Chapitre 6

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Je me réveille tout aussi fatiguée qu'hier, voire plus. Mon estomac crie famine pourtant je ne me sens pas capable d'avaler quoi que ce soit. Je sors de la tente et vois Auruo discuter avec le caporal, qui ne semble pas écouter. Celui-ci coupe d'ailleurs la discussion en partant vers la tente du major. Je croise Hanji, alias binocles, qui me salue. Je la salue en retour avant qu'elle ne me traîne jusqu'à un coin reculé.

- Je t'ai vu observer Lili, toi aussi tu le trouves bizarre hein ? me demande-t-elle.

- Depuis hier il est comme ça... Je sais pas trop ce qu'il a mais il a quand même joué son rôle de caporal à la perfection.

- Je vais essayer d'en savoir plus et je reviens te dire si j'ai des infos, s'écrie-t-elle toute guillerette.

Elle part aussi vite qu'elle est arrivée. Je me retrouve seule avec mes pensées. J'inspire un bon coup, me rendant compte que je suis enfin sortie des murs en toute liberté cette fois. Me coupant dans mon élan de sentimentalisme, le signal du départ est donné : il faut que l'on aille seller nos chevaux au plus vite ce que je fais sans plus tarder. Sur le chemin du parc improvisé où se trouvent les chevaux, on m'apprend que les pertes étant trop nombreuses, nous retournons au QG. Après cette information, je reprends ma marche vers l'enclos des chevaux.

Yako semble en meilleure forme qu'hier. Il m'accueille d'un hennissement et je vois qu'Apollon a déjà disparu. Je lui frotte le chanfrein et commence à le seller. Ses coupures ont arrêté de saigner même si les compresses en sont imbibées.

Je finis tout juste de le préparer quand gros sourcils nous ordonne de partir. Tentes pliées, affaires rangées, nous sommes prêts à partir. Le chariot des blessés est placé au milieu du convoi tandis que celui des morts est placé à l'arrière. Nous marchons tranquillement. Nous sommes tous épuisés, chevaux comme Hommes. Binocles fait marcher son cheval à côté du mien tandis que Petra monte un cheval blanc qui marche parallèlement à celui du caporal. Celui-ci est d'ailleurs dans ses pensées puisqu'il ne remarque même pas le soldat qui lui indique que nous devons forcer l'allure.

Je fais donc trotter Yako puis le fait doucement partir au galop. Je me doute qu'il n'est pas dans sa meilleure forme donc je le ménage comme je peux. Rapidement, je vois les autres soldats faire de même et quelques heures plus tard, nous arrivons au mur. La porte s'ouvre, nous passons sans encombre tandis qu'une foule de villageois nous attendent. La plupart nous huent, d'autres se moquent de notre état et d'autres encore nous demandent si nous avons vus leurs proches. Je tourne la tête et croise le regard de la même petite fille qui m'observait avant le départ de l'expédition. Elle semble déçue donc je me redresse et lui adresse le même signe de main qu'hier, toujours accompagné d'un sourire. Ses yeux s'illuminent et elle tente de passer à travers la foule. Nous continuons d'avancer, la tête basse, tout en ignorant les commentaires désagréables des passants.

Nous arrivons à l'entrée de la forêt qui englobe le chemin qui mène au QG quand j'aperçois la petite fille de tout à l'heure. Elle s'avance tout doucement, comme si elle était effrayée. Je cherche alors le regard de mon caporal mais il semble toujours absent. Je me tourne vers Hanji, l'interroge du regard et elle acquiesce. Elle part se mettre un peu en retrait pour m'attendre tandis que je fais faire demi-tour à ma monture. Je la fais avancer jusque devant la petite fille qui semble très impressionnée par la taille de mon cheval.

- Je t'ai vue hier quand nous partions. Tu avais l'air émerveillé. Tu veux rejoindre le bataillon d'exploration c'est ça ? je demande. La petite hoche vigoureusement la tête. J'allais reprendre la parole quand une voix m'interrompit.

- HEIKO ! Tu es enfin là, crie une femme qui court vers nous. N'importune pas les soldats Heiko, c'est malpoli. Je suis sincèrement désolée si elle vous cause des problèmes, s'excuse poliment la femme.

- Ne vous inquiétez pas, elle ne m'embête pas. Ainsi tu t'appelles Heiko ? je demande en me tournant vers la petite. Elle hoche la tête une fois de plus. Tu peux parler tu sais, je ne vais pas te manger.

- Je... Je suis Heiko Amada... dit-elle d'une petite voix.

Je souris, attendrie. La femme que je suppose être sa mère fait de même.

- Et bien bonjour Heiko. Moi c'est Saori et lui, dis-je en désignant mon cheval, c'est Yako. Tu peux le caresser il ne mord pas.

Heiko s'empresse de le faire, des étoiles dans les yeux. Yako semble apprécier ses câlins puisqu'il ne bronche pas.

- Tu sais Heiko, je suis persuadée que si tu intègres le bataillon d'exploration, tu seras une grande soldate. Un grand sourire se dessina sur son visage. Mais fait très attention à tes choix car si tu t'engages dans l'armée, tu risques ta vie et celle de tes camarades. J'espère que tu comprends ça ma belle, je lui explique, un léger sourire aux lèvres. Il faut que tu sois sûre de tes capacités pour ne pas mettre ta vie en danger inutilement.

- Je sais, je suis prête à tout pour être la meilleure guerrière du bataillon, s'exclame-t-elle dans un élan de détermination.

Je souris devant son comportement et me tourne vers sa mère.

- Vous avez de la chance d'avoir un petit ange pareil.

Elle sourit en retour.

- Je le sais bien.

- Sur ce, je dois vous laisser. Au plaisir de vous revoir, dis-je en faisant un signe de tête. Je fais pivoter Yako puis le fait marcher en direction d'Hanji qui m'attend sagement un peu plus loin. Je me retourne une dernière fois et rigole en voyant la petite sur le point de pleurer d'excitation. Je stoppe Yako et crie le nom de la petite qui relève la tête. Je lui fais signe d'approcher ce qu'elle fait une fois l'accord de sa mère donné. Tiens ma belle, c'est pour toi, dis-je en enlevant ma veste. Souvenir de Saori du bataillon d'exploration. Elle prend ma veste et la serre contre elle comme si c'était un trésor. Je lâche un rire, me baisse et ébouriffe ses cheveux avant de partir pour de bon.

- MERCI BEAUCOUP MADAME SAORI, crie Heiko.

Je rejoins enfin Hanji et nous partons au petit trot en direction du QG. Je sens son regard sur moi donc je réponds à sa question avant même qu'elle ne la pose.

- C'était une gosse qui nous idolâtre. Je lui ai donné une raison de nous admirer un peu plus.

- Je pense surtout que tu as adoré lui parler et que tu es contente de t'être fait une amie, même si elle a dix ans. J'allais la contredire quand elle reprit. Ne dis rien je sais très bien ce que j'ai vu. Ce serait mentir que dire l'inverse.

Je ne réponds pas et fais accélérer Yako.

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Bonne année ! 

Prochain chapitre mercredi 04/01.

Décidément, on est maudits - Livai A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant