Chapitre 7 : Complot

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Un peu plus d'une semaine s'est écoulée depuis mon kidnapping, contrainte à me comporter comme si tout était normal pourtant le manque subsiste. Ma mère, mon boulot, mon appart et Gabriel. Je n'ai pas grand-chose pour m'occuper en dehors de mon travail. Je suis ramenée et enfermée dans la chambre de monsieur le grand manitou jusqu'à ce qu'il daigne venir se coucher. Je passe mon temps alors à fouiller, effectuer des recherches et réunir des indices pour me mener à ma fuite. Et enfin le piano. C'est tout ce que j'ai pour moi. Une petite bulle dans laquelle me réfugier quand les émotions inondent mes yeux de larmes.

J'ai continué les représentations cette semaine et même si ce n'est pas au goût de la maison, je m'entête à faire ce dont j'ai envie sur scène. D'ailleurs l'homme étrange est revenu deux autres fois me « féliciter » dans ma loge. Il ne m'inspire vraiment pas confiance. Son regard perdu entre mes formes ne m'échappe pas et je sais à quoi dois-je m'attendre.

Je vais devoir redoubler de vigilance, si je ne veux pas qu'il m'arrive à nouveau quelque chose comme Giulia. Une des filles du groupe qui a disparue depuis trois jours. Personne n'a de nouvelle d'elle mais je pense que tout le monde se doute de ce qu'il en est. Cette nouvelle me remonte deux fois plus contre Méga qui agit comme si de rien n'était. À croire qu'il a tellement l'habitude que ça ne le choque même plus. Il pourrait la remplacer comme il le désire. En un claquement de doigt c'est fait : une nouvelle nana kidnappée.

J'essaye malgré tout de m'assoupir en pensant à ma fuite, mon seul et unique objectif. J'ai repéré les différentes issues de secours qui sont les plus proches de la loge. Il faudra juste que je crochète la serrure, là est toute l'imbécilité de la création de ces portes. Pourquoi les considérer comme issue de secours si elles sont constamment fermées à clé pour éviter que l'on s'échappe.

Phase deux, je courrais jusqu'au centre-ville et trouverais un poste de police. Dit comme ça tout semble simple mais pas autant que ça en a l'air. Il y a des gardes postés dans chaque recoin du cabaret, arme à la main. Je devrais en voler une. Au cours de cette semaine j'ai cassé un miroir pour en récupérer les morceaux, ils me seront d'une forte utilité. Malgré tout j'ai peur. Si j'échoue, ce sera la fin pour moi. Châtiment, torture, mort, dans tous les cas je ne réussirais plus jamais à m'enfuir. Le très peu de confiance qu'ils ont en moi sera rompue.

- Tu vas passer une nuit de plus sur ce fauteuil ou tu vas dormir avec moi ? demande Méga de sa voix douce.

J'étais tellement perdue dans mes pensées que je ne l'ai pas entendu arriver. D'un mouvement de tête, je l'aperçois dans le chambranle séparant la chambre et la pièce de séjour. Adossé avec les bras croisés. Il m'inspecte d'un air impassible pour ensuite laisser place à son indéniable sourire en coin. Le corps enseveli sous ma couverture, un air dédaigneux s'affiche sur mon visage en espérant lui faire regretter le jour où il est venu au monde.

- Je ne suis pas ta petite amie. Le jour où je dormirais avec toi, ce sera pour te tuer.

- J'oubliais que tu as un petit ami, c'est vrai. Tu lui manques tellement qu'il n'a pas pris la peine de te signaler disparue, dit-il en baissant la tête, le sourire plus étiré que jamais.

- Quoi ? Non tu mens.

Ma lèvre inférieure suspendue, enfermée dans une crainte que ses dires ne soient vrais. Mon cœur tambourine dans ma poitrine pour seul effet sonore. Je le toise dans l'attente insoutenable de sa réponse. Méga plisse les yeux et penche la tête sur le côté. Prenant ainsi goût à ma peur.

- Pourquoi mentirais-je ? Ce n'est pas mon problème si ton mec est un connard.

- Qui a lancé les recherches ? m'impatienté-je.

Destin et Festin - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant