Chapitre 26 : Double Serpent

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Je descends les marches d'une lenteur incroyable par peur de le croiser. Je dois avouer que m'être réveillée seule ce matin m'a plus que facilité la tâche. La soirée d'hier était particulièrement exaltante et je ne saisis pas comment devrais-je me comporter avec lui. Je ressasse à outrance les flashs de nos péchés et déglutis lourdement chaque fois que j'y songe. J'hausse les sourcils en papillonnant des yeux afin de me recentrer sur l'essentiel de ma mission : m'enfuir. D'un côté, je devrais être rassurée et de l'autre absolument pas. Méga s'apprête à épouser madame pouffe mais entre-temps il tombe sous mon charme. Peut-on appeler ça tomber sous mon charme ? Je me fais probablement des conclusions hâtives, néanmoins on ne peut pas nier que son comportement reste équivoque. Un soupir m'échappe avant de passer les mains sur mon visage. Rapidement j'atteins le hall où Alejandro attend patiemment en pianotant sur son téléphone. Il ne semble pas s'apercevoir de ma présence et j'en profite pour le détailler de la tête au pied en tirant une moue particulièrement excédée. Lorsqu'il redresse la tête vers moi, il hausse les sourcils et m'embrasse la joue.

- Mademoiselle a l'air particulièrement ronchonne, je me trompe ?

- Quelle perspicacité ! Vous avez tous un téléphone ici et de quoi vous occuper quand vous vous emmerdez, réponds-je, exaspérée.

- Merci ça va très bien aussi, dit-il sur un ton humoristique.

Il suffit que je fronce le regard avec un air qui en dit long sur ce que je pense avant qu'il se racle la gorge. J'avoue, je ne suis pas d'humeur à plaisanter. La question ne devrait guère se poser, j'ai toutes les raisons valables du monde pour être en rogne. Mais celle-ci en l'occurrence me tient particulièrement à cœur car je n'ai aucune occupation à part le piano. Il y a de quoi perdre les pédales quand on sait que je n'ai plus regardé de film depuis des mois ni même discuté sur les réseaux avec mes amis. En plus d'être ici depuis autant de temps sans avoir accès au monde extérieur.

Néanmoins mes sautes d'humeurs subites ne sont pas surprenantes quand on sait que je suis indisposée.

- Je voulais dire... Oh quel dommage ! Tu en voudrais un ? reprend-il.

- Pour tuer le temps quand ça m'arrange, oui.

- Pas de problème, je t'en trouverais un.

Je le regarde surprise. Il ne semble pas plaisanter et se met à rire en voyant mon air déconcerté. S'il n'y avait qu'à demander, pourquoi ne l'ai-je pas fait plus tôt ? Je me doute que je n'aurais pas toutes les libertés que j'avais avec mon ancien téléphone mais ce sera toujours mieux que rien au moins. J'aurais la chance de tuer mes soirées sur une bonne série comme Desperate Housewives. Ma vie me paraitra moins morne à côté.

- Mais sérieusement ? C'est vrai ? m'assuré-je.

- Bien sûr. Bon, ce sera un téléphone de la boite donc tu seras surveillée et limitée sur les appels et messages mais tu pourras au moins « tuer le temps ».

- Merci, c'est gentil Alejandro, sourié-je.

Il me sourit en ébouriffant ma crinière et je plisse les yeux automatiquement. Son rictus se fait entendre et je finis par y répondre moi aussi.

- Il faudra au moins que tu m'ajoutes sur Instagram si tu veux l'avoir, ajoute-t-il.

- J'aurais le droit d'aller sur mes comptes ? m'étonné-je.

- Oui mais Méga se chargera de les rendre privé. Et tu ne pourras pas contacter qui tu voudras.

- Le contraire m'aurait étonné.

Destin et Festin - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant