Destin et Festin - Tome 1

Chapitre 14 : Un plan et une mission

La sensation d'un corps étranger pénétrant sous ma peau me flanque une décharge horrible qui me ranime instantanément. La douleur véhiculée dans mon bras attise mon regard et je fini par souffler d'exaspération en riant. Une simple perfusion m'insupporte mais quand il en va de mon bien je ne réagis plus. Je me sens étrangement bien. Peut-être au point de planer, je ne sais pas. C'est un effet que j'apprécie et qui m'était encore inconnu depuis mon arrivée ici.

Un sourire niais s'étend sur mon visage en voyant mon kidnappeur adossé au mur, les bras croisés et une cigarette non allumée entre les lèvres. Il soupire et s'approche en passant une main sur mon front. Mes yeux basculent et j'aperçois également Madison et Alejandro qui parlent. J'attrape la main de Méga en y pressant ma joue contre.

- T'es venu me sauver ? Tu t'es inquiété chéri ? demandé-je sarcastique.

Il rapproche vivement son visage et je sens déjà la chaleur de son souffle me percuter le bord des lèvres. J'esquisse un sourire dont lui seul à l'habitude d'arborer et fini par glousser. Sa réaction ne se fait pas prier et de premier abord, je dirais qu'il est assez surpris pour ne pas dire en rogne. Je ne sais pas ce qu'il me prend mais tout est bien plus facile à gérer quand mon corps est faible, quelle ironie.

- J'aurais pu me passer de ton petit spectacle que tu as offert à tout le monde, dit-il en crispant la mâchoire.

- Et moi je t'avais dit que je n'étais pas prête à retourner travailler. Assume les conséquences, chéri.

- Tu m'appelleras « chéri » le jour où je te baiserais.

Le silence s'installe et notre échange se fait sérieux alors que Madison et Alejandro sont occupés à je ne sais quoi. Cet instant parait interminable jusqu'à ce que j'explose de rire. Ses sourcils se froncent et je peine à me retenir face à ce qu'il a dit. Les mains plaquées sur le ventre, j'ai des difficultés à me remettre de cette phrase hilarante. Si j'avais su qu'il avait un si bon sens de l'humour, je l'aurais incité à monter sur scène faire des sketchs. Néanmoins il m'attrape le menton mais je le surprends à faire de même avec lui. Une tension indescriptible s'installe alors que mes yeux se noient dans les siens. Un sourire malicieux nait sur ses traits et je fais de même après avoir pris sa cigarette coincée entre ses lèvres. Il abdique en soupirant et se redresse pour tourner les talons.

- Hey ! Donne-moi du feu ! ordonné-je.

Il s'arrête un instant et se retourne brusquement en me toisant du regard.

- Tu ne fumes pas lady.

- Maintenant si, donne-moi ton briquet.

Son soupir embue la pièce en posant presque un poids sur mes poumons. Il penche la tête sur le côté d'un air nonchalant et sourit tendrement. Sans un mot de plus, Méga quitte l'infirmerie me laissant pantoise avec Madison. Alejandro ne tarde pas à le suivre dans ses pas pendant que mon amie et moi échangeons un regard complice. Elle s'approche de moi alors que je m'assieds en tailleur sur ce lit d'hôpital aux draps rêches et peu confortables. Je bois une gorgée d'eau qu'elle me tend et elle s'assied sur le fauteuil d'à côté en triturant une de ses mèches de cheveux blonde au bout de ses doigts.

- Je sais que cela fait un moment que l'on ne s'est pas vu Natacha mais ça ne m'a pas empêché de me renseigner sur ce que tu m'as demandé.

- Ça a donné quelque chose ? demandé-je attentive.

- J'ai réussi à trouver quelqu'un qui serait prêt à m'aider et qui se chargerait de ça. Parce que j'occupe malgré tout une place importante dans le milieu et je crains d'être surveillée.