Chapitre 11

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Pdv Vincent

Je viens de dire tout ce que je savais à Rémi. Je descends ensuite du plan de travail où j'étais assis. Il ne laisse rien paraître, son visage est neutre. L'ambiance est presque froide. Je le regarde, en le détaillant presque, avant qu'il ose me répondre.

-Je te connais par cœur, alors il y a une raison pour que t'aille seul à la mer, et souvent c'est pas très joyeux.

Nous nous regardons, sans que l'autre ne parle. Il m'agace à ne pas répondre.

-Rém' je-

Rémi : Écoute, si je te dis que ça va, c'est que ça va, ok ?

-Ah ouais ? Pour que Florie soit au courant, mais pas tes parents, c'est que ça doit être quelque chose d'assez important quand même.

La discussion devient de plus en plus tendue. Il lâche un léger rictus, avant de mordre la peau de ses lèvres entre ses dents.

-Et ça c'est un truc que tu fais quand ton stress est assez élevé. Dis-je en désignant sa bouche d'un geste de la tête. D'ailleurs, ça fait longtemps que je t'ai pas vu toucher à une cigarette.

Il soupire, à croire qu'il est le seul énervé. Il prend enfin la parole, mais il n'aurait dû rien dire.

Rémi : Bon, ok, hier j'avais un rendez-vous chez mon médecin.

Je fronce les sourcils tandis qu'il continue son explication.

Rémi : C'était juste un truc de routine, pour voir si tout allait bien, et du coup bah, tout est nickel. Je voulais pas vous inquiéter pour rien, et pis les résultats sont bons donc voila. Répond-il en souriant, d'un air rassurant.

Je hoche la tête, mais étrangement, je sens qu'il ne me dis pas tout. Florie ne m'aurait pas dit de prendre soin de lui si tout était nickel.

-Tu pourrais au moins éviter de me mentir. Je veux pas que tu me dises ce que je veux entendre, mais simplement la vérité.

Rémi : Mais tu veux que je te dise quoi de plus ? Écoute, ça va, ok ? Arrête de me couvrir comme ça, je suis pas mourant. Lâche-t-il avec un regard sombre, presque d'un noir profond.

-J'ai jamais dit ça Rémi, et putain je te demande pas la lune merde ! Je veux juste que tu te confies pour éviter le burn out ! Je vois bien que tu stresses plus que d'habitude, que tu bosses comme un dingue, que- que t'es pas comme avant ! Tu veux même plus sortir ou même boire un verre !

Le ton monte. Il est insupportable lorsqu'il est buté sur son idée. C'est encore pire quand il ment.

Rémi : Arrête tes conneries, c'est pas parce que je refuse un verre et que je réduis les clopes que ça va pas !

-De ta part, si ! Il est où le Rémi fêtard qui veut sortir tout le temps hein ?

Rémi : Tu vas pas me reprocher de trop bosser quand même ? Moi aussi j'ai un album à finir, et si mon inspi' suit, alors je bosse, et si c'est l'inverse, je force pas, parce que c'est comme ça !

-Mais je le sais ça putain ! J'essaye de te dire justement que je te connais et je sens bien que t'es pas en forme en ce moment ! Je m'inquiète parce que je tiens à TOI bordel de merde ! Tu vas te foutre ça dans le crâne ?! J'ai peur pour toi ok ? J'ai pas le droit de m'inquiéter de l'état de mes proches maintenant ! Explique-ai-je en faisant des grands gestes.

J'ai dit tout cela en criant, sur les nerfs. Il faut bien qu'il le comprenne un jour ou l'autre. Je passe ma main dans mes cheveux en soufflant fortement. Nous nous regardons tous les deux, dans un silence de glace. C'est alors que Sylvain arrive dans le séjour, à moitié endormi. Il se frotte les yeux en arrivant vers nous.

Sylvain : Je peux savoir pourquoi vous vous engueulez à cette heure là ?

-Demande à Rémi, il assume pas d'être mal en ce moment et il comprend pas que c'est normal qu'on s'inquiète pour lui.

Rémi : Je le comprends mais c'est pas une raison pour me couvrir comme tu le fais !

-Et bah si t'es pas content t'as qu'à-

Sylvain : OHH !! Non mais sérieusement les gars ! Vous voulez pas arrêter vos conneries deux minutes ?

Je croise les bras sur mon torse, crispé, en regardant Sylvain. J'aperçois Rémi du coin de l'œil souffler d'agacement.

Sylvain : Rém', si t'es pas bien, mets nous au courant, mais-

Rémi : Tu vas pas me dire que t'es de son côté ?! Dit-il en tendant son bras vers moi pour me désigner.

Sylvain : Laisse moi finir ! Je disais : MAIS, si tu ne veux pas en parler, je le comprends, tu le feras quand tu seras prêt, ok ?

Rémi hoche simplement la tête, tandis que je ne réponds pas. Nous nous esquissons quelques regards, encore énervés. Sylvain reprend donc la parole.

Sylvain : Et toi Vinc', je sais que t'aimerais l'aider mais il est comme ça et tu pourras pas le changer.  C'est pas en le forçant à parler qu'il va le faire, au contraire.

-Je vais prendre l'air, m'attendez pas, je sais pas quand je rentrerai.

Je sors de la cuisine, prends les clés et mon paquet de cigarette. J'entends Sylvain m'appeler, mais honnêtement, je n'en ai rien à foutre. Je claque la porte et commence à marcher dans les rues de Nîmes. La nuit est sombre, les lampadaires éclairent la route, un léger vent frais s'installe. Heureusement que je porte un sweat, sinon je serais congelé. Mes mains dans mes poches, je marche en étant dans mes pensées, sans faire attention aux détails autour de moi.

Il faut que j'arrête de me prendre la tête. C'est vrai après tout, il est assez grand pour savoir ce qui est bon pour lui. Mais étrangement, je ne peux pas m'empêcher de savoir s'il va bien ou non, s'il a besoin de quelque chose, s'il a bien dormi ou s'il avance sur les sons de son album. Je veux juste... qu'il soit bien. C'est normal après tout. Nous sommes amis depuis des années, c'est normal de vouloir le bonheur de ses proches. Il compte beaucoup pour moi. Je veux dire... en tant qu'ami... bien sûr. Oui, un ami. Un très bon ami. Pourquoi je me prends la tête sur ça ? Évidemment que c'est un ami proche sur lequel je peux compter. C'est tout simplement Rémi. Justement, c'est Rémi, et qu'est-ce qu'il peut me gonfler parfois. Je sais qu'il est du genre à trop réfléchir, à stresser pour tout et rien à la fois. Je lui demande de me dire ce qu'il se passe dans sa tête pour ne pas qu'il ait trop de choses à penser ou à gérer en même temps, pour qu'il soit soulagé. Rien de plus.

-Ça n'empêche pas la Terre de tourner- | VSO [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant