.

- Vous avez vraiment fait ceinture pendant vingt-huit jours ? a demandé Anne-Sophie, la brune du groupe.

- Ben ouais, lui a répondu une rouquine sur laquelle j'aurais bien craché. C'est un peu le but quand on vient ici, non ?

- Vous verrez, c'est pas si dur que ça, a tempéré un petit gros en vidant son Coca light. La première semaine, c'est la plus difficile. Un cap à passer, comme dans une cure d'amaigrissement... Mais après, qu'est-ce qu'on se sent bien !

- Ouais, t'as raison, s'est marrée la rousse. En tout cas, moi, il a fallu que je me branle tout le long pour supporter.

- On a le droit de se masturber ? s'est étonnée Marianne.

- Faut bien des dérivatifs. Sinon on deviendrait dingues !

- Comme l'autre malade qui a voulu me sauter dessus ?

- Lui, c'est un cas à part. Une expérimentation du ministère de la Justice. Ils cherchent toujours un moyen d'amender les violeurs multirécidivistes...

Merde ! Pourvu que dans mon groupe il n'y ait pas ce genre de tarés !


Mon stage chez New LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant