Chapitre 33

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Pdv Saori :

- Plus vite sučka (= salope), crie ce chien de Kazuko. Je me stoppe un instant, surprise qu'il parle la langue traditionnelle des Mahrs. Ainsi donc il l'a apprise ? C'est bien la première fois que je le vois fournir des efforts pour faire quelque chose. AVANCE ! Je ne bouge toujours pas, ce qui me vaut un coup de pied de la part du blond derrière moi. Je me plie en deux sous la douleur, ne pouvant réagir autrement. En effet, j'ai les mains liées dans mon dos, toutes les deux fermement tenues par Kazuko. Celui-ci m'a aussi bandé les yeux, me faisant trébucher sur toute sorte de choses.

Le blond me pousse à avancer et je manque de m'écrouler au sol, butant une fois de plus sur une racine. Cela fait des heures que nous marchons et j'avoue commencer à fatiguer. Notre rythme est affreusement rapide et le fait de marcher si vite tire sur mes blessures. En effet, l'autre imbécile s'est amusé à planter son couteau plusieurs fois dans mon épaule déjà blessée, laissant une plaie fraîchement exposée aux bactéries. J'ai également une entaille à la jambe gauche causée par un rocher coupant sur lequel j'ai trébuché. Je suppose avoir d'autres blessures moins graves telles que des marques de strangulation ou autres... J'ai affreusement mal mais je retiens mes gémissements de douleur, ne voulant paraître faible devant lui. Je sais que de toute façon, il se délectera du moindre de mes bruits laissant paraître ma douleur. 

Mon corps est épuisé, épuisé par toutes ces blesssures que j'ai reçues en peu de temps. Je ne peux plus supporter la douleur, je ne veux plus avoir mal... Laissez-moi tranquille s'il vous plaît...

Je me doute qu'après ces heures de marche, nous arriverons bientôt au point de rendez-vous. Je ne sais pas trop de quoi il s'agit mais Kazuko l'a simplement évoqué en parlant dans sa radio portable. Je dois en apprendre plus...

- Tu sais très bien que ça ne vaut pas le coup, je commence. Le bataillon d'exploration va nous rattraper, nous sommes à pied et eux ont des chevaux.

- Je sais très bien ce que tu essaies de faire, blázon (= abrutie). Grillée... Mais je vais t'expliquer, je ne risque rien puisque qu'ils mourront dans tous les cas. Vois-tu, je me doute qu'une simple lettre ne les découragera pas, c'est pourquoi une vingtaine de soldats les attendent à bord d'un bateau. Nous les rejoindrons d'ailleurs bientôt et nous partirons sur Mahr avant que tu ne sois torturée afin de nous livrer leur secret. J'ai l'habitude de ça, il me l'a déjà fait la première fois qu'il m'a récupérée... Ensuite, tu seras exécutée. Un tremblement me parcourt. Me faire exécuter sans avouer la vérité à Livai ? Jamais de la vie.

- Et t'as pensé au fait que je ne livrerai pas mes secrets ? Si on m'exécute, je refuse catégoriquement de dire quoi que ce soit... Bouffon, je murmure. Kazuko me pousse à terre, s'assoit sur moi et enchaîne les coup de poing.

- La prochaine fois que tu m'insultes, je peux t'assurer que tu auras la mort la plus douloureuse qu'aucun être humain n'ait jamais connue. Il arrête de me frapper. Et pour te répondre, je ne suis pas stupide, je sais que tu ne diras rien. En fait, te torturer pour obtenir des réponses n'est qu'une excuse. Je veux juste te faire mal gratuitement, comme au bon vieux temps, il susurre dans mon oreille. Je frissonne de dégoût. Il est affreux.

- Tue moi maintenant alors, je dis en lui crachant, je l'espère, au visage. Je peux me permettre de le narguer, je sais qu'il ne me tuera pas. Il me fera mal, certes, mais je resterai en vie. Après tout, il a pour ordre de me ramener là-bas vivante. Le narguer ainsi me fera simplement gagner un peu de temps.

- Tu sais très bien que je ne peux pas et tu en joues, pas vrai malá děvka (= petite pute) ? il dit en prenant mon crâne dans sa large main avant d'enfoncer ce dernier dans le sol. Je vois flou quelques instants avant qu'il ne recommence encore et encore, emplissant petit à petit mon visage de terre. Crois-moi, je me ferai un plaisir de profiter de toi quand on rentrera.

- Essaie seulement de- je suis coupée par son bras qui s'enroule autour de mon cou et sa main qui couvre ma bouche. Je me débats un peu avant de tendre l'oreille, entendant un bruit au loin. Kazuko est lui aussi silencieux et son corps se tends soudainement sur moi ; il me relève et me pousse sur le côté avant de me plaquer au sol, la main toujours sur ma bouche. Les divers arbres et buissons autour de nous permettent à Kazuko de nous cacher sans difficulté. C'est alors que je comprends.

Quelqu'un arrive.

Je lève légèrement les yeux avant d'apercevoir un petit groupe d'Hommes montés sur des chevaux lancés au galop à une vingtaine de mètres devant nous. Je reconnais bien vite mes amis et m'apprête à me relever et crier quand Kazuko saisit ma tête de sa main libre et l'écrase au sol dans le silence le plus parfait. Il répète l'opération de nombreuses fois, faisant s'alourdir ma conscience. Bientôt, les bruits alentours se stoppent, ma vision se noircit et je ne distingue plus rien que de gros points noirs.

Quelque chose me soulève et je crois être posée sur une épaule. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis censée être dans mon lit au QG du bataillon d'exploration... Ou peut-être en expédition ? Je ne me souviens plus... Mes pensées se mélangent et installent une migraine dans ma tête. Je gémis de douleur devant cette douleur et bientôt, je sens quelque chose couvrir ma bouche. Pourquoi m'empêche-t-on de parler ? Je sens que la personne qui me porte se met en mouvement et il me semble qu'elle commence à marcher dans un rythme soutenu. Quelqu'un se met soudainement à marmonner des choses incompréhensibles.

- Kurva to, tieto fuckers sú vpredu ... (= Putain fais chier, ces emmerdeurs ont pris de l'avance)

Je suis fatiguée mais je sais que je ne dois pas dormir ; quelque chose au fond de moi m'ordonne de ne surtout pas le faire. Je n'arrive pourtant pas à lutter et ferme les yeux pour plonger dans un profond sommeil. 

Décidément, on est maudits - Livai A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant