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LOUKA CASTEL 

Je me suis réveillée en sursaut. Encore un cauchemar. J'avais déjà du mal à m'endormir mais si en plus lorsque j'y arrivais je me réveillais en panique, on allait pas s'en sortir. Mon réveil indiquait qu'il était cinq heure vingt. Autant se lever maintenant : je devais être à mon entrainement à huit heures. Il ne me restait plus qu'une semaine avant les sélections. Ma dernière compétition s'était très bien passée et j'étais confiante. La seule ombre au tableau était peut être les journaux qui m'annonçaient comme l'espoir français numéro un, mais j'essayais de me dire que c'était un détail. Je n'y prêtais pas attention, mais ça m'atteignait quand même. Je ne comprenais pas pourquoi j'avais aussi peur de décevoir des gens que je ne connaissais même pas et qui ne me connaissaient pas non plus. 

J'ai vu que Ken m'avait envoyé un message pendant la nuit. Il avait multiplié les messages d'excuse pour ma veste. Je n'étais pas vraiment énervée contre lui. Au début si mais très vite j'avais surtout était triste de ne plus avoir mon objet préféré avec moi. J'avais appelé Alana en pleurs le soir même. Elle m'avait dit qu'elle pouvait essayer de me trouver le même modèle. Mais on savait toutes les deux que c'était inutile. 

Après mon entrainement, je suis allée chez Doums. Il voulait me voir ce qui me surprenait un peu. Déjà parce qu'il était midi et qu'en général, sauf s'il bossait, il était pas réveillé. On avait une passion commune : détester les matins. Il m'a ouvert un grand sourire aux lèvres. 

- Ma ptite reuss préférée !

J'ai rigolé en le serrant dans mes bras. On est ensuite allés se poser dans le canapé et je l'ai observé rouler. J'aimais bien voir Doums. J'étais le genre de personne qui avait toujours besoin de bouger ou faire quelque chose de peur de louper une occasion. Au contraire, Doums était calme et parvenait à m'apaiser. Il m'obligeait à prendre le temps. 

- Tu sais que Léna te déteste ? 

Bon comme façon de briser le silence il y a mieux. J'avais pas forcément envie de savoir dès l'aube qu'une fille que j'avais vu une dizaine de fois grand max me haïssait. J'ai siroté le fond de ma tasse de thé. 

- Ouais je sais.

Ken m'avait dit que Léna était très jalouse et elle me voyait d'un mauvais œil. Honnêtement je ne comprenais pas. Je la connaissais depuis même pas six mois et dès que je la voyais, elle me regardait mal et se comportait comme une conne à faire du passif agressif ou me traiter comme si j'étais une gamine. 

N'empêche, elle avait ma veste. Si quelqu'un pouvait faire la tronche c'était bien moi. 

- Elle est persuadée que tu veux tous nous draguer et que tu cache des choses ou je sais pas quel délire parano. 

J'ai porté une main à mon cœur en mimant un air choqué. 

- Moi ? Bon maintenant que tu le dis j'ai toujours eu un petit faible pour toi. 

Doums m'a envoyé une pichenette sur le front. En fait c'était censé être une pichenette sur le front mais il a mal visé et a touché mon œil. Un jour il allait me tuer sans faire exprès. D'ailleurs il avait surement déjà du tuer quelqu'un par accident. Il faudrait que je le questionne sur ça. 

- Enfin bref tu devrais t'expliquer avec elle. Ken a l'air de bien l'aimer et ça lui ferait plaisir si vous vous entendiez bien. 

Je l'ai observé finir de rouler. Qui mettait autant de temps pour rouler à part lui ? Et déjà pourquoi je devrais m'expliquer avec elle ? J'ai aucun problème moi. Doums a froncé des sourcils devant mon air pensif. 

- Arrêtes de réfléchir. Tu fais trop de bruit avec tes pensées, ça m'empêche de profiter. D'ailleurs ce soir on fait une petite soirée chez Ken. Tu pourrais venir pour t'expliquer avec Léna. 

- J'ai rien à lui dire moi. J'y peux rien si elle a besoin d'un psy ou je sais pas quoi. 

Doums a rigolé avant de reprendre son air sérieux. C'était un acteur en carton, ça se voyait il voulait rigoler. Mais Ken était son meilleur ami donc forcément il voulait lui faire plaisir. J'ai tenté d'argumenter mais il m'a coupé d'un air qui se voulait autoritaire :

- Je sens une énergie négative.

- Ouais, ça doit venir de moi. 

- Arrêtes de te plaindre mini Lou. Ken sera content de te voir ce soir. J'ai fais des soirées avec Léna et elle est cool. Elle serait contente qu'il y ait plus de filles avec nous. 

J'ai secoué la tête en allant me chercher un verre de jus. J'avais pas envie de sortir. Déjà parce que je culpabilisais avec les sélections. Mais aussi parce que je ne voulais pas voir Ken. J'en avais marre qu'il vienne se confier à moi et que je passe des nuits à le rassurer pour qu'au final il m'oublie dès qu'il avait mieux à faire et devoir supporter la vue de Léna avec ma veste préférée. ça me donnait des envies de meurtre quand je l'imaginais mettre son parfum de pétasse, effaçant des effluves du passé.  

Je suis revenue vers Doums avant de me laisser tomber lourdement sur le tapis. J'ai grimacé devant le jus qui s'est échappé de mon verre pour venir salir le sol. Heureusement, Doums a rien vu, trop occupé à recracher de la fumée en direction du plafond. J'ai cherché des excuses pour justifier mon absence ce soir. J'avais aucune envie de voir Léna. 

- Hakim m'a dit qu'elle était folle. Et c'est un excellent psychologue. Ses diagnostics sont toujours bons et très pertinents. 

- Il aime personne à part toi. Forcément que sa psychologie est éclatée. Argument refusé la miss. 

Doums a imité un juge frappant la table avec un marteau imaginaire. Il était perché lui. En plus Mekra aimait beaucoup de gens. Il avait un cœur en or mais il savait pas comment le montrer. Je devrais peut être lui faire part des réflexions psychologiques de mon meilleur ami. 

J'ai repris en essayant d'avoir l'air adorable : 

- Les sélections sont dans huit jours. Je peux pas sortir maintenant. Déjà là je perd du temps. 

- On perd jamais son temps quand on est avec moi. Tu veux tirer ? T'as l'air méga stressée, ça te ferait du bien. 

J'ai poussé un long soupir. Négocier avec Doums servait à rien. Il arrivait toujours à ses fins. C'était super chiant. On devrait arrêter de tout lui céder, à force il se comportait comme un gamin capricieux. Enfin, en ce moment c'est surtout moi qui me comportait comme tel. 

- Bon, je viens. Par contre mon entrainement se finit à vingt et une heures donc je serai là assez tard et je reste max une heure. 

J'ai observé mon pote mimer une danse de la joie. La seule solution pour m'enlever cette vision atroce des yeux a été de sombrer dans une sieste. J'avais pris le risque de demander à Doums de me réveiller dans une heure. Le connaissant, il y avait un risque pour qu'on se réveille les deux après un coma de quinze heures mais j'étais tellement épuisée physiquement et mentalement en ce moment que je n'ai pas plus réfléchis, préférant plonger dans les bras de Morphée qui m'accueillait pour une fois. 

Vénéneuse - NEKFEUOù les histoires vivent. Découvrez maintenant