Vénéneuse - NEKFEU

13

LOUKA CASTEL 

Etre en voiture avec mon cousin était un cauchemar. Déjà il conduisait mal. Bien sur c'était jamais de sa faute et toujours celle des autres. J'ai observé avec un ennuie feint, le cycliste adresser un doigt d'honneur à mon cousin qui venait de piller. 

- C'était de sa faute à lui aussi ? Je sais que t'es daltonien mais le feu est carrément rouge là. 

Deen a rigolé avant de redémarrer. Il était venu me chercher pour m'amener chez Ken. J'étais déjà plus motivée que tout à l'heure. Je n'aimais pas rester fâchée avec les gens longtemps. En plus mon idiot de cousin m'avait dit que si je tirais encore la tête, il appelait mes darons pour qu'ils me disputent. C'était une menace débile mais je savais que ce faux frère serait capable de le faire. J'ai attendu qu'il réussisse son créneau pour ensuite monter les escaliers jusqu'à l'appart de Ken. C'était un miracle que des gens comme Doums arrivent à monter aussi haut vu tout ce qu'il fumait. On entendait au loin les notes de Gimme More de Britney Spears. Je me demandais qui avait choisi cette musique. Je suis entrée dans l'appart et j'ai cherché des yeux Hakim. Celui-ci était invisible, donc j'ai du aller directement vers les autres. 

- La star est enfin là ! s'est exclamé Idriss 

Je lui ai adressé un petit sourire. Ken m'a tendu un verre. Je l'ai remercié en écoutant Moh se plaindre de notre retard. 

- Laisse, elle aime trop se faire désirer. 

Ah oui, le faux frère numéro deux. On a discuté quelques minutes. J'avais bien fais de sortir finalement. C'était soit ça, soit rester dans mon appart à déprimer, culpabiliser et me sentir faible. Plus les sélections approchaient plus j'angoissais. Pourtant, avant je n'avais jamais appréhendé la gym comme ça. J'avais toujours vu ce sport comme mon exutoire. Certes, j'avais du faire beaucoup de sacrifices mais ça n'avait jamais été un problème à mes yeux. J'étais déterminée et je bossais à fond pour être la meilleure version de moi-même. 

Sauf que depuis Paris, tout était plus compliqué. Je devais réussir parce que je l'avais promis. Une promesse qui me rongeait les entrailles. Alors je me mettais une pression inutile. Tout le monde me voyait déjà championne européenne. La seule qui refusait d'y croire, c'était moi. On en avait parlé avec Ken, un soir sur les toits. C'était quelques semaines après mon arrivée sur Paname. On s'était retrouvés les deux pour discuter. Ca crevait les yeux qu'il était quelqu'un de torturé et moi que j'étais au fond du gouffre. Alors parfois on se retrouvait et discuter de manière détournée de ce qui nous faisait mal.  Lui aussi avait peur de croire en lui parfois. Je me souviens de ses mots : "comme si ça pouvait me porter malheur de croire en  mon propre bonheur". Simple superstition dont je n'étais pas assez forte pour me détacher. 

Moh m'a donné un coup dans l'épaule. Gros bourrin. 

- Fifa ? Ou tu préfères continuer à fixer le vide ? 

- Fifa mais tu dois promettre de pas pleurer quand tu vas perdre comme la dernière fois. 

Il m'a tapé l'arrière de la tête. Sérieux faut être assurée pour trainer avec ces gars : h24 je me fais frapper ou balayer. Un jour je vais finir blessée et ça sera de leur faute. 

Bon, j'étais très forte pour faire la maligne mais Fifa c'est autre chose. En vrai 7-0 c'est pas si choquant. J'ai intercepté la balle et foncé vers les goals de Moh. Tout était aligné, j'allais enfin faire ma grande remontada.

Alors que je m'apprêtais à tirer une silhouette s'est mise devant l'écran. 

- Eh ! vire à gauche ! 

Moh a ricané face à mon échec de but. J'ai lancé un sale regard à la silhouette devant moi. Léna évidemment. Bon maintenant on avait une raison de discuter. J'étais hyper mauvaise perdante et là je perdais carrément. J'avais les nerfs. La jolie blonde m'a adressé un regard désolé avant de passer une main dans ses cheveux.