J'ai en moi une détresse
Une incompréhension
Un désespoir sans nom
Mes émotions se mélangent, trop complexes pour être dites de la bonne façon. Je ne comprends pas. Tout ça pour quoi? Une immaturité qui blesse. Une tristesse envahissante dès que j'ai l'impression que je vais être abandonnée.
Pourquoi suis-je si sensible? Après tout, si elle s'en va sans même une explication, ça veut dire qu'elle n'est pas vraiment une amie. Si elle m'évite sans même m'expliquer pourquoi. Cela veut-il dire que je ne lui conviens pas ? Que je ne suis pas assez bien pour elle? Que même si je souffre, ce n'est pas grave car de toute façon, je ne suis rien. Rien pour elle?
Suis-je vraiment si inutile?
Les mots se mélangent dans ma tête, je n'y comprends plus rien. C'est comme si je regardais un film muet. Les mots ne servent à rien, ils ne peuvent pas dire ce qu'on veut vraiment dire. On ne peut pas se comprendre car on est tous muets ou sourds et on ne parle pas la langue des signes. On est incapable de se dire les choses, d'arranger ce qui ne va pas pour recommencer encore.
C'est toujours comme ça. La peur d'être rejetée. Donc je n'ose pas lui demander si elle a quelque chose contre moi. Si j'ai mal fait quelque chose.
Pourquoi ce serait à moi d'avoir fait quelque chose de mal? J'ai tellement peur de perdre les personnes que j'aime que je marche sur des œufs avec eux. Tellement peur de leur faire du mal. Comme si j'en étais capable.
On me dit que je suis parfaite. Mais j'ai envie de leur hurler que non. Sinon on ne m'abandonnerais pas. Sinon je ne souffrirais pas autant. Je ne serais pas si sensible. Au point que ça me fait mal, presque physiquement. Comme si on m'avait frappé.
Je crois que je préférerais être frappée. Une blessure physique guérit vite. Pas une blessure mentale.
Tout ce que j'ai dans la tête, je l'ai depuis longtemps.
Pas beaucoup de choses positives. Au point que lorsqu'on me fait un compliment, je suis gênée. Je ne les crois pas. Je ne peux pas les croire. Pas après tout ce qu'on m'a dit.
J'ai en moi une colère que je ne peux pas contrôler. Elle me bouffe, me pourrit de l'intérieur. Mais jamais elle ne ressort. J'ai bien trop peur de faire du mal aux autres pour la laisser sortir.
Alors je me déteste.
D'être comme je suis.
Et parfois, je ne voudrais pas changer. S'ils ne peuvent pas m'aimer comme je suis, ça sert à quoi d'être auprès d'eux? Même avec toute ma volonté, je ne pourrais pas me changer.
Ce ne serait qu'un masque. Pas moi. Un miroir de ce que veulent les autres. Une ombre de moi-même. Insupportable. Comment pourrais je faire pour qu'on m'accepte telle que je suis. Sans m'idéaliser. Sans me prendre pour pire que celle que je suis. Comment leur raconter qui je suis s'ils ne m'écoutent pas quand ça sort? Parfois, ils me le demandent. Mais ce n'est pas le moment alors je n'y arrive pas. Et quand j'en ai besoin, personne pour recueillir les morceaux de mon cœur que j'ai brisé moi-même.
Je sais bien que je suis sensible. Alors pourquoi je m'attache aux gens alors que je sais que je vais souffrir? Pourquoi je me fais subir ça? Je déteste avoir mal pourtant.
Je ne me comprends pas moi-même. Alors comment les autres pourraient ils me comprendre? Si je ne leur dis rien? Ce n'est pas que je ne veux pas. Je n'y arrive pas. Parfois je tente. Mais ils me coupent et me parlent de leurs problèmes que je connais déjà parce que je les écoute. J'ai l'impression qu'on ne m'écoute pas, que je ne suis là que pour les consoler eux. Et pas moi. Je suis une infirmière incapable de se soigner elle-même.
C'est vrai, je suis contente quand j'aide les autres à aller mieux. Mais ils pensent que tout va toujours bien chez moi. Mais comment c'est possible. Une personne qui irait tout le temps bien n'existe pas. C'est juste qu'ils ne veulent pas le voir. S'ils le voyaient, ils devraient faire l'effort de consoler. Mais ils ne veulent pas. Pourtant, ce n'est pas beaucoup d'efforts de simplement prendre dans ses bras ceux qui en ont besoin.
Les mots ne peuvent pas consoler. Je le sais bien. Mais même un simple câlin peut faire beaucoup de bien. Ca nous prouve qu'on n'est pas rien aux yeux de cette personne. Qu'on a le droit d'aller mal et de le montrer. Mais qu'on a aussi le droit de vivre, d'être là, avec les autres. Qu'on a le droit d'être heureux quand ça ira mieux.
J'aimerais qu'on me prenne dans ses bras. Et qu'on me dise que je suis importante...
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Un jour, peut-être, je serais heureuse...
Short StoryIl y a une dimension autobiographique mais pas d'événements très précis qui pourraient me faire reconnaitre. Ce sont toutefois mes mots, très sincères, et je demande qu'il n'y ait pas de plagiat. Merci d'avance et bonne lecture !!