Nosce te ipsum : connais-toi toi-même

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         Souvent, les gens croient me connaitre. Pourtant je ne leur dit pas tout et ils ne sont pas dans mes pensées. Ceux qui sont constamment avec moi peuvent repérer des tics. Mais ils ne peuvent pas être sûr de savoir à 100% qui je suis. Déjà parce que personne ne connait toute mon histoire, même pas moi puisque mon propre cerveau a décidé de ne pas garder certains souvenirs, beaucoup, qui ne seraient pas supportables pour mon subconscient. Pourquoi quand on veut se souvenir, on n'y parvient pas et quand on ne veut pas, on ne peut pas s'en empêcher ? C'est une question qui me taraude réellement. Je ne me connais pas moi-même à 100% et c'est une vraie torture. Comment des personnes qui ne vivent même pas avec moi peuvent penser qu'elles me connaissent ? Moi-même, je ne peux pas dire que je me connais. Et je ne vais pas leur dire que je les connais à la perfection. Parce que ce serait un gros mensonge.

        Je n'aime pas mentir. Oui, c'est plutôt évident quand on parle souvent avec moi, même s'il faudrait encore qu'on me parle. J'essaie de rester franche et honnête quand je parle mais je ne dis pas tout. Parfois, pour ne pas blesser les personnes qui m'entourent, je choisis la voix du silence. On dit bien que le silence est d'or et la parole est d'argent. Je pense que c'est vrai. Parfois, il vaut mieux se taire. Pour ne pas avoir de conflits, il vaut mieux garder certaines choses pour soi. Même si parfois c'est difficile, je ne veux pas m'énerver. Or, si je dis certaines choses, cela peut énerver. Les autres et moi-même. Parfois, ça ne plait pas et même si ce serait nécessaire de dire les choses, je pense aux conséquences et je renonce. Je ne peux pas dire des choses à des personnes qui ne veulent rien entendre. Cela ne fera que me faire souffrir davantage. Pour rien en plus. Oui, j'aimerais bien que parfois on m'écoute. Je ne dis pas que des bêtises. Mes conseils pourraient être utiles. Mais on préfère faire confiance à des personnes qui s'en fichent. Je ne viserai personne car je ne veux pas de problème. Mais c'est évident que parfois, il faut faire des choix. Et j'aimerais que ce soit le bon. Au moins pour que j'arrête de m'inquiéter alors que la personne pour qui je m'inquiète s'en fiche complètement. Parfois, je me demande pourquoi je souffre autant alors qu'il suffirait que je sois un peu plus égoïste. Et centrée sur moi-même aussi. Mais non. Je dois toujours me compliquer la vie. M'attacher à des personnes qui ne s'en rendent pas compte ou qui ne me considère pas comme une amie. Mon petit cœur se fissure et se répare beaucoup trop pour ma santé mentale.

          Oui, pourquoi je rends tout si difficile ? Si seulement j'arrivais à ne pas me soucier des autres... Mais on dirait que le mot « insouciance » ne fait pas partie de mon vocabulaire. Toujours à m'inquiéter. Parfois, j'ai raison de m'inquiéter mais j'aimerais ne plus le faire. Je me dis qu'ils sont grands. Assez pour prendre soin tout seuls d'eux-mêmes. Mais les évènements me donnent raison. J'ai l'impression d'être la plus âgée alors que c'est souvent le contraire. Pourquoi j'ai conscience de certaines choses alors qu'ils ne le sont pas ? Pourquoi j'ai l'impression d'être vieille ? Toujours et encore des doutes. Ils ne me laisseront jamais tranquille. Mais en même temps, tant que je ne serais pas apaisée, ils seront là à observer le moment propice pour me donner le coup de grâce. Ils n'y sont jamais arrivés pour le moment même s'il y a eu des moments où j'ai failli rester pour toujours au fond du gouffre ténébreux. Mais j'ai revu la lumière. Cette lumière de plus en plus lumineuse grâce à cette joie que je ressens de plus en plus souvent risque de s'éteindre à cause du vent déclenché par les doutes et les peurs. Et l'inquiétude. C'est sûr que si je me concentrais seulement sur mes problèmes, j'arriverai à y faire face. Mais il a fallu que mon cœur soit sensible à la douleur et aux besoins des autres. Ces mêmes autres qui me rejettent alors que j'essaie de les aider et acceptent des personnes qui les coulent dans l'océan de leurs passés. J'aimerais être une bouée mais on ne veut pas de moi. On m'a déjà dit qu'on n'avait pas besoin de moi alors que je pourrais les aider si seulement on me laissait faire. Tout ce que je veux, c'est leur bonheur. Mais ils n'ont pas l'air de le comprendre.

          Et moi dans tout ça ? Je suis la bonne poire. En essayant de les aider, je coule avec eux. Ils sont bien trop heureux de me faire souffrir pour constater qu'il y a pire qu'eux. Mais quand on a le malheur de leur dire que dans le monde, il y a des personnes qui souffrent bien plus encore, c'est fini. Rejetée. Comme un déchet. De toute façon, on n'a pas besoin de moi. Mais moi, j'ai besoin d'eux. Besoin de me sentir utile parfois. Besoin d'aider ceux que j'apprécie. Mais jamais on n'accepte. Et ce besoin d'aider n'est jamais rassasié. Mon cœur se tourne encore et toujours vers les autres en essayant de prendre leurs souffrances pour qu'ils soient soulagés un instant. Ils savent au fond que ça serait bien de se reposer un instant sur quelqu'un de confiance avant de retourner dans la tempête. Parfois, moi aussi j'ai besoin de cette épaule de soutien qui t'aide sans te juger. Mais la mienne n'est jamais acceptée. Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai qui repousse les gens ? Une apparence repoussante ? Une jalousie dévorante ? Je n'en sais rien. Et ça me ronge. J'aimerais qu'on m'écoute comme moi j'écoute.

          Souvent, j'écoute sans interrompre. Je les laisse vider leur sac. Rabâcher leurs problèmes alors que j'ai envie d'hurler que moi aussi j'en ai. Mais je suis attentive. Parce que je sais qu'ils ont besoin d'être écoutés. C'est bien le seul point commun que nous avons tous. Le besoin d'être écouté. Et le besoin de parler. Le besoin d'écouter est beaucoup moins présents chez certains mais j'aimerais croire que tout le monde veut écouter les autres. Mais c'est une utopie. J'aimerais beaucoup de choses. Mais je sais très bien que ce n'est pas la réalité. Oui, si on m'écoutait, je leur dirais que je vivrais dans le monde des Bisounours. Pas de souffrance et que du bonheur. Que je referais le monde pour que personne ne soit rejeté ou se sente rejeté. Oui, si on m'écoutait, on verrait peut-être que c'est possible que je sois intéressante. Que mes yeux pétilleront parce que j'aurais de l'attention et qu'on m'écoutera enfin. Mais c'est sûrement trop demander. Je rêve trop et je comprends qu'on ne m'apprécie pas puisque même moi j'en suis incapable. Parfois, je crois que c'est possible. J'y crois tellement que quand je redescends sur Terre, je me prends une méchante gamelle. Et je me fais mal. Je suis la seule fautive là-dedans. Ça au moins, j'en ai conscience. C'est juste ma personnalité qui me rend malheureuse. Oui, parfois, j'aimerais être une autre personne. Mais je suis moi. Et je dois faire avec.  

Un jour, peut-être, je serais heureuse...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant