Chapitre 8

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Pdv Rémi

Vincent : Et bah, on peut savoir pourquoi tu t'es fais aussi beau ? Me demande-t-il en tournant la tête de la télévision, avec un léger sourire en coin.

J'arrive dans le salon en accrochant ma montre autour de mon poignet. Sylvain et Vincent étaient en train de jouer à Fifa. Il est vrai que j'ai pris du temps à me préparer, alors que nous sommes en début d'après-midi. Cela peut paraître étrange. J'esquisse un sourire, sans donner plus de répondre.

Sylvain : C'est sûr il va en date, ou voir son plan cul. Annonce-t-il avec un sourire en coin.

Je vois alors Vincent perdre son sourire, ce qui agrandit le mien. Je ne perds pas une miette de ses réactions en le regardant discrètement.

-Peut-être bien...

Vincent : Tu me rendras ma chemise en bon état s'il te plaît. Laver et repasser, merci d'avance. Dit-il en souriant, mais tout de même un poil agacé.

Il me regarde en montrant du doigt mon haut, ce qui me fait baisser la tête sur ma tenue. Merde, il me semblait bien qu'elle n'était pas à moi.

-Promis, je te rendrais ta chemise comme neuve ! Répondis-je en passant derrière le canapé, et ébouriffant ses cheveux.

Il râle en se recoiffant, tandis que Sylvain et moi rions légèrement. J'enfile mes chaussures, et les saluts. J'ajoute que je rentrerais en fin de soirée, et qu'ils n'ont pas besoin de m'attendre pour manger. Les gars ont déjà repris leur partie lorsque je relève la tête.

Vincent : Mmh, à plus.

Sylvain : Amuse toi bien !

Je souris et claque la porte. Je marche donc vers le café olive, plutôt impatient de le revoir. Cela fait quelques semaines que nous ne nous sommes pas revu, malgré que nous nous parlons souvent par message. Je repense aux réactions de Vincent, qui me font encore rire. À croire qu'il est dégouté que j'aille voir mon plan cul. Nous aimons beaucoup nous embêter en ce moment, alors ça m'amuse beaucoup qu'il réagisse de cette façon.

J'arrive au bar, et vois Simon me faire un petit signe de la main pour me signaler sa présence. Je l'ai toujours trouvé discret, assez réservé mais aussi très fêtard. Ses cheveux châtains et mi-long sont attachés approximativement en un petit chignon. Des lunettes de vue sont posées sur son nez, et ses éternelles bagues entourent ses doigts. Il a une barbe de quelques jours, et son style vestimentaire est exceptionnel. Je suis tombé sous son charme dès que je l'ai vu. Mais tout deux ne voulions pas d'une relation sérieuse, alors nous avons décidé que Sex Friends était une bonne alternative. Nous nous sourions légèrement, et nous faisons la bise avant qu'il m'invite à m'assoir.

Simon : Comment tu vas depuis le temps ? Demande-t-il avec un léger sourire.

-Ça va merci, c'est vrai que ça fait plus d'un mois qu'on s'est pas vu. Tu m'a manqué. Finis-je par dire en chuchotant légèrement.

Il rit doucement en plongeant les yeux dans son verre, puis les révèle rapidement.

Simon : Je t'ai même pas demandé si tu voulais boire quelque chose. Dit-il, presque gêné.

-T'en fais pas, je vais commander au bar.

Je lui adresse un clin d'œil avant de partir au comptoir. Je parle un peu au barman pendant qu'il prépare mon verre, et jette quelques coups d'œil à Simon. J'avais oublié à quel point il était charismatique et... vraiment mignon. Je remercie le gérant et retourne m'assoir avec mon verre en main.

-Ça va toi ? Quoi de neuf ? Demande-ai-je en buvant une première gorgée.

Il esquisse un sourire un peu mal à l'aise, en essayant de chercher ses mots.

-J'ai dit quelque chose de mal ? Je suis vraiment désolé si c'est le cas.

Simon : Non non, pas du tout ! Enfaite... il faut que je te parle d'un truc important... et c'est pour ça qu'on s'est pas revu depuis... Explique-t-il en jouant nerveusement avec ses bagues.

-Bien sûr, tu peux tout me dire.

Je souris de façon bienveillante, et pose une main sur les siennes. Il esquive mon regard en observant nos mains. Les siennes se retirent au fur et à mesure de son explication pour atterrir sur ses jambes, tandis que je reste sans voix.

Simon : Je me suis fait dépister y'a plus d'un mois et... je suis séropositif... j'ai le VIH et j'ai commencé un traitement les jours qui ont suivi les résultats. Et comme tu sais, 'fin... la dernière fois qu'on s'est vu, bah on s'était pas protégé... et je l'ai su que quelques jours après...

Je souffle et passe mes mains sur mon visage et dans mes cheveux, complètement abasourdi.

-J'ai besoin de prendre l'air. Je reviens, je vais fumer. Dis-je froidement, en me levant pour partir au coin fumeur du bar.

Simon m'adresse un regard désolé, dont je ne fais pas spécialement attention. J'arrive à la terrasse couverte avec mon paquet en main. Je m'allume une cigarette et tire dessus comme si ma vie en dépendait. Putain, mais pourquoi il me l'a pas dit plus tôt ?! Et pourquoi on s'est pas protégé ce jour là ?! Ça devait bien évidemment tomber sur ma gueule cette merde ! Fait chier ! Mon poing atterrit dans un mur. Putain de maladies à la con ! Encore une fois. Je crie des insultes à tout va et fume à m'en arracher les poumons. Pourquoi moi ?

-Merde !! Hurle-ai-je encore, en frappant dans le mur en béton une dernière fois, accompagné de larmes de rage qui dévalent mes joues.

J'allume une seconde cigarette, avec ma main tremblante et mes phalanges en sang. Je m'assois contre le mur, et fume de la main gauche, ne pouvant plus rien faire avec l'autre. Ma vision est flou, puisque je continue de pleurer comme un con. Je commence à réaliser ce que Simon m'a annoncé. J'ai peut être le VIH. Je suis peut être malade. Pourquoi nous n'avons pas utilisé de préservatif ? C'est pas compliqué pourtant, on nous le rabâche sans arrêt. Et pourtant j'ai réussi à ne pas en utiliser une fois. Une seule fois, dans toute ma putain de vie. Je tire une énième taffe et lâche un sanglot, les mains encore tremblantes. Je me calme peu à peu, et essuie mes joues comme un imbécile. Je finis par écraser mon mégot sur le sol avant de le jeter. Il faut que j'aille me faire dépister.

J'évite alors le regard de tous les passants dans la rue. J'ai très honte, au point que j'aimerai devenir invisible. J'arrive enfin à la pharmacie. Heureusement, il n'y a aucun client à l'intérieur. Je regarde avec un léger sourire la pharmacienne, et nous saluons. Elle remarque ma main abîmée, en me demandant si je n'ai pas trop mal. Je secoue négativement la tête. Elle fait tout de même les premiers soins en désinfectant et bandant ma main. Je la remercie en souriant. Je finis enfin par lui demander si c'est possible de faire un dépistage, maintenant. Je finis donc dans une pièce un peu à l'écart. Elle pique mon doigt avec une aiguille, qui ressemble à celle des diabétiques, et mets un peu de sang sur la plaquette du test. Elle me donne un petit bout de coton que je maintiens sur le bout de mon doigt. Elle me dit alors qu'il faut attendre le résultat, et qu'elle revient dans quelques minutes. Nous nous sourions mutuellement, et je la remercie. La pharmacienne me laisse donc seul dans cette petite pièce. Je lâche le coton une fois que le sang ne coule plus, et passe mes mains sur mon visage. Je pose mes coudes sur mes genoux, et croise mes mains. Je respire profondément, pour me détendre. Ma jambe tressaute quand même de stress. Peut-être que je ne suis pas malade après tout. Qui sait ? Ou peut-être que je le suis ? Mais si je le suis, il me faudra un traitement à vie. C'est ce que Simon m'a rapidement expliqué lorsqu'il m'a rejoint sur la terrasse couverte. Il voulait d'ailleurs m'accompagné, mais j'ai refusé. Il m'a aussi un peu rassuré, mais je vous avoue que j'ai simplement souris, je l'ai remercié de me l'avoir annoncé et je suis parti dans la pharmacie la plus proche. Je n'arrive même pas à savoir ce que je ressens. Un mélange de colère, de stress, de tristesse, de peur. Beaucoup de peur.

La pharmacienne revient enfin, je relève les yeux vers elle avant de me rassoir correctement. Elle regarde le résultat, et perd rapidement son sourire. Oh non, c'est mauvais signe. Elle m'adresse un léger sourire avant de prendre la parole.

Pharmacienne : Le test est positif, mais vous devriez aller chez votre médecin traitant et demander une prise de sang pour en être sûr et-

J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Le test est positif. Je suis malade.

-Ça n'empêche pas la Terre de tourner- | VSO [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant