Chapitre 4

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Cela fait maintenant deux jours que j'ai fait cette crise d'angoisse dans le bureau de mon supérieur. Depuis, je fais mon possible pour l'éviter et lui semble faire de même. J'ai décidé de calmer mon attitude provocatrice car je dois reconnaître que j'étais vraiment insupportable. Nous sommes maintenant sur le point de partir. Je suis auprès de Yako tandis que Livai est à côté, s'occupant d'Apollon. Je donne un quartier de pomme à mon cheval qui semble l'apprécier et celui de mon voisin se tourne vers moi, espérant me voler une friandise. Je sens le regard de Livai sur moi mais décide de l'ignorer et souris devant la gourmandise de son compagnon. Ils ne se ressemblent vraiment pas. Apollon a beau être brave et courageux, il est aussi très fougueux et joueur et, de ce que j'ai vu, donne du fil à retordre à son cavalier. Je caresse la joue d'Apollon et lui donne un morceau de pomme qui s'empresse de manger. Yako, jaloux, frotte sa tête contre moi pour avoir un autre morceau. Le stress disparaît alors et je rigole légèrement devant son comportement. Je lui donne le dernier morceau de pomme que j'ai et le regarde l'avaler avant de lui gratter le chanfrein. Il secoue la tête et se frotte encore une fois contre moi avant de la baisser et de le poser contre moi, profitant de mes caresses. Du coin de l'œil, je vois Apollon lécher la main de Livai tandis que celui-ci sourit très légèrement.

Notre moment de détente est brisé par l'arrivée d'Erwin qui débarque, monté sur son hongre gris, annonçant le départ. Yako relève brusquement la tête et m'observe quelques instants. Je fais de même et vois dans son regard qu'il est plus que prêt à partir. Je détache les rênes que j'avais noué autour de la barrière pour l'attacher, les remets à leur place et monte sur le dos de mon cheval. Livai fait de même. Je souffle un coup tandis que nous nous mettons en place. Erwin se met devant, suivit de près par Livai et Hanji, et c'est finalement à notre tour d'avancer. Je me place aux côtés de Petra et Mizu qui semblent toutes les deux sereines. Yako est au pas, comme les autres, mais je vois qu'il veut partir au galop. Il danse un peu sur place et je le recadre immédiatement : nous arrivons bientôt dans la rue principale, il ne faudrait pas qu'il m'embarque maintenant. Il se détend légèrement et mordille son mors tout en marchant d'un pas énergique.

Nous sommes maintenant dans la rue principale, en face du mur. De nombreux habitants nous observent et nous huent tandis que la porte s'ouvre lentement. Je caresse Yako qui s'affole devant les mouvements brusques des villageois et fusille du regard ceux qui s'approchent trop près. Les autres chevaux s'agitent à leur tour et les autres peinent à les contenir. Le départ est proche, la porte est presque ouverte. Sentant un regard pesant sur moi, je tourne la tête et vois une jeune fille d'une dizaine d'année. Ses yeux sont remplis d'admirations et elle m'observe comme si j'étais Dieu. Je lui fais un petit signe de la main accompagné d'un sourire avant de me reconcentrer. Yako s'excite de plus en plus et c'est un soulagement quand Erwin donne enfin le départ. Les chevaux se lancent immédiatement au galop et Yako voit malheureusement ça comme une course. Il tente de rattraper Apollon devant et je dois tirer de toute mes forces sur les rênes avant qu'il ne daigne se calmer un peu. Je le ralenti un peu et lui fait adopter un galop souple et fluide afin qu'il ne fatigue pas trop. Je lui caresse l'encolure et relâche mes bras légèrement engourdis par la fatigue. Je me replace aux côtés de Petra et observe les alentours, guettant le moindre titan.

Quelques kilomètres plus tard, Erwin lance un signal et nous nous séparons. Livai vire sur la gauche tandis que nous le suivons. Yako semble avoir compris qu'il doit rester calme et galope maintenant tranquillement, aux aguets. Je tourne la tête vers mes camarades et les vois concentrés dans leur tâche, les traits tirés et la mâchoire contractée. Je fais de même jusqu'à ce que j'aperçoive au loin un titan. Je me préparais à prévenir Livai lorsqu'il lance un fumigène vert, indiquant la position du monstre. Je comprends alors qu'il faut que je surveille uniquement le côté gauche de notre trajectoire. Erd et Gunther surveillent le droit tandis que deux recrues que je ne connais pas surveillent nos arrières. Petra s'occupe de la gauche avec moi. Livai fait un signe de la main et je fais accélérer Yako afin de la placer derrière lui. Auruo vient se placer à côté de mon supérieur tandis que Petra ralentit pour se mettre un peu retrait derrière moi. Les quatre autres prennent à leur tour les positions décidées la veille de l'expédition.

Nous contournons donc le titan et continuons de galoper un long moment, croisant plusieurs titans que nous évitions facilement. La sueur commence doucement à apparaître sur le corps de Yako et des autres chevaux. Je suppose, au vu de la position du soleil, que cela fait plusieurs heures que nous galopons. Livai ralentit pour passer au trot puis au pas et je fais de même. Nos chevaux soufflent fort et semblent vraiment exténués.

- On va marcher un moment pour les laisser reprendre leur souffle. Restez sur vos gardes et ne vous laissez pas distraire c'est compris ? interroge mon supérieur.

Je ne réponds pas et me contente de relâcher les rênes de Yako tout en scrutant les alentours. Je vois soudainement un mouvement derrière nous et j'ai seulement eu le temps de me retourner qu'un des deux soldats se fait engloutir par un titan. Je me tourne vers Livai qui a lui aussi vu la scène et l'interroge rapidement du regard.

- ON DEGAGE, hurle-t-il visiblement furieux.

Sur ces mots, il lance sa monture au galop et je fais de même. Yako semble avoir compris l'urgence de la situation puisqu'il galope du plus vite qu'il peut. Les autres nous suivent comme ils peuvent. Je tourne la tête pour regarder en arrière et écarquille les yeux quand je vois une horde d'une dizaine de titans nous foncer dessus. Je demande à Yako d'accélérer encore un peu, chose qu'il fait tant bien que mal. J'arrive à la hauteur de mon supérieur et lui fais signe de se retourner, ce qu'il fait dans la seconde. Il observe les titans qui nous poursuive quelques instants puis se retourne à nouveau. Il semble en plein conflit intérieur quand un titan plonge soudainement sur l'autre recrue que je ne connais pas ; lui et sa monture se firent dévorer en un instant. Livai nous fait alors bifurquer à gauche, en direction d'une forêt d'arbres gigantesques.

A l'instant où nous y entrons, le noiraud se met debout sur le dos de son cheval, dégaine ses lames et plante ses grappins dans un arbre avant de s'élancer vers celui-ci. Les autres font de même et tandis que je m'apprête à les imiter, je sens Yako se raidir sous la selle. Il semble avoir peur, alors je glisse ma main sur son encolure, le gratouille quelques instants et m'élance finalement dans les airs à la suite de mes camarades.

Mon supérieur semble être troublé par quelque chose mais je n'y prête pas attention. Nous nous posons sur une très large branche d'arbre et je m'arrête quelques instants pour observer mon cheval fuir avec les autres. Les titans débarquent et certains se lancent à leur poursuite tandis que les autres s'agglutinent autour de notre arbre.

- Faut pas rester ici, tranche Livai, On va se séparer, tachez d'attirer des titans avec vous. Auruo tu reste avec Petra, Erd et Gunther ensemble et Saori tu viens avec moi. On se retrouve au camp temporaire qu'Erwin nous a montré hier. Ne prenez pas de risques inutiles c'est clair ? Nous acquiesçons. Bien, on y va.

Sur ce, l'escouade s'élancedans des directions opposées et je suis Livai du mieux que je peux. Il fonceentre les arbres et tue tous les titans qu'il croise, ne me laissant que les plus lents. Je l'observe quelques instants avant d'arriver près des titans quim'attendent. Je rattrape Livai et, ensemble, nous tuons bon nombre de cesaffreux géants qui se dressent sur notre chemin. Alors que je venais de tuer ledernier que j'avais en vue, je sens une poigne de fer agripper mon câble. Je mecontorsionne pour voir quel est le problème et tombe nez à nez avec les yeuxvitreux d'un de ces monstres. Mes yeux s'écarquillent et je cherche rapidementune solution. Je vois son autre main s'approcher dangereusement de moi et medécide à bouger. Suspendue par mon câble, la tête en bas, je sectionne celui-ci àl'aide de mes lames et me jette dans le vide. J'ai cassé un équipement, maistant pis mieux vaut ça plutôt que ma vie. Alors que j'allais m'élancer avec monautre grappin pour me mettre en sécurité sur un arbre, je me rends compte quemes réserves de gaz sont pratiquement épuisées. Je réfléchis en vitesse quandune gigantesque main m'attrape et me serre de toute ses forces. Compresséeentre ces énormes doigts, ma respiration se bloque et je sens mes os craquer.Livai a déjà du mal avec d'autres titans et je n'ai presque plus de gaz...

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Prochain chapitre mercredi 28/12.

Décidément, on est maudits - Livai A.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant