Je suis prise d'une frénésie incroyable et surtout incompréhensible. Je suis à la fois en train de tout faire en même temps et à la fois en train de ne rien faire. Cela me fait bizarre, cette sensation est vraiment étrange. J'ai comme l'impression que même si je m'évertue à faire le plus d'efforts possible, je ne pourrais rien changer. J'essaie. Mais de toute évidence, ça ne suffit pas. C'est comme si le destin s'acharnait sur moi. Pourquoi? Pourquoi malgré mes efforts incessants je n'y arrive pas? Je n'abandonne pas mais parfois je suis exaspérée. Je n'en peux plus.
Et après, on vient me dire de me reposer. Mais je le fais déjà, lorsque j'en ai besoin. C'est vrai que je le fais aussi lorsque je peux. Et avec ma vie, lorsque je peux, c'est pas souvent.
Toujours pleins de choses à faire, je n'en vois pas la fin. Toujours des obligations et des attentes. Mais je suis encore jeune ! Je veux juste profiter de la vie. Mais non. Quand je le veux, on me dit que je dois me concentrer sur mes études. Laissez moi vivre. Faites moi confiance ! C'est ce que j'aimerais leur hurler, à tous. J'ai l'impression d'être incomprise. Mais en même temps, comment être comprise quand moi-même je ne me comprends pas? La vie et surtout la mienne est une parfaite obscurité.
Comment décider quand je ne sais pas ce que je veux faire plus tard? Savoir ce que j'aime ne suffit pas. Mais décidément, je dois prendre des décisions qui auront des répercussions sur toute ma vie alors que de toute évidence, je n'ai pas encore assez d'expérience et de maturité pour savoir ce que je veux être.
C'est trop tôt. Trop d'attentes et si peu de certitudes. C'est étouffant. J'ai l'impression d'être dans un carcan. Dans une cage, un moule. Je ne peux pas être autre chose que ce que je suis maintenant pour les personnes qui m'entourent. Mais j'ai déjà commencé à changer. On n'est que changement, plus ou moins rapide. Le changement qui intervient lorsqu'on devient de plus en plus adulte mais qu'on ne l'est pas encore suffisamment mentalement.
Des responsabilités. Trop. J'ai l'impression que tout repose sur mes épaules et que je n'ai pas le droit à l'erreur. L'impression que je dois être la meilleure possible pour satisfaire. On m'a dit que je devais faire les choses pour moi. Certes. Mais je n'ai pas choisi d'être ici. Je n'ai pas choisi de subir ma vie.
J'essaie. Toujours. Mais même quand j'ai l'impression que j'ai mis toutes les chances de mon côté, il y a quelque chose qui cloche. Je sais que ce n'est pas de ma faute. Je sais que quand on fait des choses en société, il faut compter avec les comportements d'autrui et que ceux-ci peuvent contrecarrer tous les plans, toutes les espérances. Je l'ai appris à mes dépends. Je suis frustrée. Je donne tout ce que j'ai, je fais tout pour m'améliorer toujours plus et mes projets tombent à l'eau à cause d'autrui. Si c'était de ma faute, je ne me plaindrais pas. Après tout, ce serait de ma faute. Mais c'est horrible de voir que le destin peut m'empêcher d'évoluer.
J'ai l'impression que le destin s'acharne sur moi. Comme si je n'avais pas le droit d'avoir une bonne vie. Comme si je ne pouvais pas m'en sortir. J'ai envie de leur dire à tous et aussi à rien en même temps : "Pourquoi? Pourquoi moi? Ne pensez-vous pas que je suis déjà entrée dans une vie où je n'ai pas de chance, où les malheurs sont omniprésents?"
Certes, mon passé, bien qu'il soit compliqué, est aussi en un sens ce qui fait de moi celle que je suis. Je me suis développée par rapport à ce que j'ai vécu. C'est peut-être ce qui fait de moi une personne si introvertie qui ne parvient pas à s'exprimer autrement que par l'écriture. Tout ça, je ne parviens pas à le dire à des personnes réelles. J'ai une psy mais je ne lui parle pas de ma terreur face à l'avenir et au plancher gluant qui semble me retenir. Je veux juste qu'on me laisse m'envoler où je veux aller, même si je ne sais pas où, je veux savoir que c'est possible. Que rien ne m'en empêchera.
Je veux être libre. Oui. Libre. Pourtant, la liberté totale me fait peur. Je sais bien que contrairement à beaucoup, je n'ai pas de garde-fous. Si je tombe, personne ne sera là pour me rattraper ou me rassurer. Je dois être une femme indépendante. Non pas parce que je le veux. Mais parce que je n'ai pas le choix.
C'est contradictoire. Je sais. C'est bien pour cela qu'au fond je ne sais pas ce que je veux. A part avoir une vie meilleure. Mais n'est-ce pas le désir de tous? Au fond, on désire tous toujours plus. Rares sont les personnes qui sont capables de rester concentrées dans le présent sans s'inquiéter aucunement de l'avenir.
Moi je m'inquiète. Et au fond, j'assume. C'est normal. Je suis face à un bouleversement dans ma vie. Celui où je ne pourrais compter que sur moi et moi seule. J'ai mes amies. Evidemment. Mais ce n'est pas d'un soutien amical dont j'ai besoin. C'est un soutien qui me permettrait de ne pas sombrer dans la tristesse et le désespoir. Qui pourrait me donner des solutions quand rien n'irait.
Mes pensées, comme toujours, sont virevoltantes. Elles disent tout et son contraire.
Je crois que j'ai vraiment des tendances de dépression qui reviennent régulièrement. Parfois, je me demande si je ne suis pas bipolaire. Après tout, l'instant d'avant, je suis heureuse, je rigole, souvent avec mes amies. Et l'instant d'après, je pense à quelque chose qui m'attriste. Ce que je trouve encore plus triste, c'est que c'est souvent à propos de ma famille. Je n'ose pas leur dire. Je ne veux pas les blesser. Mais souvent, ils me disent des choses qui me blessent. Je n'ai pas beaucoup de confiance en moi alors lorsque mon propre frère m'a dit "Tu es trop masculine pour être considérée comme une femme" ou encore que je suis moche et que j'ai un grand front, ça me blesse. Je ne me trouve pas belle. Comme de nombreuses personnes. Mais j'ai besoin qu'eux au moins, même s'ils ne me trouvent pas belle, au moins, qu'ils ne me disent rien. Que je ne le saches pas. Je commence seulement à me regarder avec un regard moins dur envers moi. Mais cela, ça me blesse énormément.
Je suis blessée uniquement par les personnes que j'aime. Tout simplement parce que j'accorde beaucoup d'importance à ce que disent ces personnes. Elles sont tout pour moi. Je les aime. L'ampleur de mon amour me fait peur parfois. Surtout quand je n'arrive pas à leur dire des choses par peur de les blesser ou par peur qu'ils ne veuillent plus de moi. Je crois qu'au fond je suis très égoïste. Je veux qu'ils m'aiment autant que moi je les aime. Mais comment le savoir? On ne se parle pas. La communication est inexistante entre nous. Et même quand j'essaie de parler, même pour dire des choses sans intérêts, je me dis que c'est le commencement et que c'est toujours mieux que rien, j'ai l'impression que je dérange.
Ils me disent qu'ils veulent plus me voir mais quand je suis là, ils ne s'occupent absolument pas de moi, que je sois là ou pas, ils se comportent toujours de la même façon. Mon père, toujours sur son téléphone, à jouer, à être en appel, à être en live. mes frères, soit à jouer, soit à dormir, soit à regarder des vidéos dans leurs chambres ou même à ne pas être là du tout. Quand je vais chez eux, je m'ennuie. Je suis sur mon téléphone parce que je n'ai rien d'autres à faire. Discuter est impossible et quand mon père est en live, je dois même me faire la plus discrète possible.
Parfois, quand j'envoie des messages, la réponse vient beaucoup plus tard alors qu'ils ont toujours leurs téléphones sur eux. Comment est-ce possible? Il ne faut pas s'étonner que je sois malheureuse quand j'y vais et qu'ils font comme si je n'étais pas là. Ma seule chance de discuter, même un tout petit peu à lieu lorsqu'on va aux courses. Autant dire que c'est peu.
Ils ne font pas attention à moi. Ils fument tous. Cela me rend aussi malheureuse, j'ai assisté à la dégradation de l'état de santé de mon père, j'ai peur pour lui. J'ai peur de le perdre. Il m'a même dit qu'il essayait de régler sa dette et qu'il met de côté pour une assurance décès. Comment peut-il dire ça à sa fille? J'ai toujours su que je le perdrais un jour, notamment parce que je n'ai pas de mère. Mais je ne suis pas prête. Le serais je jamais? C'est mon père et je ne veux pas le perdre. Mais ils fument. Tous. Sauf moi. Je ne fume pas. Mais eux, ils fument dans l'appartement, fenêtres fermées. Quand j'entre dans l'appartement, j'ai l'impression de m'asphyxier à cause de la fumée et même quand on va aux courses et qu'on est dehors, ils ne se décalent pas, je me prends toute la fumée. A ça, pour une fumeuse passive ! Je ne serais pas vraiment étonnée si je chopais un cancer des poumons. Ni s'ils en chopaient un. Je ne le veux pas. Mais ça ne m'étonnerais pas. Ils ne prennent pas soin d'eux. Ca m'attriste, ça me frustre aussi.
Et après on s'étonne que je ne sois pas très heureuse. J'ai quand même pas mal de moments de bonheur. Mais il y a toujours un moment où ça se finit parce que ma famille et toute sa complexité revient. Je ne sais pas quoi faire quand je suis avec eux. Je ne sais pas non plus ce que font d'ordinaire les frères et les pères. En fait je ne sais rien. Je suis ignorante.
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Un jour, peut-être, je serais heureuse...
Short StoryIl y a une dimension autobiographique mais pas d'événements très précis qui pourraient me faire reconnaitre. Ce sont toutefois mes mots, très sincères, et je demande qu'il n'y ait pas de plagiat. Merci d'avance et bonne lecture !!