Chapitre 10

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Le chauve braquait son arme sur nous. Nous nous faisions face, en silence. Il commença à avancer lentement, son pistolet devant lui.

« Écoute, on veut causer de problèmes à personne, on veut juste se tirer, c'est tout.

— Sans déconner... »

Il souriait vicieusement en sortant un talkie-walkie de sa poche.

« Janson, j'les ai vos p'tits cons. J'vous les ramène. Nous tirez pas d'ssus. »

Non ! C'était impossible ! On y était presque... J'imaginais mon père, souriant dans son hélicoptère, ravi de pouvoir détruire à nouveau la vie d'adolescents. L'homme raccrocha et se rapprocha de nouveau, nous menaçant toujours de son arme.

« Venez ! En route ! Allez, les têtes d'éclatés, j'ai dis en route ! »

Brusquement, Thomas se jeta sur l'homme, déviant le coup de feu en agrippant son bras. Ils luttèrent quelques secondes avant que le brun ne lui envoie un coup de tête qui le fit reculer de quelques mètres. Malheureusement, l'édenté avait toujours le flingue et il se redressa presque aussitôt, avançant à grand pas vers nous. Son visage se tordait de rage. Thomas nous fit tous passer derrière lui, semblant vouloir nous protéger de ses bras. Et moi, je réfléchissais à cent à l'heure.

L'arme de l'homme semblait avoir trois coups et un était déjà parti il y a quelques minutes. Dans le meilleur des cas, il nous loupait à chaque fois ou nous blessait légèrement. Dans le pire, deux d'entre nous mourraient. Il y avait peu de chance qu'il nous loupe deux fois, surtout en étant si près. Vu sa haine pour Thomas, il tirerait d'abord sur lui. Si nous ne faisions rien, il nous emmènerait probablement à mon père sans rien de plus. Mais connaissant les gens du groupe, ils n'allaient pas rester immobiles et il y aurait un autre blessé. Mais si on prenait en compte, l'appât du gain et la peur de WICKED qu'il devait ressentir, il y avait moyen que personne ne soit blessé. Il fallait juste le lui dire, et vite.

J'allais ouvrir ma bouche pour tenter de nous sauver lorsqu'un coup de feu retentit, me stoppant dans mon élan. J'ouvris de grand yeux horrifiés en dirigeant mon regard vers notre ami. Mais il n'y avait aucune trace de sang sur lui. Je me retournais vers le chauve qui avait la bouche entrouverte et le regard vitreux. Il tomba au sol. Derrière lui, apparut Brenda, tenant un flingue encore fumant. Qu'est-ce qu'elle allait faire ? Elle venait de nous sauver la vie mais dans quel but ? Souhaitait-elle nous aider ou juste que nous soyons en vie pour pouvoir toucher le maximum possible ?

« Ok, allez, on se barre. »

On la regardait tous silencieusement, sous le choc, ne sachant comment réagir.

« On est parti, grouillez-vous. »

Elle avait un sac dans le dos. Elle ne semblait pas sereine. Elle avait plus l'air d'une fuyarde que d'une personne qui allait nous livrer. De plus, elle avait une arme qu'elle venait d'utiliser. La meilleure décision était de la rejoindre, chose que je fis, rapidement suivie par les autres. Nous parcourûmes des couloirs et gravîmes une multitude de marches lorsqu'une musique se fit entendre tout autour de nous. C'était quoi ça encore ? La brune ne semblait pas s'en inquiéter outre mesure donc je décidai de faire de même. Nous arrivions au bout d'un énième escalier lorsque Jorge apparu.

« Brenda ! Dépêche-toi ! On a peu de temps ! Magnez-vous le train ! Allez, venez, venez, venez ! »

Il nous fit traverser une salle avant de s'arrêter devant deux grandes portes en verre opaque grisâtre qu'il poussa.

« Par ici ! »

Elles s'ouvrirent dans un grincement. Et elle débouchaient sur... Rien. Du vide. Ou plutôt des bâtiments délabrés à plusieurs mètres mais séparés de nous par du vide. Le bruit des hélicoptères était encore plus fort maintenant. On se retourna tous vers l'homme, en quête de réponses. Frypan fixait les ruines, pâle.

« Si c'est une blague, elle est pas drôle...

— Plan B, hermano. Vous voulez connaître le Bras droit ? J'vous conduit à leur repère. À charge de revanche. »

Il attrapa une corde qu'il agrippa avant de se jeter dans le vide.

« Suivez-moi ! »

Le suivre ? Nous jeter comme ça, dans le vide, sur plusieurs mètres ? Il était complètement ravagé !

« Allez ! Au suivant ! »

Brenda tira sur une nouvelle corde qu'elle tendit vers nous.

« C'est parti !

— Allez ! On y va, on y va ! »

Minho se saisit de l'attache qu'il enroula autour de ses mains avant de contracter tous ses muscles et de se jeter à la suite de notre guide. Puis ce fut au tour de Newt. Puis de Fry. Enfin, Thomas donna une nouvelle corde à Térésa alors que Brenda s'éloignait rapidement.

« T'es la prochaine, allez ! Brenda ?! Où tu vas ?

— Elle fait quoi ?

— Fonce, fonce, t'inquiète pas ! Et après, Emmanuelle, t'y vas ! »

Il me mit une corde dans les mains et je commençais à l'enrouler autour de mon poignet droit.

« Allez-y ! Je vous suis !

— Dépêche-toi ! »

Et elle s'élança pour rejoindre le groupe. Immédiatement, le garçon se lança à la suite de l'autre brune, me laissant seule face au vide. Je ne pouvais pas le faire. Je ne pouvais pas sauter. Et si le câble lâchait ? Et si je m'écrasais au sol ? Il y avait tellement de possibilités pour que ça se passe mal. Je pourrais juste attendre le retour de Thomas et Brenda, non ? Il m'aideraient... C'était probablement la meilleure solution, n'est-ce-pas ?

Soudainement, une lumière se braqua sur moi. Je me protégeais les yeux et les levais vers un hélicoptère. WICKED. Voilà pourquoi je n'avais pas le luxe d'attendre le retour des deux autres. J'allais me faire attraper et ça serait retour à la case départ. Je n'avais pas le choix, il fallait que je saute. Des pas dans l'escalier me firent me retourner. Des soldats armés. Sans attendre, je fis un pas en avant et commençai à glisser le long du câble. Je n'avais pas enroulé la corde à mon poignet gauche et je peinais à rester agrippée. Mon corps me faisait une nouvelle fois payer mon manque d'exercice.

Une douleur fulgurante résonna dans mon avant-bras droit et me fit lâcher la corde que j'avais heureusement nouée de ce côté-là. Je levais les yeux vers l'endroit lancinant et vis un trou dans ma veste. J'avais dû prendre une balle. Et c'était extrêmement douloureux, putain !

Je vis enfin le reste du groupe qui se rapprochait à toute allure. Au moment où je crus être tirée d'affaire, le câble rompit et, horrifiée, je tombai. Mon instinct pris le dessus et j'attrapai une pierre qui dépassait pour arrêter ma chute. Malheureusement, c'était mon bras blessé et, de douleur, je lâchais ma prise quand je fus saisie par le poignet, m'arrachant un nouveau glapissement de souffrance. Cette dernière fut encore plus forte lorsque que mon sauveur me remonta. Elle s'apaisa néanmoins à mi-chemin car de nouvelles mains empoignèrent mes vêtements afin de me remonter à leur niveau. À cause de l'élan, je me retrouvai sur celui qui retenait toujours mon poignet et je relevai les yeux vers lui. Minho. Évidemment. Mon cœur pulsait dans tout mon corps et je rougis violemment. Sans attendre, je me reculai avant me relever en marmonnant des remerciements. À ce moment précis, tous nos visages furent éclairés par l'explosion qui détruisit les bâtiments que l'on venait de quitter.

WICKED is good....Où les histoires vivent. Découvrez maintenant