Décidément, on est maudits - Livai A.

Chapitre 23

Voilà trois jours que Livai dort, et mon état s'empire. Bien que nous soyons maintenant sûrs qu'il va s'en sortir sans séquelle, la peur qu'il ne se réveille pas grandit d'heure en heure. J'ai fait de nombreuses crises d'angoisse durant ces trois jours et la pire a été quand j'ai tellement paniqué que je ne pouvais plus respirer. Hanji m'a trouvé dans ma chambre au bord du malaise, suffocante. Elle m'a injecté un calmant qui m'a détendu pour quelques heures. La brune est tout de même venue me parler après que le calmant se soit dissipé. J'ai dû lui expliquer les angoisses constantes qui me rongent, aussi bien par rapport à Livai qu'à mon passé. Elle s'est montrée très compréhensive sur le sujet et m'a rassurée tant bien que mal.

Malgré cela, mes angoisses n'ont pas tari. Heureusement, Erwin a laissé quelques jours de repos au bataillon afin que nous reprenions du poil de la bête. Je n'ai pas été embêtée durant ces trois jours que j'ai passés auprès du noiraud. Les membres de mon escouade sont venus me tenir compagnie durant un des rares repas que j'ai pris ces derniers jours.

Je suis maintenant assise à côté du lit du noiraud, la tête posée sur le matelas. L'obscurité de la pièce, seulement éclairée par la maigre blancheur de la lune, m'endort petit à petit ; mon esprit est comme éteint et mon corps est lourd. Je somnole depuis quelques heures, si bien que je ne sens pas le mouvement que fait le noiraud à ma gauche. C'est quand une masse chaude se pose dans mes cheveux que je relève brusquement la tête. Mes yeux s'ouvrent à toute vitesse et tombent sur une paire de pupilles acier. Le noiraud se tient assis sur le lit et m'observe, l'air légèrement inquiet.

- Livai ? je murmure, sous le choc. Il approche sa main de mon visage et caresse ma joue pour recueillir une larme que je n'ai même pas sentie couler. Je me redresse doucement avant de plonger dans ses bras. Le soulagement m'envahit tandis que ses bras m'entourent. Tu m'as tellement manqué, t'as pas idée...

- Saori... il murmure à son tour avant de se racler la gorge. Il saisit mes épaules pour se dégager de notre étreinte. Tu vas bien ?

- C'est moi qui devrais te poser cette question...

- T'as vraiment une sale tête le bonhomme de neige.

Je laisse échapper un rire qui se transforme vite en sanglot. Je respire fort et lève les yeux vers lui. Le stress qui parasitait mon esprit ces derniers jours quitte progressivement mon corps, me le rendant presque inconscient. Je n'ai pas eu de sommeil reposant depuis que Livai a été blessé et mon corps me le fait bien sentir maintenant que je soulagée.

- Depuis combien de temps t'as pas dormi... ? me demande Livai.

- C'est pas important ça, je veux juste m'assurer que tu ailles bien.

- Saori, ta santé est aussi importante que la mienne. Je vais bien, je suis en vie donc maintenant tu vas dormir.

Je ne réponds pas. Depuis quelques temps, il m'est simplement impossible d'aller dormir sans repenser aux mauvais souvenirs. Si je suis vraiment trop fatiguée pour faire quoi que ce soit, mon corps s'endormira de lui-même. Livai ne me lâche pas du regard et j'en fais de même.

- Tu peux me dire ce qu'il s'est passé là-bas ? je demande. Ce qu'il m'a dit avant de s'évanouir l'autre jour m'a fortement perturbé, j'ai vraiment besoin d'avoir une réponse.

- Tu n'arrives pas à dormir n'est-ce pas ? Dis-moi pourquoi, il insiste, ignorant ma question.

- Livai je t'assure que ça va, j'ai vraiment besoin de savoir ce qu'il s'est passé.

- On en parlera plus tard. Je ne te répondrai pas tant que tu ne m'auras pas dit ce qu'il t'arrive.

Je soupire devant son entêtement. Il ne lâchera pas l'affaire, je le sais. Je vais devoir lui dire. Je baisse les yeux avant d'ouvrir la bouche pour lui répondre.