Chapitre 1

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Minho était en train de courir dans le Labyrinthe comme à son habitude. Depuis un peu moins de trois ans, la même routine se répétait chaque jour qui passait.
Il s'arrêta à l'angle de l'un des immenses murs couverts de lierre qui l'entouraient et sortit un petit carnet marron de son sac afin d'y griffonner rapidement les différentes intersections qu'il venait de parcourir. Il souffla un peu, des gouttes de sueur dévalant son visage et mouillant son t-shirt, puis reprit sa course.
En effet, pas question de rester coincé dans ce foutu labyrinthe à la tombée de la nuit. Mourir n'était pas dans ses plans.
Ses cernes de plus en plus marqués trahissaient la fatigue qui s'accumulait au fil du temps. Il se concentra de nouveau sur son parcours et son allure devint plus rapide. Demain, c'était sa journée de repos et il comptait bien profiter de ce temps précieux le plus tôt possible. Il couvrit donc efficacement sa section avant rejoindre le Bloc.

Au moment où il entra dans ce dernier par la Porte Nord, je poussai un soupir soulagé.
Et me détournai des écrans grâce auxquels je le suivais depuis plusieurs heures.

Il ne lui arriverait rien aujourd'hui non plus. Mais mon ventre se tordit à la pensée des évènements à venir.
Dire que Thomas s'était fait attraper lorsqu'il conversait avec une organisation rebelle, le Bras Droit, grâce aux ordinateurs à libre disposition dans une des salles. Il était maintenant injoignable et serait envoyé rejoindre nos amis du groupe A dans exactement 19h.

Je tournai la tête pour m'étirer et croisai le regard d'un garde aux lunettes noires. Bon effectivement, je ne pouvais pas voir ses yeux mais je savais qu'ils ne me lâchaient pas une seconde. Depuis que le brun s'était fait prendre, j'étais deux fois plus surveillée et ça commençait à devenir insoutenable.
Je n'étais jamais seule et pourtant la solitude pesait sur mes épaules.
Je n'avais personne à qui parler, personne avec qui discuter de tout et de rien, personne avec qui rire et m'amuser.

Je soupirai en éloignant ma chaise du bureau.
Dès que je sortis de la pièce, un autre homme en costard m'emboita le pas. Un nouveau soupir las quitta mes lèvres.

Je me dirigeai jusqu'à la cantine, toujours suivie de près. Je n'avais même plus besoin de réfléchir pour retrouver mon chemin dans tous ces couloirs blancs aux néons éclatants. Il faut dire que je les parcourais depuis une bonne dizaine d'années maintenant.

J'attrapai un plateau et posai deux ou trois aliments dessus. Je n'avais pas faim. Je n'avais jamais faim de toute façon. Je m'assis, ou plutôt m'affalai, à la table la plus proche.

Elle contenait les trois seules autres personnes de mon âge avec qui je n'avais pas le droit de réellement discuter. Il ne fallait pas que je lie des liens trop profonds avec eux.
De toute façon, demain, Rachel serait envoyée dans le Labyrinthe B, à quelques centaines de kilomètres d'ici, en même temps que Thomas. Et il y avait malheureusement peu de chance qu'elle en réchappe. Mais pour l'instant, elle riait en discutant avec Aris.
Ce dernier souriait lui aussi en l'écoutant. Il la rejoindrait le jour d'après.
Térésa, elle, me faisait flipper. Elle était prête à tout sacrifier pour trouver un vaccin. Jusqu'à elle-même. Elle serait d'ailleurs envoyée dans le Labyrinthe A en même temps que le blond afin de boucler la partie 1 de l'expérience. En attendant, elle regardait dans le vide. Thomas devait lui manquer, ils étaient si proches avant qu'il ne trahisse WICKED.

Dans trois jours, je me retrouverais vraiment seule dans un autre de ces bâtiments blancs d'où j'observerais mourir un à un mes amis. Ou plutôt, anciens amis.
Mon ventre se tordit de nouveau et je fermais mes paupières jusqu'à voir des taches lumineuses afin d'empêcher les larmes de quitter les yeux. Je devais tenir encore un peu. Plus que quelques instants.

Après de longues minutes de silence brisé par les paroles des deux adolescents du groupe B, je quittai la table en m'étant forcée à avaler la moitié d'une malheureuse pomme et un yaourt. Mon ventre grondait mais ma gorge était tellement serrée que je ne pouvais plus rien ingurgiter. La faim n'était que passagère de toute façon. Et je mangerais plus le lendemain. J'espérais en tout cas...

Au moment même où je me retrouvai seule dans ma chambre aux murs blancs et impersonnels, je me laissai tomber sur mon lit tout aussi blanc et froid. Je ne fis pas l'effort de mettre un pyjama ni même d'enlever ma blouse immaculée ou mes chaussures. Je posai seulement mes lunettes de soutien sur la petite table de nuit avant de me recroqueviller sur le matelas en serrant les draps contre moi. Un sanglot franchit alors mes lèvres. Ma poitrine commença à se soulever douloureusement à un rythme irrégulier.
Je souhaitais seulement un peu de chaleur, de compagnie, d'amour...
Pourquoi je n'y avais pas le droit ? Pourquoi ?

Je m'endormis de longues minutes plus tard, seule et les yeux douloureux à cause des trop nombreuses larmes versées.

WICKED is good....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant