Chapitre 11

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« Il faut se barrer d'ici. »

Personne ne répondit à Jorge. Nous fixions tous les bâtiments fumants à quelques mètres de nous, en silence. Nous n'arrivions pas à aligner deux pensées cohérentes. Une seule tournait en boucle dans nos esprits. Thomas. Thomas venait de disparaître dans les ruines au moment où la dernière note de la chanson avait retenti.

« Allez, hermanos, on bouge ! »

Brusquement, tous nos cerveaux assimilèrent l'information. Nos joues se noyèrent de larmes. Térésa hurla le nom du brun. Newt tomba à genoux. Frypan et Minho s'accrochèrent l'un à l'autre. Aris et moi regardions la fumée s'élever vers le ciel étoilé.

« J'ai dit, en route ! Il va bien votre copain ! Il est avec Brenda, il risque rien.

— Qu'est-ce que vous pouvez bien savoir, vous, hein ? Ils sont morts ! Sous les ruines ! Si on y va maintenant, on a p'têtre une chance de les retrouver !

— Oh, tu te calmes, hermano ! Brenda connaît des passages, elle va ramener votre copain en un seul morceau. Mais faut se barrer d'ici fissa, avant que WICKED nous choppe ! Y'en a qui nous ont vu traverser, ils vont probablement débarquer bientôt. Donc on dégage ! »

On se mit tous en route à contrecœur. Minho assaillait l'homme de questions qui, si il lui répondait, lui disait de se magner. L'adrénaline retombait et, rapidement, la douleur dans mon bras se fit plus forte. Je serrai les dents et accélérai pour ne pas me faire distancer.

Au bout d'une bonne demi-heure, Jorge bifurqua dans un minuscule couloir et ouvrit une porte en métal. Nous arrivâmes dans une petite pièce seulement éclairée par une ampoule vacillante. Il y avait un petit meuble en bois, deux chaises bancales et un vieux fauteuil défoncé comme seules décorations.

« Bienvenue dans votre palace de cette nuit ! Nourriture comprise, si c'est pas incroyable, ça ! »

Tout en parlant, l'homme avait sorti deux conserves et quelques couverts du meuble et nous les tendait. Dès qu'il en fût débarrassé, il se tourna vers moi et, sans plus d'explications, m'attrapa l'avant-bras et remonta ma manche. Je m'étais bel et bien pris une balle. Cette dernière n'avait pas traversé et, pour mon plus grand dégoût, je pouvais l'apercevoir au milieu de mes chairs à vif. Il fallait me la sortir. Je grimaçai à cette idée.

« Je vais t'enlever ça.

— Vous avez le matériel nécessaire ? »

Il leva un sourcil à ma remarque.

« C'est-à-dire ?

— Du désinfectant, au minimum. Et il faudrait pouvoir recoudre la plaie.

— Je peux te trouver du fil et une aiguille. Mais j'ai pas d'alcool.

— Voilà pourquoi ne pas dépouiller les gens de leurs possessions peut s'avérer utile. J'avais le nécessaire dans mon sac avant que nous ne décidiez de nous pendre par les pieds.

— Je n'avais pas vraiment le choix, hermana. Je devais jouer le jeux face à mes hommes pour qu'ils ne se doutent de rien.

— Une grande réussite comme on peut le remarquer, je marmonnai sarcastiquement entre mes dents sous le regard amusé de l'homme. On fera sans désinfectant alors. Et rien pour stériliser l'aiguille, j'imagine ?

— Tu imagines bien. »

Il me tendit une pince, du fil et une aiguille que je lui arrachai presque des mains.

« Tu n'as pas besoin d'aide ?

— Non, je me débrouille, merci. »

J'étais désagréable mais je m'en souciais peu. La fatigue, la douleur et la frustration des derniers événements se mélangeaient en moi et ce n'était pas pour le mieux. Je ne comprenais rien à ce qui se passait et je détestais ça. J'aurais aimé avoir un contrôle total sur moi et les évènements mais, dans un tel environnement, c'était impossible. Malgré tout, je ne pouvais blâmer personne pour cela et c'était d'autant plus agaçant.

WICKED is good....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant