Chapitre 27

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Pour le dîner, je rejoignis la place centrale en compagnie de Sonya. Nous aperçûmes immédiatement le groupe à son endroit habituel. Quand nous nous approchâmes, tous les regards se tournèrent vers nous et je fis un pas en arrière en croisant ces yeux bleus, qui semblaient toujours me sonder et découvrir tout ce que je tentais de cacher. Sonya m'attrapa délicatement le bras pour me tirer vers les autres avec un sourire encourageant.

Contrairement à ce à quoi je m'attendais, je n'eus à répondre à aucune question. Certains me parlèrent un peu mais ce ne fut pas une avalanche. Je me détendais peu à peu et commençais même à apprécier le moment. Grâce à Sonya, je comprenais une bonne partie des discussions et je me sentais incluse. C'était un sentiment tellement agréable, comme si une petite flamme me réchauffait de l'intérieur.

Au bout d'un moment, je décidai d'aller voir Gally qui s'était mis un peu en marge du groupe quelques minutes auparavant. Quelques heures avant, j'avais remercié la blonde pour les bandages mais elle m'avait annoncé que ce n'était pas elle. C'était donc lui. Je m'approchais avec appréhension et m'assis à ses côtés. Il me jeta à peine un coup d'œil mais ne semblait pas dérangé.

« Salut.

— Salut...

— Tu vas mieux ?

— Mhm... Merci pour hier. Pour le sérum et pour les bandages... »

Je sentis ses yeux me scruter mais je regardais fixement le sol.

« Pas d'problèmes. Oublie pas de manger. »

Il se releva juste après ça pour partir en direction des dortoirs. Je le regardais s'éloigner, éprouvant des sentiments contradictoires à son égard. Je lui devais probablement la vie mais il était si agaçant à toujours paraître savoir ce qui était le mieux pour moi et à vouloir m'y contraindre.

Mon regard dévia sur le reste du groupe. Brenda et Jorge semblaient toujours aussi proches, l'homme étant accoudé à la brune qui se moquait de lui. Ils étaient en pleine discussion avec Harriet, Sonya, Aris et Fry. Ils semblaient heureux.

À quelques mètres, Thomas, Newt et Minho parlaient plus calmement. Le lien qui les reliait était indéniable. Tous leurs mouvements, tous leurs regards illustraient l'importance que les autres avaient pour eux. Mais un des regards était différent, plus profond, plus triste aussi. Newt regardait Thomas comme si il était un véritable trésor, mais un trésor inatteignable. Je devais vraiment être obsédée par moi-même pour ne pas l'avoir remarqué avant. Il était clair que le blond ressentait plus que de l'amitié pour le brun.

Un autre regard attira mon attention : celui que coulait Minho sur Sonya. Son intérêt pour la jeune fille était palpable et il ne s'en cachait pas. Quand leurs yeux se croisèrent, il lui fit un clin d'œil accompagné d'un sourire ravageur auquel elle répondit en levant les yeux au ciel avec un rictus moqueur. Mais au fond de ses pupilles, on pouvait voir qu'elle était amusée et elle aussi intéressée par le garçon.

J'aurais dû ressentir une jalousie dévorante, une haine féroce ou une tristesse terrassante. Mais ce ne fut pas le cas. Mon cœur me semblait léger et mes lèvres se redressèrent même imperceptiblement en un petit sourire.

Je me redressais brusquement, choquée.
Pourquoi je ne ressentais rien ? Pourquoi je n'étais pas blessée ? J'aimais Minho ! Alors, pourquoi je ne ressentais rien ?
Je m'éloignai à grand pas, perturbée. Ma non-réaction me mit mal. J'étais étrange. Je devais être bizarre. Pourquoi voir la personne que j'aimais aimer quelqu'un d'autre ne me blessait pas ? J'étais anormale. Effrayante. Cassée.

Je tombai sur sentier caillouteux et m'écorchai les mains. Les larmes dévalaient mes joues. Tous mes muscles tremblaient. J'avais l'impression de me noyer dans mon mal-être. Mes poumons semblaient avoir rétrécis de moitié, m'empêchant de respirer correctement. Je voyais flou. Ma tête me faisait mal. Le sol m'engluait, je ne pouvais plus me lever. J'avais peur. Je ne voulais pas mourir.

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