Chapitre 29

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Sa prise sur ma gorge se sert encore, me faisant maintenant mal.

- La dernière fois que je t'ai étranglée, t'as pas trop apprécié hein ? Vu ta crise d'angoisse, j'ai pas forcé je voulais pas te faire mal alors que t'étais en tort. J'ai pris sur moi et pourtant, tu m'as fais souffrir d'une bien pire façon. C'est vrai, t'as disparu pendant trois ans, je t'ai crue morte et tu reviens comme une fleur en croyant qu'on va te pardonner. On est pas dans un putain de conte de fées Saori, alors crois-moi je vais te faire souffrir comme tu l'as fait.

Je me débats, cherchant à m'échapper de cette entrave sur mon cou. Il desserre légèrement sa main, juste assez pour me laisser parler.

- J'en ai rien à foutre de votre pardon... Je suis avec les Mahrs maintenant alors tue-moi si tu veux je m'en fous, je lui crache.

- Tu cherches vraiment la merde toi... il souffle. Quelque chose entre alors en collision avec ma joue avec assez de force pour me faire tomber au sol. Le brun s'assoit sur moi et ce que je craignais jusqu'ici arrive alors : la peur me gagne. A cet instant, je le crains au moins autant que Kazuko voire plus. J'ai peur qu'il me frappe à n'en plus finir, qu'il ne tienne pas compte de mes hurlements, qu'il veuille juste ma mort, qu'il ai des pensées obscènes et se serve de moi comme d'un objet.

- Saori réponds-moi. Maintenant.

Je reste obstinément silencieuse. Je peux au moins me féliciter pour ça je suppose... Le brun avance son bras et saisit mon col. Un violent tremblement s'empare de mon corps avant qu'il ne saisisse mon épaule et n'appuie dessus. Ce manège dure un petit moment avant que mon corps ne commence à convulser. L'angoisse que je cachais jusqu'ici surgit brusquement et s'empare de mon corps. Les larmes emplissent mes yeux mais je m'efforce de les retenir. Des tremblements prennent part dans tout mon corps et ma gorge se serre affreusement. En fin de compte, je suis toujours aussi faible qu'avant... Je croyais avoir évolué mentalement mais en me voyant ainsi, je me rends compte que mes traumatismes sont bien présents. Je n'ai plus envie de jouer la comédie, je veux juste tout lui avouer et le supplier de me pardonner, bien que je ne puisse pas. Si Kazuko l'apprend, il va me tuer à coup sûr...

- Qu'est-ce qu'il t'arrive encore, demande Livai froid comme la glace.

Une nausée s'empare de moi et je me dégage de la prise du brun qu'il avait au préalable desserrée avant de le pousser sur le côté, ignorant la douleur. Celui-ci se relève rapidement et s'apprête à me rattraper puis se stoppe quand il me voit m'arrêter près d'un buisson et recracher le peu de nourriture que j'ai dans l'estomac mélangé à de la bile. Cette dernière me brûle affreusement la gorge, faisant naître des petites larmes aux coins de mes yeux.

- T'es pathétique Saori, renchérit Livai. Je crache le reste de bile et m'effondre au pied d'un arbre à côté. Je ne peux plus retenir mes larmes et éclate en sanglots devant le brun qui me toise avec un air impitoyable. Je peine à respirer mais lui s'en fiche royalement, me tournant le dos et commençant à s'éloigner de moi.

- Ose bouger et tu vas vraiment avoir mal, il lâche avant de partir en direction du campement, me laissant seule avec mes pleurs.

Quelques minutes après, je me suis calmée quand un soldat débarque en courant et me dis de le suivre. Je m'empresse de me relever et le suis jusqu'au camp où l'on m'installe dans la tente du brun. Je m'assois sur le lit de camp et attends que quelqu'un vienne me dire quoi faire.

J'en profite pour observer mon uniforme de soldat recouvert de terre et de sang. Je dois vraiment faire pitié...

- Tout va bien ? demande quelqu'un. Je sursaute avant de me tourner vers la provenance de la voix. Une jeune femme aux cheveux bruns se tient devant moi. Il me semble reconnaître son visage mais je n'ai pas le temps de m'attarder qu'une autre voix surgit de dehors.

- Sasha on n'a pas le temps de faire du copinage, le caporal nous a ordonné de lever le camp au plus vite !

Sasha ?! Je l'observe et reconnais alors mon ancienne subordonnée. Cette dernière me demande gentiment de me lever et de la suivre. Elle ne semble pas non plus m'avoir reconnu, et heureusement d'ailleurs. Je ne veux pas qu'elle me voit dans un état aussi pitoyable... Je me lève alors et marche derrière elle tandis qu'elle me mène jusqu'à Hanji qui nous attend, en train de s'occuper d'un cheval alezan. Elle se tourne vers nous quand elle nous a remarqués.

- Merci Sasha, tu peux y aller, elle dit. La brune s'éloigne. Saori, je suis désolée pour ce qu'on va faire, mais c'est Livai qui l'a ordonné... Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire par là et me contente de hocher la tête distraitement. Qu'est-ce que Livai peut encore vouloir me faire ?

De longues heures plus tard, je comprends enfin la source du pardon d'Hanji. Cet enfoiré a décrété que j'allais les suivre à pied sur le chemin pour rentrer au QG tandis qu'ils seraient à cheval. Et bien sûr, pour m'humilier encore plus, il a décidé de m'attacher les mains et de tenir la corde de sorte à ce que je ne puisse pas m'enfuir. Il m'a ainsi infligé le même traitement que l'on réserve aux prisonniers...

Je me sens profondément humiliée puisque tout le monde garde ses yeux rivés sur moi, oscillant entre curiosité et haine. J'ai pu reconnaître la plupart des recrues de la 104e, et je dois dire qu'ils ont bien changé en trois ans...

C'est au milieu de la nuit que nous arrivons au QG du bataillon qui n'a lui pas changé durant tout ce temps. J'attends tranquillement sur le côté que Livai finisse de s'occuper de son cheval quand j'entends un hennissement à côté de moi. Je ne relève pas mais quand je l'entends une deuxième fois, je me tourne vers son origine et plisse les yeux pour tenter vainement de voir à travers l'obscurité. N'obtenant pas de résultat, je me déplace vers l'entrée du paddock, qui est éclairée par des lanternes, et attends. Au bout de quelques secondes, j'entends un bruit de cavalcade et lève les yeux pour observer le nouvel arrivant.

Un cheval galope dans ma direction et se poste juste devant moi. Une fois arrêté, je prends le temps de l'observer et remarque une belle robe baie barrée d'une grosse cicatrice sur le poitrail, ainsi qu'une liste blanche sur le chanfrein de l'animal. Je manque de flancher avant de murmurer du bout des lèvres :

- Yako ?

Je n'y crois pas. Comment, en trois ans, a-t-il pu rester en vie ? L'étalon m'observe, l'œil luisant, avant de baisser sa tête vers moi et de souffler, comme pour me dire bonjour. Je lève mes mains liées et le laisse les sentir avant de gratter légèrement son chanfrein. L'animal se laisse faire, apaisé. Une larme de bonheur roule sur ma joue et nous restons ainsi dans notre bulle jusqu'à ce que quelqu'un vienne briser la magie de l'instant.

- Qu'est-ce que tu branles ? tonne une voix désagréable derrière moi. Je t'ai ordonné de ne pas bouger, t'as pas compris quoi là-dedans ? Je ne réponds pas, trop épuisée pour me lancer dans une discussion emplie de haine. Livai souffle d'agacement et saisit mon bras avant de m'entraîner à l'intérieur du QG.

Il me tire derrière lui et monte à l'étage des chambres des caporaux avant d'entrer dans l'une d'elles. Une fois à l'intérieur, il me jette presque sur le lit et m'ordonne de dormir avant de quitter la pièce, l'air agacé. Je m'allonge sur le lit et ferme les yeux, tentant de ne pas m'endormir afin de ne pas tomber dans les abysses sombres et effrayantes de mes cauchemars. 

Décidément, on est maudits - Livai A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant