Alors que je voyais ma fin, une idée m'est venu à l'esprit. Elle est complètement stupide mais tant pis, on va dire que c'est l'énergie du désespoir. Prise de rage, je serre mes lames dans mes mains, les fait tourner légèrement et, d'une rotation, sectionne les tendons de cette gigantesque main. Je suis à nouveau libre mais très exposée à la bouche du titan. Je tombe une fois de plus la tête en bas et me redresse comme je peux. J'atterris presque dans la bouche du titan quand je plante mon grappin dans son épaule, m'écarte de ses immenses mâchoires grâce à mon reste de gaz avant de lui couper les tendons du bras. Sa main gauche est hors service et son bras droit aussi. Je saisis une dernière fois mes lames pour lui crever les yeux avant de réfléchir à mon évasion. Je n'ai plus de gaz et un de mes grappin est foutu, je ne peux plus me hisser en sécurité... Alors que j'analyse la situation, un mouvement sur ma droite attire mon regard. Je souris malicieusement avant de me jeter en arrière et de sectionner une fois pour toutes la nuque de cet affreux monstre. Je me laisse tomber et, une fois très proche du sol, quelque chose me rattrape.
Quelqu'un, plutôt. Mon cher supérieur me pose sur son épaule et manie ses grappins afin de nous poser en hauteur. J'observe autour de nous et vois les cadavres de dizaines de titans. Il est fort, vraiment fort... Il me pose sur une branche et me dévisage.
- J'ai plus de gaz ni de lames, je lance.
- Je sais, je t'ai vu. Mes réserves de gaz sont elles aussi pratiquement vides et je viens de briser ma dernière lame. Il faut qu'on retrouve nos chevaux pour aller au campement du bataillon, dit Livai en observant les alentours. On s'est débarrassés des gêneurs, ça devrait- Il ne finit pas sa phrase car un cri d'agonie le coupe.
Nous baissons le regard à la recherche de l'auteur de ce cri et découvrons un petit titan d'environ cinq mètres en train de dévorer quelque chose. Je plisse les yeux pour mieux voir et constate avec horreur qu'il s'agit d'un cheval. L'animal hurle de toutes ses tripes tandis que le titan lui arrache une jambe. Le cri de souffrance s'intensifie et me devient rapidement insoutenable. Le titan referme finalement ses mâchoires sur le corps du pauvre cheval et le sang gicle partout autour du cadavre. Cette vision horrifique me répugne et, sentant mon estomac se retourner, je penche légèrement pour en vomir son maigre contenu principalement constitué de bile.
Une fois mes vomissements finis, je crache le reste salive mélangée à la bile et me retourne vers mon supérieur, le regard neutre. Je le vois m'observer, l'expression railleuse et je sens qu'il veut se moquer.
- Bah alors, on ne tient pas la vue du sang ?
Qu'est-ce que j'avais dit...
- Ta gueule, j'ai toujours eu du mal avec la souffrance animale, je me justifie, si c'est ton sang par contre, ça ne pose aucun problème crois moi.
Il m'observe toujours moqueusement avant de reprendre son expression froide.
- Accroche toi à moi on va descendre sans bruit. Je vais le tuer pendant que tu cherches des chevaux.
J'acquiesce et nous exécutons son plan. En m'accrochant à lui, mon corps est pris de légers frissons ce que ne manque pas de remarquer mon cher noiraud, qui m'observe une moue railleuse scotchée au visage. Je lui assène un regard noir et nous descendons dans le silence le plus complet. Une fois au sol, il me décroche de lui sans douceur et pars directement vers le titan. Je m'éloigne de quelques dizaines de mètres avant de siffler doucement. Durant les deux jours de repos avant l'expédition, j'ai beaucoup travaillé sur le rappel avec Yako. Ca n'est évidemment pas encore au point mais je prie pour qu'il ait compris ce que ça signifie. Après quelques instants de silence, je siffle plus fort cette fois et entends au loin des bruits de sabots.
Rassurée, je reviens vers Livai qui vient visiblement de finir son travail. Je m'approche du cadavre encore chaud de l'animal qui m'a fait recracher mes tripes et je manque de vomir une fois de plus en reconnaissant Mizu, la fidèle jument alezane de Petra. Livai me jette un regard ennuyé en me voyant dans cet état et se retourne pour siffler à son tour. M'approchant doucement du cadavre, je dégaine ma lame et saisis une poignée de crins avant d'en couper une partie et de les enrouler dans ma poche.
J'observe le cadavre encore quelques instants avant que des bruits de cavalcade ne m'interrompent. Je me retourne et vois Apollon suivi de près par Yako qui marche derrière lui les yeux exorbités, la croupe lacérée par de grandes coupures probablement provoquées par des branches et les flancs couvèrent d'écume. Apollon n'est pas en meilleur état. Livai l'analyse d'un regard neutre mais je sens qu'il est inquiet pour sa monture. Je m'approche de la mienne et la rassure un long moment. Mon cheval finit par se calmer doucement et observe autour de lui. Il s'approche du cadavre de Mizu et souffle dessus avant de se détourner et de blottir sa tête contre celle d'Apollon. L'étalon noir fait de même jusqu'à ce que Livai et moi ne les détournions l'un de l'autre. J'inspecte les pieds de Yako et, une fois sûre qu'il n'a rien à ce niveau, me retourne vers mon supérieur.
- Il faut partir, le soleil se couche, dit-il en levant le regard. Il monte sur sa monture tout en le caressant et je fais de même. Yako semble défaillir un instant sous mon poids avant de se reprendre, voulant m'emmener jusqu'au bout de cette expédition. Nous partons donc côte à côte, l'esprit ailleurs.
Quelques heures plus tard, nous avons retrouvé Auruo qui nous a appris que Petra ne tarderait pas et qu'Erd et Gunther sont probablement déjà partis au campement. La petite rousse est arrivée quelques minutes plus tard et c'est le cœur lourd que je lui ai annoncé la triste nouvelle. Son visage s'est crispé et j'ai vu les larmes perler ses yeux, mais elle les a ravalées et s'est contenté de hocher la tête. Elle m'a grandement remercié après que je lui ai donné les crins de sa jument bien-aimée. Sur la route, je l'ai vu serrer quelques fois la poignée de crin comme si sa vie en dépendait.
Nous sommes finalement arrivés au campement où de nombreux blessés et cadavres se trouvent. Fatiguée mais résolue, je refuse l'aide d'un jeune homme qui me propose de s'occuper de Yako. Je passe plusieurs dizaines de minutes à le soigner et le laisse finalement se reposer avec les autres chevaux. Il va directement se réfugier auprès d'Apollon et ils se blottissent l'un contre l'autre. Il faut croire qu'ils sont devenus de grands amis.
J'allais retourner dans ma tente quand je vis Livai sortir de celle du major. Je reste silencieuse tandis qu'il passe devant moi sans un regard. Tout à l'heure déjà, il m'avait semblé perturbé mais là il semblait carrément triste. Je baille et me rends compte que je suis épuisée. Je me dirige donc vers la tente des soldats pour aller passer une nuit d'un long sommeil sans rêves qui n'avait rien de reposant.
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Prochain chapitre dimanche 01/01.
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Décidément, on est maudits - Livai A.
ספרות חובביםLe fan art de la couverture vient de Pinterest. Livai x oc Fanfiction écrite et relue entièrement excepté les deux premiers chapitres qui datent de 2020, ne soyez donc pas surpris de leur médiocrité. Je vais pas mentir elle est un peu éclatée, j'ai...