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28. Liberté amère.

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Kol.

Parfois dans la vie, ou du moins dans la mienne, il arrive des choses sans que je ne me doute de rien, je fais des choses sans m'y avoir préalablement préparé.

Je crois que ça arrive à tout le monde non? Enfin je l'espère... Je me sentirais moins étrange si c'est le cas.

Des choses comme aller à un bal de promo alors que je répétais toute l'année que je n'y mettrais pas un pied

Des choses comme arrêter un traitement psychiatrique sur un coup de tête.

Ou des choses comme accepter de faire de la correspondance avec une fille après l'avoir insulté et menacé, et ensuite me faire à sa présence dans ma vie, laisser mon coeur se remplir d'elle jusqu'à ce qu'elle atteigne mon cerveau et qu'elle prenne toute la place la-bas aussi, puis me rendre compte que je suis merdeux, et la laisser tomber sans rien prendre en compte, ni ses sentiments, ni les miens, mettre le coeur sur off, et suivre la logique comme un robot.

Un robot qui sait qu'il n'a pas le droit de ruiner la vie de cette jeune fille en étant égoïste.

J'aurais beau essayer de l'oublier durant ces trois dernières années, mais plus maintenant, je suis un Carter,

Un Carter maudit, comme le reste, et je ne veux pas entraîner Miel, son innocence, sa pureté et sa gentillesse dans le gouffre qu'est ma vie en ce moment.

Il y a pleins de choses dans ma vie que je ne prévois jamais, mais qui finissent par arriver, et elle en fait partie.

Je me mords l'intérieur de la bouche, lorsqu'une piqûre m'est plus douloureuse que les précédentes. Le bruit de la machine à tatouage est tout ce que j'entends et à chaque picotement, mon souffle s'accélère un peu plus.

Une mèche de cheveux me tombe sur le front, d'un geste rapide je la remets en place, je dirige ma cigarette en direction de mes lèvres, et dès qu'ils sont en contact avec le papier, j'aspire une taf.

Ce n'est pas mon premier tatouage, mais c'est le premier que je fais sur la poitrine, et je ne sais pas ce qui me fait le plus mal.

Ce qui se trouve à l'intérieur, ou cette aiguille trouant chaque millimètre de ma peau.

— Tu sors demain, t'aurais pu le faire dehors, commente le tatoueur.

Je sais, mais je voulais le faire avant de sortir, pour me rappeler de ce qui était là pour moi quand j'étais au fond du trou.

Je regarde Oliver, l'un des détenues, c'est le tatoueur de la prison, il est tatoué de la tête au pieds, ses cheveux bruns sont en batailles, et sur son oreille je remarque une cigarette.

Il a les sourcils froncés tandis qu'il reste concentré sur le travail qu'il effectue sur la peau de ma poitrine.

— Voilà, prononce-t-il après plusieurs minutes.

Il me tend un bout de miroir que j'attrape entre mes doigts. Je le dirige directement vers ma poitrine.

Sur le reflet, je vois l'inscription en cursif que je lui ai demandé de me faire. Exactement là où je lui ai demandé de le faire.

En plein milieu de ma poitrine, tout juste sur mon coeur.

— Ça te va? demande-t-il en rangeant son matériel.