Chapitre 29

61 1 0
                                    

PDV Sara 

Le temps au mois de juin à New-York est agréable mais, en juillet, il devient insupportable. Je commence à avoir l'impression d'être enfermée dans un dédale de tours et de cuire dans un four de briques. Pour la première fois depuis que j'ai emménagé ici, Chicago me manque. Le veut qui vient du lac, ces tunnels d'air si puissant qu'ils vous poussent quand vous marchez. Le ciel vert des tempêtes d'été me manque, et les journée passées à s'en protéger, pelotonnée dans le sous-sol chez mes parents, à jouer au flipper avec mon père. 

Ce qui est merveilleux à Manhattan, cependant, c'est que je peux marcher sans aucun but et tomber par hasard sur quelque chose d'intéressant. Dans cette ville, il y a tout, des nouilles chinoise livrées à trois heures du matin, des hommes capable de dénicher un entrepôt plein de miroirs pour une escapade sexuelle, et un flipper dans un bar à quelque centaine de mètre de mon bureau. Quand j'aperçois les lumières à travers la vitre, je flanche, la ville vient de me donner exactement ce dont j'ai besoin. 

Peut-être plus souvent que je veux bien l'admettre. Je m'enfonce dans l'immeuble sombre, en me concentrant sur l'odeur familière de pop corn et de bière. Nous sommes jeudi midi et le soleil brille, mais le bar est assez sombre pour que je croie qu'il est minuit, que toute la nuit dort ou joue au billard. Le flipper devant est tout neuf, avec des manettes brillantes et une musique Emo Punk que je n'apprécie pas particulièrement. Mais dans un coin, il y a une vieille machine avec le mot KISS écrit sur les côtés et un dessin de la bouche ouverte de Gene Simmons, la langue pendue. 

Au bar, je fais de la monnaie de quelque dollars, je commande une bière et je me fraye un chemin parmi les habitués pour atteindre le jeu du fond. 

Mon père est un collectionneur. Quand j'avais cinq ans. Je voulais un chiot, il m'a offert un dalmatien et puis un autre, jusqu'à ce que la maison soit pleine de chien sourd s'aboyant mutuellement dessus. 

Puis ce furent les Corvair de collection, les carcasse en général. Papa louait un garage spécialement pour elles. 

Puis les vielles trompettes. L'art d'un sculpteur local. Et finalement, les flipper. 

Papa stocke soixante-dix flipper dans un garde-meuble. Il y en a sept ou huit dans une salle de jeu à la maison. C'est pendant un jeu de flipper que papa et Andy ont fait connaissance. Même si papa n'avait aucun moyen de savoir qu'Andy n'avait jamais joué au flipper de sa vie.. Il a fait comme si la collection de papa était la chose la plus impressionnante qu'il ait jamais vue, les manettes. Papa était conquis, et moi , ravie. Je n'avais que vingt et un ans et je n'était pas sûre de l'accueil que mes parents ferait à un petit ami de dix ans mon aîné. Mais papa a immédiatement fait tout ce qu'il pouvait, temps, énergie et carnet de chèque, pour soutenir notre relation et les ambitions d'Andy. L'estime de mon père est facile à gagner et ensuite, presque impossible à perdre. 

À moins, bien sûr, qu'il ne tombe sur vous au milieu d'un dîner romantique avec une femme qui n'est pas sa fille. Malgré le récit de mon père et son insistance pour que j'ouvre les yeux, j'avais choisi de croire la version d'Andy, le femme était un membre de son équipe, très bosseuse, déprimée par une rupture, qui avait besoin d'une oreille. C'était tout. 

Quel patron attentionnée!

Deux mois plus tard, il était photographié par le journal local en train de me tromper. 

J'insère une pièce de monnaie dans le flipper et je positionne mais mains sur les deux côtés, en regardant les boules d'argent qui brillent dans un râtelier. La musique et les sifflets ont dû être déconnectés, le flipper reste étrangement calme quand j'envoie la premières boule. J'actionne les manettes et secoue la première boule. J'actionne les manette et secoue la machine avec mes hanches. Je suis rouillée, je joue mal, mais je m'en fous. 

J'ai vécu plusieurs de ces moments calmes ces dernières semaines. Des moments où je réalise combien j'ai grandi et combien je suis inexpérimentée dans sa vie, surtout en ce qui concerne les relation amoureuses. La fréquentation de Chloé et Bennett, qui se sont choisis et qui s'adorent, est édifiante. Et là, toute seule  en train de jouer, je me sens parfaitement heureuse, une sensation oubliée. 

Quelque hommes s'approchent pour me parler, je suis habituée, les hommes ne résistent pas à une femme qui joue seul au flipper. Apres quatre parties, je sens un regard insistant. 

Et presque un souffle dans mon cou. J'avale une gorgée de bière et je me retourne. Max est debout, de l'autre côté de la pièce. 

Il est avec un autre type que je reconnais pas. Il porte aussi un costume, ce qui détonne dans ce bar comme moi, dans ma robe grise ajustée et mes talons rouges. Max me regarde par-dessus sa bière. Quand je le repère, il lève son verre en souriant. 

Je termine ma partie au bout de vingt minutes environ et je m'approche d'eux, en m'empêchant de sourire comme une idiote. J'avais envie de le voir, je ne l'avait même pas réaliser. 

-Salut, dis-je en souriant timidement. 

-Salut toi. 

Je regarde son ami à côté, un homme plus âgé, le visage allongé et des yeux marron d'une grande gentillesse. 

-Sara Dillon, je te présente James Marshall, un collègue et très bon ami. 

Je lui serre la main. 

-Enchantée, James. 

-Moi aussi, ravi.

Max boit une rasade de bière et me pointe par-dessus son verre. 

-Sara est la nouvelle tête du département financier chez RMG.

Les yeux de James s'agrandissent, il hoche la tête, impressionné. 

-Ah! Je vois..

-Qu'est-ce que vous faite ici? Ça n'est pas vraiment l'endroit pour travailler en plein milieu de la journée. 

-On a envoyé balader nos dossier, comme tout le monde en ville. Et toi, miss? On se cache? 

Une lueur diabolique étincelle dans les yeux de Max. 

beautiful strangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant