Destin et Festin - Tome 1

Chapitre 39 : Espoir

Une boule logée dans le fond de ma gorge, la mâchoire crispée et des perles salées aux bords des yeux, je ne parviens guère à décrocher le regard de mon reflet. Je réussi à inspirer profondément et lorsque j'expire, une larme s'échoue le long de ma joue. Un mois que je suis ici. Un mois que je m'entraine auprès de Francesco et que je n'ai guère revu Méga. C'est le souffle court que je détaille mon corps face au reflet dans le miroir. Les cicatrices font parties intégrantes de mon passé, de mon présent comme de mon futur. Elles me rappellent à quel point les choses ont toujours été réelles et à quel point je ne pourrais jamais m'en débarrasser. Tous ces combats ont chacun laissés une trace sur ma peau. Et lorsque je les regarde, je pense à la personne qui est à l'origine de tout ceci. Celle à qui j'ai osé offrir une part de mon être et qui s'est enfuit avec mon cœur sans jamais éprouver le moindre remord. Un soupir m'échappe et envahit la pièce comme s'il était capable d'extraire toute ma souffrance.

Je finis par attraper ma culotte et mon soutien afin de les enfiler. Les idées tournoient dans ma tête sans jamais trouver refuge et tel est donc mon lourd fardeau. Les tensions se sont apaisées avec Sofia, j'ai réussi à lui reparler depuis même si j'ai encore beaucoup de difficulté à digérer sa trahison. Beaucoup de personne se sont joués de moi et malgré que j'aie besoin de Francesco pour rentrer chez moi, il est certain que ma confiance ne sera plus jamais accordée naïvement. Je suis fatiguée par tous ces entrainements mais chaque jour qui passe est comme un pas de plus vers ma revange. Ce soir Francesco a prévu de nous emmener dans une boite de nuit. Il a besoin de voir quelqu'un pour avoir un laissé passer dans une réception que La Patte organise dans les semaines à venir. Leur réseau est vaste mais tellement corrompu que je me demande comment cela va passer inaperçu. Soudain, le grincement de la porte me fait sursauter et lorsque je me retourne, j'aperçois Sofia.

- Excuse-moi, je t'ai fait peur ? demande-t-elle.

- Un rien. Ça aurait pu être Francesco alors que je suis à moitié à poils, réponds-je en levant les yeux au ciel.

- Heureusement que ce n'est que moi alors.

Un petit rictus lui étire les lèvres pendant qu'elle se dirige vers la baignoire afin de s'assoir sur le rebord. Une mini-jupe vert émeraude lui scie les courbes de ses hanches tandis qu'un haut rouge en satin fait contraste avec sa couleur complémentaire. Je la toise du regard ouvertement avant d'attraper la robe noire en satin que je compte porter.

- Serait-ce un crime de dire que tu es cruellement sexy ? dis-je un sourire en coin.

- Peut-être bien. Je vais devenir timide si tout le monde réagit comme toi en me voyant, rie-t-elle.

- Moi j'en profiterais à ta place.

Nous gloussons à l'unisson tandis que j'enfile ma tenue et referme les lanières de mes talons compensés. Je prends soin d'attacher mes cheveux en une queue de cheval lorsque Sofia s'approche du miroir et attrape un rouge à lèvre.

- Plus sérieusement... Tu as les yeux rouges. Tu as pleuré ? demande-t-elle.

- Je n'ai pas très envie de parler de ça.

- Cela fait des semaines que tu n'as pas envie d'en parler.

- Alors ça fera des semaines supplémentaires au compteur.

Un soupir lui échappe alors qu'elle ne cesse de me regarder comme si j'étais une énigme à elle seule. J'attrape le holster posé sur le meuble et l'enfile sur ma cuisse sous la robe. J'y ajoute un flingue de poche en songeant à cette soirée où j'ai la simple envie de me vider l'esprit. Quitter ce destin funeste le temps d'un soir. Il est évident que nous devrons rester non loin de Francesco mais pour ce soir, aucune mission n'est prévue. Si ce n'est de l'accompagner sagement à son rendez-vous.