Chapitre 16

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Pdv Rémi

Avec Vincent, nous n'avons pas reparlé du baiser d'hier soir. Après ça, nous n'avons pas dit grand chose de plus, et nos sourires ne nous ont plus quittés. Nous étions bien, très bien. Le silence était apaisant, et j'ai fini par m'endormir dans ses bras avant la fin du film. Je ne dirais pas que nous sommes ensemble, mais notre relation a bel et bien évolué.

J'ai fini de me préparer depuis un moment maintenant. J'attends que Vincent termine à son tour, affalé sur une chaise sur le balcon de notre chambre d'hôtel. L'envie de fumer me démange. La peur me prend au ventre depuis ce matin. Ma fatigue reste constante depuis que j'ai commencé le traitement. Même en me reposant, je suis toujours autant épuisé. Je n'arrive même pas à faire tout ce que je veux durant la journée. Et si les médicaments ne faisaient pas effet ? Et si je-

Vincent : Ça va Rém' ?

Je tourne alors la tête vers la baie vitrée, puis aperçois Vincent. Il sourit légèrement, en hésitant à sortir pour me rejoindre. Je hausse les épaules avec un mince sourire, avant d'à nouveau perdre mon regard dans les rues parisiennes. Vincent ferme un peu la fenêtre, avant de s'approcher de moi. Il pose une main sur mon épaule, en attendant sûrement que je prenne la parole. À la place de cela, ma jambe se met à sautiller toute seule. Vincent s'agenouille à côté de moi, en posant ses mains sur ma jambe, qui s'arrête d'un coup de bouger. Je le regarde faire, sans trop rien dire. J'aime beaucoup l'avoir près de moi. Sa simple présence me réconforte. Ses yeux clairs me fixent, il affiche un léger sourire, plus que rassurant. Aller Rémi, il faut parler quand ça ne va pas. En plus, tu sais très bien que Vincent ne lâchera pas l'affaire tant que tu ne lui auras rien dit.

-C'est juste que...

Je cherche mes mots, et ma vision devient flou à la simple pensée de ce que je vais dire.

-Et si le traitement fait pas effet. Si je finis par avoir le sida Vinc', et si je meurs de cette putain de maladie à la con. Comment vous allez faire vous ? Vous allez dire quoi à ceux qui nous écoutent ? Et Florie ? Et mes parents ? Et si-

Vincent : Ehh doucement Rém'... Tu sais, avec des « si » on pourrait tous refaire le monde entier à notre façon. Et j'imagine bien que c'est dur Rémi, apprendre le diagnostic d'une maladie c'est difficile, et tout le monde gère à sa façon. Je suis déjà très fier de toi, parce que t'as arrêté la clope, tu t'es pas noyé dans l'alcool, enfin du moins, pas plus que d'habitude.

Il esquisse un léger sourire, tandis que ma vision retourne peu à peu à la normal. Je souris légèrement à mon tour, et joue nerveusement avec sa main posée sur mon genou.

Vincent : Tu n'as pas à t'en faire pour ça Rém'. Les médecins ont l'habitude, les traitements fonctionnent sur toi et ils te l'ont assuré, t'as été pris à temps et aujourd'hui tu vas bien. Tu peux relativiser sur ça, tu sais, t'es très fort.

Nous nous sourions tendrement, tandis que je le remercie faiblement comme un con.

Vincent : Pas de soucis, je suis là si besoin.

J'esquisse un nouveau sourire, avant de baisser mon regard sur mes mains. Je joue avec, en sentant mes pommettes changer de couleur. Il est là, pour moi, pour m'aider. Je l'entends soudain échapper un petit rire, qui me fait relever la tête. Je rougis encore plus, ce qui étire encore plus son beau sourire. Je viens vraiment de penser cela ? D'ailleurs... lui et moi... qu'est-ce que nous sommes ? Amants ? Amis ? Amoureux ? Je tripote encore ses doigts, pour calmer mon stress qui est en train de remonter en flèche. Vincent le remarque, et caresse ma jambe de sa main libre pour me détendre. Je prends la parole, en débitant assez rapidement, confus.

-On est encore ami Vinc' ? J'veux dire, toi et moi, 'fin je me demandais, bah ce que tu ressentais toi, parce que j'ai pas envie que ça merde, et pis y'a quand même le groupe en jeu et pis notre amitié assez importante, 'fin c'est pas rien et...

Il sourit encore plus en me voyant perdre mes moyens. Je fais de même, en baissant mon regard sur ses mains, les joues rouges. Bordel, je crois que je n'ai jamais été aussi gêné que maintenant. C'est Vincent qui me met dans cet état ? J'ai l'impression d'être au lycée, devant mon crush que je suis en train de draguer. Il ne manquerait plus que je prenne mes jambes à mon cou.

Vincent : T'inquiète pas pour ça, une chose à la fois Rém', ok ? Je suis là, je partirais pas. Je suis bien avec toi. Et puis, tu sais très bien que je tiens trop à toi pour te faire la gueule plus d'une semaine de toute façon. M'explique-t-il, avant d'échapper un léger rire.

Vincent a le don de trouver les bons mots pour apaiser les autres. Pour m'apaiser moi. J'esquisse un sourire, et nous finissons dans les bras l'un de l'autre. Nous nous asseyons côte à côte et balayons la vue du regard. Après quelques minutes à papoter, nous partons à la gare chercher notre ami photographe. Nous devons filmer les derniers plans pour le clip d'Alien ; des musées, de beaux bâtiments parisiens, et une balade dans les rues les plus connues pour clore le tournage. Notre ami, Clément, en profite pour prendre de nombreuses photos de Vincent durant cette journée. Il me montre souvent le résultat, qui est plutôt pas mal.

Clément : Regarde celles là, quelques retouches et c'est nickel !

Il me tend son appareil photo, où il me montre donc différentes photos de Vincent. La dernière retient mon attention. Nous voyons Vincent assis à une terrasse en train d'allumer sa cigarette. Je souris niaisement, en lui répondant que cette photo est vraiment belle. Il me jette alors un coup d'œil malicieux, avec un petit sourire en coin.

Clément : C'est ma photo qu'est vraiment incroyable ou c'est Vincent qui te fait sourire comme un abruti ? Demande-t-il, avant de rire, l'air amusé.

-Pfff, t'es con.

Je lève simplement les yeux au ciel, souriant, tandis qu'il éclate de rire.

Clément : T'es sûr que ça va mec ? Et fait gaffe t'es en train de rougir ! Ajoute-t-il, encore rieur.

-N'importe quoi.

J'esquisse un léger sourire. Putain Rémi, tu vas te faire cramer si tu continues.

Clément : Roh ça va, je déconne. Ajoute-t-il en me donnant un coup de coude.

Je lui tends mon majeur, ce qui le fait encore plus rire aux éclats. Je marche, avec ma caméra à la main, vers Vincent qui fume sa cigarette. Le temps de quelques secondes, je le détaille en train d'expirer sa dernière taffe et d'écraser son mégot dans le cendrier. Arrête de sourire comme un con Rémi, à croire que t'es amoureux. Bah oui, je le suis. Il lève ensuite les yeux vers moi, et me sourit à son tour.

Vincent : Les photos rendent biens ?

-Évidemment, elles sont incroyables.

Vincent : Cool alors, je pourrais les poster sur Insta.

Je hoche la tête, et ajoute que tous les plans du clip sont réalisés, et que je suis impatient de commencer le montage. Il répond aussi qu'il a hâte, mais surtout de voir le rendu final.

-Au faite, je crois que Clément nous a cramé, mais il n'ose rien dire. Explique-ai-je en chuchotant, avec un léger sourire amusé.

Vincent : On lui dira le moment venu. Me répond-il suivi d'un clin d'œil, ainsi qu'un doux sourire.

J'acquiesce, et ajoute qu'il faut que nous partions pour ne pas rater notre train. Nous voilà donc en chemin vers notre hôtel pour récupérer nos affaires, tout en papotant. Nous allons ensuite à la gare pour rentrer à Nîmes.

-Ça n'empêche pas la Terre de tourner- | VSO [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant