Chapitre 40 : Retour

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J'ouvre les yeux soudainement, surprise par la douceur de sa voix alors qu'un nœud commence à se former au creux de mon ventre. Mon cœur me dicte plus que jamais que c'est bien lui. Que ça ne peut pas être quelqu'un d'autre.

- Angel ?!

Un frisson me parcoure l'échine, comme si mon corps venait de réaliser ce qui est en train de se produire. J'émerge de mon état d'ivresse tandis que je me retourne. Ses mains m'avaient déjà quitté alors que son corps s'évapore comme s'il n'avait jamais été là. Néanmoins, j'aperçois un grand homme d'une chevelure sombre comme l'ébène se faufiler à travers la foule. La tension monte en moi rapidement semblable à une course que je m'apprête à entamer. Bien qu'il y ait de la musique à m'en briser les tympans. Des gens qui dansent et se bousculent. Une chaleur si intense que je parviens à sentir des gouttelettes ruisseler le long de ma nuque, je ne vois que lui. J'ai besoin de savoir à tout prix et d'en avoir le cœur net. Je me mets en chasse et me fraie un chemin à travers toute cette cohue. Derrière moi j'entends faiblement la voix de Sofia m'appeler mais je continue de m'en éloigner.

Mon cœur bat si fort que j'en ressens chaque secousse dans mes oreilles tandis que j'aperçois cet inconnu sortir par une porte. Je finis par réussir à m'extraire de la foule et à sortir également. Les yeux écarquillés comme s'ils avaient été pétrifiés sur place, je respire lourdement à tout rompre. Néanmoins lorsque j'arrive dans cette ruelle, il n'y a personne. Il semble s'être volatilisé. Je regarde de droite à gauche et essaye de me remémorer ce qu'il vient de se passer mais je suis persuadée que je ne l'ai pas rêvé. Et l'alcool n'y est pour rien. La fraicheur du soir me fait hérisser du duvet tandis que je me laisse aller contre le mur en soupirant. Ma lèvre inférieure tremble pendant que la pression redescend peu à peu, ne laissant que le goût amer de la déception.

La porte s'ouvre dans un fracas alors qu'un homme tombe et roule sur quelques mètres. Un autre homme sort et je reconnais très vite Francesco. Ils ne m'ont guère remarqué tandis que le chef se met à lui hurler dessus des mots incompréhensibles. Il parle si vite que je ne sais guère de quoi il s'agit. Le bourreau ne s'arrête pas là et lui donne des coups de pied à répétition dans le ventre. Paralysée par le choc, je le fixe sans rien dire. Un nerf tressaute au niveau de mon sourcil pendant que Francesco sort une dague de son fourreau. Très rapidement, il tranche la gorge de l'homme qui n'a à peine eu le temps de réagir. Un relent remonte le long de ma gorge jusqu'à ce qu'un bruit étouffé se manifeste dans ma bouche. Laissant ainsi un goût acide sur son passage.

Le bourreau se retourne au même moment, visiblement surpris de me voir. Il sourit de toutes ses dents une fois la surprise passée. D'un revers du couteau, il lèche le sang qui dégouline le long de sa dague. Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils à cette vision sordide. Je tourne la tête automatiquement et évite de croiser son regard, tant la gêne grandit en moi. Il s'approche de moi lentement sans jamais délaisser son regard espiègle.

- Je suis surpris de te voir ici my sweetheart. Je te cherchais justement, dit-il d'un ton joueur.

- J'étais venue prendre l'air, menté-je.

- Sofia m'a dit que tu avais suivit un homme. Ce n'était pas celui-là apparemment.

Je me fige sur ces mots et déglutis lentement. Il savait. Il m'avait probablement vu avec l'inconnu. Mais visiblement lui comme moi ne savons pas qui était-ce réellement. Il parait n'éprouver aucun remord pour la vie qu'il vient d'enlever impunément. Comme si elle ne valait rien.

- Apparemment... affirmé-je.

- Mais le principal c'est que tu sois là, mademoiselle Natacha.

Francesco se tient devant moi, lorsque je décide de plonger mon regard dans le sien, j'ai l'impression d'avoir un animal sous les yeux. Ses yeux noisette sont perçants, presque comme en plein jour. Ses cheveux ondulés rebiquent, indisciplinés par la chaleur et la sueur de l'intérieur du bâtiment. Ses lèvres étirées finement sont parsemées de quelques gouttes de sang. Durant un instant qui parait durer une éternité, j'observe ses lèvres. Tandis que je ne parviens guère à concevoir sa façon d'agir et sa manière de prendre plaisir au sang qui coule. Mon insistance ne lui échappe point car un rictus lui fend le visage pendant qu'il continue de s'approcher. Son torse finit par frôler ma poitrine alors que mon dos s'est entièrement collé au mur.

Destin et Festin - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant