WICKED is good....

Chapitre 7

Nous marchions depuis un long moment. Nous venions d'abandonner les décombres de la ville pour les dunes du désert. Nous avions de nouveau échappé à WICKED qui nous recherchait maintenant à bord de leurs immenses bergs. Ce n'était que la première journée et j'étais déjà épuisée. Le manque de sommeil et les efforts physiques m'accablaient. Et lorsque que je vis les montagnes, si éloignées de nous, je ne fus en rien rassurée. Je doutais de notre réussite. Mais l'espoir des autres me motiva légèrement. Jusqu'au moment où Winston tomba la tête la première dans le sable. Nous précipitâmes tous vers lui. Sa respiration était forte et irrégulière et il suait à grosses gouttes. Son état était inquiétant et le pire était que je ne pouvais rien pour lui. Il refusa de boire quand je lui proposai. J'étais impuissante face à son mal-être, comme tous les autres. Ils lui construisirent un brancard de fortune et nous reprîmes notre périple.

Quand le vent se leva, il nous fouetta de toutes parts et il nous fût encore plus difficile de marcher. Je trébuchais à chaque pas et respirais plus de sable que d'air. Le foulard récupéré avant l'attaque des fondus ne changeait pas grand chose. Nous finîmes par nous abriter sous des plaques de taules mais le vent continuait de rugir. Tout le monde était épuisé. Je réunis tout mon courage avant de me lever pour distribuer des demi barres énergétiques à chacun. Je commençai par Thomas et Minho. Ce dernier était sur le point de m'insulter une seconde fois mais je pris la parole et rendit ma voix rauque la plus ferme possible.

« Regarde-les. Tout le monde est à bout de forces. Toi aussi, même si tu ne veux pas l'assumer. Nous avons marché toute la journée, sous le soleil, en buvant à peine. Vous n'avez pas mangé depuis deux jours. Si vous continuez comme ça, vous allez vous écrouler les uns après les autres. Alors, s'il te plait, accepte de manger ça. Ou, du moins, laisse les autres retrouver un peu de forces. »

Ses yeux me sondèrent pendant une minute entière, me mettant extrêmement mal-à-l'aise, avant qu'il n'accepte la nourriture et me face un signe de tête pour m'indiquer de continuer la distribution. Chacun accepta le morceau avec gratitude et soulagement. Térésa me fit même un léger sourire que je lui rendis. Je fini par Winston qui respirait avec peine. Je le redressai un peu et le mis dans la position la plus confortable possible avant de lui tendre une barre entière qu'il repoussa en toussant.

« Tu dois manger si tu veux t'en sortir. »

Il m'adressa un sourire grimaçant suivit d'une nouvelle quinte de toux. La douleur et la fièvre faisaient luire ses yeux bruns. Il chuchota de sorte que personne à part moi ne puisse l'entendre.

« On sait tous les deux que je vais pas m'en sortir. On sait tous les deux que c'est la Braise et que je ne suis pas immunisé. »

Évidemment que je le savais. Il n'y avait pas d'espoir. Rien ne nous indiquait que le Bras droit avait un produit pour empêcher la propagation de la maladie et il n'existait de toute façon toujours pas de vaccin. De plus, nous étions bien trop loin des montagnes pour espérer y arriver à temps. Je le savais et lui aussi.

« Mange.

— Et toi ?

— Peu importe. Tu en as besoin et j'ai mangé il y a moins longtemps. Je peux encore tenir. »

Il secoua la tête de gauche à droite.

« Moitié-moitié. Comme tout le monde. Tu en as autant besoin que moi. Et tout me donner serait du gaspillage. »

Je me résignai à séparer la barre en deux. J'en mangeai un petit peu et gardai le reste pour plus tard. Je décidai ensuite de désinfecter la plaie de Winston mais il m'arrêta à nouveau et riva ses yeux dans les miens.

« Arrête. C'est inutile, et je ne veux pas les effrayer plus qu'ils ne le sont déjà. C'est bon. Va dormir. »

J'abandonnai mes projets pour la deuxième fois en moins de deux minutes mais je le forçai tout de même à avaler un anti-douleur, ce qu'il fit de mauvaise grâce. Je l'aidai à se recoucher pour la nuit.