Epilogue 4 : Colombe White

316 18 14
                                    

Saphir Velmore
( ami de Colombe White )
Pdv :

Comme chaque semaine, je frotte avec ardeur sur la planche à laver nos vêtements. Malgré la chaleur, ce n'est pas trop désagréable car je me suis mise à l'ombre du porche. L'eau de la bassine au-dessus de laquelle je frotte les vêtements est d'ailleurs chaude, ce qui rend la tâche moins pénible et fait que je finis rapidement.

Je me dépêche de les étendre sur les cordes derrière la maison, car aujourd'hui j'ai quelque chose d'important à faire. Cela fait longtemps que j'ai cette intention en tête. Avant même qu'on l'ait mise en terre, je dirais.

Quand j'ai vu Colombe mourir à la télévision, je n'y ai pas cru. Je pensais qu'elle allait survivre encore une fois, qu'elle allait se relever sans problème. Quand j'ai vu son nom, sur cette liste de malheur qui était placardée partout à la mairie, le désespoir m'a envahie. Mais quand j'ai vu qu'elle n'avait pas craqué, qu'elle restait forte malgré toutes ces épreuves, j'ai cru en elle de toutes mes forces. Mais elle a tout simplement arrêté de bouger, malgré tous les efforts que faisait cette fille du 12 pour la réanimer. Ça peut paraître stupide voir égoïste, mais l'espace de quelques secondes j'ai été un peu jalouse.

Que ce soit cette fille qui ne connaissait même pas Colombe avant les Jeux qui soit finalement à ses côtés au moment de sa mort, qui ait ce privilège que j'aurais du avoir. J'ai fini par perdre totalement espoir de la voir rouvrir les yeux, et c'est là que j'ai éclaté en sanglots parce que j'ai compris qu'elle ne reviendrait plus. Je l'ai toujours considérée comme ma meilleure amie même si je sais qu'elle non.

Elle avait dû mal à se faire des amis, à s'attacher aux autres. Mais je me sentais bien avec elle, on avait pas forcément besoin de parler ou de faire semblant d'avoir une vie heureuse. On pouvait juste s'asseoir à côté, manger des baies qu'on avait ramassé en regardant le soleil se coucher. C'est ce qu'on faisait quand on finissait le travail un peu plus tôt.

Maintenant avec qui m'asseoir pour regarder le crépuscule ? Il y a bien Ereas mais c'est différent, elle veut toujours parler de la dernière robe qui est sorti en magasin ( alors qu'elle ne pourra jamais se l'acheter ) de l'école qui est si intéressante pour elle, du pain aux figues que vient de faire cuire le boulanger. Elle parle pour parler, dire des choses inutiles, sans intérêt. Mais je suppose que c'est mieux d'avoir une amie comme elle que d'être seule.

Personne ne remplacera jamais Colombe. Et ce qui me pousse à me diriger d'un pas rapide, vers le fleuriste de la ville. Il n'est pas loin de ma maison, à peine dix minute à pied. Au début je n'ose pas rentrer, les clients ne sont que des riches citadins. Leurs vêtements ne sont pas troués ou déchirés, ils portent du parfum et les femmes des talons.

Quand je finis par user mon courage et me décide à rentrer, on me regarde de haut. Mais cela n'a pas d'importance, je ne suis pas venu pour eux mais pour Colombe.

- Qu'est ce que tu veux ? me demande la fleuriste avec dédain.

Est-il si inenvisageable que je vienne pour acheter des fleurs ? C'est pourtant le but de cette boutique non ?

- Est ce que vous avez des roses noires ? Je demande poliment bien que je sois vexée.

Je me souviens comment le visage de mon amie rayonnait quand au Grand Cirque elle jetait ses fleurs à la foule. Ça lui a valu le surnom de rose noire auprès de Flickerman, ça lui allait si bien.

- On vend pas ça ici, c'est pas la foire ! me répond la fleuriste agacée.

J'entend les rires de ceux qui font la queue derrière moi, ils ne prennent pas la peine de se cacher et je ne vois rien de drôle.

Hunger Games 25 [ En correction ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant