Chapitre 8 : Dégoût

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Nous regardons fixement la grange sans se laisser distraire par les bruits environnants de la nature. Mais dans le coin de mon œil, je peux l'apercevoir me lancer quelques œillades, jubilant presque de mon inquiétude transparente. Son ricanement fend l'air comme pour me déstabiliser face à son assurance.

- Tu crois que je t'ai emmené ici pour te tuer Natacha ?

Sans plus attendre, je tente de le surprendre et de me défaire de son emprise. Je tourne mon poignet dans l'autre sens, ce qui l'oblige à me relâcher. Il lâche un rictus de surprise lorsque j'attrape à mon tour son bras en tentant de lui faire une clé mais ce dernier réagit rapidement et donne un coup à l'arrière de mon genou. Cette action a pour résultat de me faire chuter alors que j'essaye de riposter en frappant dans son entre-jambe. Il évite mon attaque et entoure facilement mes poignets d'une corde pour ensuite me hisser sur son épaule. Son rire rauque accrue ma colère quand je me mets à crier et me débattre sans relâche mais en vain.

- N'essaye pas avec moi, c'est perdu d'avance, dit-il en serrant bien sa prise autour de mes jambes.

- Lâche-moi ! Espèce de con ! m'énervé-je.

Les poings serrés et la panique mêlée à ma hargne, je frappe de toutes mes forces son dos. Il accuse les coups sans broncher et finit par remonter sa main sur ma cuisse pour la tapoter calmement. Son ton des plus mesquins à le don de me provoquer ouvertement et il est loin de savoir de qui il se moque. C'est quand il aura le dos tourné que je me ferais un plaisir de le poignarder dans le dos et de le ridiculiser autant qu'il le fait avec moi.

- Be careful lady.

- Arrête de me dire ça comme si tout ce que tu faisais étaient normal !

- Tu parles trop.

Une fois entré dans le bâtiment, Il me repose au sol. J'entends des gloussements derrière moi quand j'ajuste mon haut. Je finis par me retourner en toisant du regard les trois autres énergumènes qui se tiennent devant moi et aperçois un autre homme assis sur une chaise. Les yeux bandés, les mains attachées, ainsi qu'une corde dans la bouche. Ma gorge commence à se nouer comme si quelque chose était resté bloqué et déglutir devient de plus en plus douloureux. Le visage de Méga se met à jubiler, à croire que ma peur nourrit ses entrailles.

L'envie de le gifler me submerge mais je me retiens. Seule au milieu de cette bande de mafieux, ce serait la pire des idées.

Bien que jusque-là, tout ce qui m'a traversé l'esprit et dont j'ai osé en faire l'expérience pour m'enfuir, a déjà empiré ma situation. Un relent submerge ma bouche quand mon regard s'attarde sur un des mafieux. À son tour il tourne la tête vers moi en se mordillant la lèvre ce qui a le don de faire naître en moi une rage folle qui pourrait m'amener à le tuer. Je passe mon pouce tellement fort sur chacune de mes phalanges qu'elles craquent sans problème en faisant un petit bruit sourd.

Dans le silence pesant, je sens alors la pression des yeux de mon patron se poser sur moi alors que j'essaye de me ruer violemment sur mon violeur. Les bras de Méga m'encerclent la taille afin de me ramener contre lui et ainsi m'empêcher de m'en prendre à son homme de main. Je me retourne brusquement, le visage au bord de la crise de nerf. Si mes yeux étaient des armes, il serait mort en un rien de temps. Je n'arrive pas à croire qu'il m'empêche de répliquer et de défendre mon honneur face à cette pourriture qui jouit de la situation. Cet abruti de service a droit à un traitement de faveur et d'être protégé par le grand chef alors qu'il s'amuse à violer des femmes.

- Méga ! T'es sérieux ?! crié-je.

Il m'attrape violemment la mâchoire en rapprochant son visage du mien. La prise étant ferme, je sens déjà mes nerfs endoloris. Son souffle à quelques centimètres de mes lèvres, je reçois chacun de ses mots comme une terrible insulte.

Destin et Festin - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant