17 - Traitement (ré)novateur

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- Il y aurait peut-être une nouvelle approche thérapeutique à tenter... Nos collègues russes ont quelques expériences à leur actif dans ce domaine.

Ce type me flanquait la trouille. Mais soudain, il paraissait moins affirmatif quant à l'incurabilité de mon cas. Ce qui pouvait se révéler décisif pour la suite.

- Que veux-tu dire, Yann ? lui a demandé Gandalf, en arquant les sourcils.

- Au lieu de détourner Hibanez du porno, on pourrait tenter de le dégoûter de l'infidélité.

- Tu plaisantes, j'espère. L'infidélité est un comportement complexe, mettant en jeu une forte charge émotionnelle ! Il n'y a pas de déclencheur simple, comme pour la pornographie...

- C'est surtout vrai pour les femmes, Rémy. Pense au « syndrome du chasseur »...

- Heu... C'est quoi le « syndrome du chasseur » ? les ai-je interrompus.

Le psy m'a jeté un regard impatient, comme à un microbe s'inquiétant du traitement qui va l'éradiquer. Puis, martelant chaque mot, il a daigné développer en termes choisis :

- Pour s'engager dans une aventure extraconjugale, les femmes ont généralement besoin d'une raison. D'un homme qui les rassure, qui les fasse se sentir sexy, désirées, jeunes. Les hommes, eux, ont simplement besoin d'une occasion. Pour certains, le simple fait qu'une femme ait l'air d'avoir envie de coucher suffit à déclencher un passage à l'acte. Voilà ce que nous appelons le « syndrome du chasseur », monsieur Hibanez.

C'était assez proche de mes propres théories. Je me suis toutefois abstenu d'approuver, ça aurait pu être contre-productif...

Gandalf a repris la parole :

- Et en pratique, Yann, tu t'y prendrais comment ?

- Il y a très peu d'émotions impliquées dans l'infidélité masculine. Dans le cas de Patrick Hibanez, nous avons un homme qui trompe sans vraiment réfléchir. Ça arrive probablement trop vite pour lui et ça lui semble trop naturel pour qu'il s'abstienne, tout comme un chien qui aboierait quand on sonne à la porte... Et c'est là où un conditionnement approprié peut faire la différence !

Les deux compères ont ergoté dix minutes avant de tomber d'accord sur le principe d'une thérapie et le choix d'un protocole. De mon côté, j'acceptais d'être leur cobaye à condition qu'on ne dise rien à ma femme et qu'on ne rallonge pas la durée de la cure. C'est ce dernier point qui semblait surtout poser problème.

- Il faudra le faire revenir, a protesté Gandalf. On n'a pas les bandes vidéo adéquates...

- En fait, si... Il se trouve que j'ai entamé certains travaux de recherche avec Léonid Papatchenko de l'université de Kiev, sur... Eh bien, sur un conditionnement à la fidélité. Il y a déjà quelques séquences inductives prêtes à servir.

Gandalf paraissait surpris. Comment !? Le gourou n'était pas au courant de ce qui se tramait dans sa propre secte ? C'est le psy qui risquait de passer un sale quart d'heure !

- Je ne l'ai pas encore annoncé au directoire, je voulais t'en parler avant, Rémy. Et puis, il nous manquait des volontaires... Mais nous avons monsieur Hibanez, maintenant, il fera très bien l'affaire. Simplement, il faudra enchaîner les séances à un rythme plus soutenu.

- Heu... soutenu comment ? m'étais-je inquiété.

- Eh bien, considérant le temps qu'il nous reste, le manque de recul pour calculer la dose exacte et sachant que vous êtes un sujet particulièrement rétif... je dirais deux expositions.

- Ha !

- ... par jour.

J'ai eu soudain très mal aux seins !

Mon stage chez New LifeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant