Vénéneuse - NEKFEU

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LOUKA CASTELLE

J'ai regardé la paire de basket que j'avais dans les mains. Elle était vraiment cool mais en même temps j'avais déjà une tonne de cadeau. On allait finir à manger de l'eau pour la fin du mois si je craquait encore une fois.

- Mademoiselle si vous prenez pas cette paire vous pouvez me la passer ?

J'ai regardé l'adolescente qui tendait sa main en direction de la paire. Ça avait été une erreur de venir faire mon shopping de Noël un mercredi soir en sortant du travail. Visiblement tout Paris avait eu la même idée de sortir à dix huit heures.

- Je peux l'avoir ?

J'ai tendu la paire à la jeune fille en m'excusant. Elle a rejoint sa copine avec ma paire dans ses mains, l'air contente. Au moins j'avais fais une heureuse.

J'ai jeté un coup d'œil à la liste de cadeaux que j'avais prévu. J'avais pas mal avancé mais il me restait encore quelques trucs à trouver. Dire qu'on faisait Noël avec les gars dans cinq jours... j'étais pas dans la merde.

En vrai ça aurait été tellement plus simple si mon cousin avait accepté de venir m'aider. Mais monsieur avait préféré faire sa star et m'avait dit qu'il évitait les magasins en période de fêtes. J'ai filé à la caisse pour payer des chaussettes. Un achat bien minable. J'ai souris en entendant les premières notes de On Verra raisonner dans le magasin. La fille de toute l'heure a commencé à chantonner avec sa copine derrière moi. C'était un peu cute même si elle chantait faux.

- N'empêche elle est trop chanceuse la copine de Nekfeu.

J'ai grimaçé. Ça devenait gênant là. En plus, c'était Ken qui était chanceux d'être avec moi. C'était un miracle même.

Je me rappelle la première vois que je l'avais vu j'avais même pas capté que c'était Nekfeu. Je savais que mon cousin était ami avec lui mais j'écoutais quasiment pas de rap parce que je passais mon temps à m'entrainer et à écouter les musiques qui servaient pour mes chorés. On avait eu la première rencontre la plus éclatée au sol possible. Ça faisait un mois que Paco était mort, j'étais déprimée à l'idée d'être à Paris et pour être honnête je voulais même pas sortir. Mais Deen m'avait forcé à sortir et je l'avais suivi. Pendant la soirée Ken était venu me parler et m'avait demandé si j'étais la fameuse Louka. J'avais aucune idée de qui il était et je m'étais contenté de le dévisager avant de demander d'où on se connaissait. Ça l'avait fait rire. Je crois qu'au fond ça avait du lui plaire que je vois Ken avant de voir Nekfeu.

Je suis ensuite sortie du magasin pour rejoindre le métro. Le froid me mordait les joues et je me suis dépêchée de filer vers la bouche du métro. J'avais qu'une hâte : rentrer chez moi et prendre un bain brûlant. J'ai rapidement envoyé un message à Ken pour savoir s'il voulait passer chez moi plus tard.

J'avais toujours eu du mal à être seule le soir. En général, je me sentais déprimée sans raison à ce moment là. J'étais parfois assaillie par des angoisses totalement irationnelles et j'avais du mal à faire face. Ça me rassurait quand le grec était avec moi. Il arrivait toujours à me faire penser à autre chose, me parler ou me faire rire. J'essayais de ne pas trop lui montrer pour éviter d'être une charge mentale ou je sais pas quoi. Il m'avait avoué qu'en ce moment il était crevé et un peu abattu. Ça me faisait de la peine et surtout je me sentais impuissante. Je détestais ce genre de sentiment.

Une fois arrivée chez moi, il ne m'avait toujours pas répondu. J'espère qu'il avait pas prévu de passer encore une nuit au studio à se mettre mal. Je pense qu'être en couple avec une personne autant insomniaque que moi était pas forcément la meilleure idée. Sortir avec quelqu'un qui avait un rythme de sommeil normal m'aurait forcé à me coucher à des heures normales. Là on faisait juste nimp les deux.