Chapitre 22

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Pdv de Sara

C'est peut-être pour ça qu'Andy était si efficace. Rien n'aère si bien la tête qu'un orgasme décapant avec un inconnu sublime qui ne s'attend pas à ce que j'aille récupérer ses vêtement au pressing. Lundi matin, je me sens peine d'énergie et totalement d'attaque pour la réunion de neuf heures.

Les autres managers et leurs assistants sont finaement arrivés dans les nouveaux bureaux. Et comme plusieurs projets sur lesquels Bennett a travaillé se concrétisent, nous sommes submergés par la perspective de vingt nouveaux clients en marketing. Je suis sous l'eau. Le bon côté, c'est que je n'ai pas le temps de fantasmer sur les poupées vaudou bien foutues d'Andy et les techniques de castration.

Mais entre deux moments de frénésie, réunions sur réunion, coup de téléphone, toilettes, je me remémore ma nuit avec Max, son corps dur et nu contre le mien, mes membres lourds d'épuisement, ses mains enfoncées dans mes cheveux...

"Ne ferme pas les yeux. Ne ferme pas les yeux, putain! je vais jouir..."

Même si ça a été génial, je me suis sentie assez mal pendant quelques heures samedi matin. Je ne regrette rien, j'étais juste un peu embarrassée à l'idée que je l'avais fais, vraiment. Peut-être que je donne à Max une très mauvaise impression en me pintant dans un quartier inconnu, prête à faire tout ce qu'il voudrait devant des centaines de miroirs. Ou il était clair que personne ne pourrait m'entendre si je criais à l'aide.

Mais même avec ce sentiment de mortification, je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Je me sens protégée entre ses bras et, aussi étrange que cela puisse n'importe quoi. Qu'il voit en moi quelque chose que personne n'avait jamais vu. Il n'a même l'air surpris, il ne me jugée quand je lui exposé ses conditions dans son bureau. Il n'a même pas foncé les sourcils quand je lui ai dit qu'il était hors de question qu'on baise dans un lit.

Je m'assois dans mon fauteuil, devant mon bureau. Je ferme les yeux en  essayant de me rappeler la dernière fois qu'Andy et moi avons fait l'amour, il y a plus de quatre mois. Nous nous étions arrêtés pour nous engueuler sur une question d'emploi du temps, le sien ou le mien. Le manque d'intimité de notre relation m'avait donné l'impression d'une ombre grandissante qui recouvrait la chambre entière.

J'avais essayé de pimenter les choses, j'était arrivée à son bureau très tard une nuit,seulement vêtue d'un long imperméable  et de talons. Mais j'aurais mieux fait d'arriver dans un déguisement de canard, vu son embarras: "Je ne peux pas faire l'amour avec toi ici", avait-il grommelé en regardant par-dessus mon épaule.  Peut-être avait-il dit ça parce qu'il ne pouvait baiser dans son bureau que des inconnues. Je m'étais sentie humiliée.

Et sans dire, j'étais partie.

Plus tard dans la nuit, il était rentré et avait fait des efforts. Il m'avais réveillée pour m'embrasser en essayant de prend son temps et de rendre la chose agréable  pour moi.

Echec total.

J'ouvre les yeux, cette découverte  m'impressionne, alors que je suis totalement déconnectée de ces histoires. Avec Max je me sens si bien, alors qu'Andy m'a toujours rendue malheureuse. Il est temps pour moi de grandir et d'arrêter de m'en vouloir de prendre mon pied.

Même s'il me manque vraiment beaucoup, savoir que j'aurai des nouvelles de Max à un moment ou un autre m'aide à ne plus obsédée par la question de savoir quand, pendant toute la semaine. Mais vendredi midi, à l'heure du déjeuner, il ne m'a toujours pas contactée. Je réalise que si Max ne veut plus me voir, il suffit de ne pas m'envoyer de texto. Nous n'avons pas établie de règles pour arrêter ça ou pour se retirer avec classe. En fait, mon schéma lui permet de se retirer de la manière la plus classe possible, simplement disparaître. Cet arrangement a un côté confortable, il tient à si peu de chose qu'il peut s'évaporer à tout moment.

Mais j'ai envie de le revoir. Je pose mon téléphone dans le tiroir de mon bureau, déterminée à ne pas le prendre pendant ma réunion cet après -midi. Mais après dix minutes de discussion à propos d'une campagne marketing de lingerie, le souvenir de Max est en train de descendre sur mes jambes, ma culotte de dentelle trempée me déconcentre tellement que je trouve une excuse pour me lever et pour courir dans mon bureau le récupérer.

Pas de message. Putain.

Je retourne dans la salle de conférence, je trouve Bennett en train de parcourir les slides à la vitesse de la lumière. Ca me dérange pas parce que je les ai consultés avant, mais sont le point de vomir leur déjeuner.

-Ralentis un peu, Bennett, lui dis-je calmement.

Son attention se reporte sur moi, et sa mauvaise humeur de même.

-Quoi?

J'avale ma salive. Collègue ou pas, il me fait toujours peur.

-Je pense que tu fait défiler les slides de la segmentation de marché trop vite. Tu les as terminés hier, dans l'avion. Laisse-nous le temps de les digérer

Il acquiesce avant de se tourner à nouveau vers l'écran. J'ai l'impression qu'il compte jusqu'à dix dans sa tête pour leur laisser le temps de lire les slides, et je parcours la salle à la recherche de Chloé. Elle le fixe en mordant son stylo pour éviter d'éclater de rire. Je doute que Bennett ait la moindre sympathie pour les employés de RMG qui viennent de laisser derrière eux leur vie à Chicago. Et il s'attend à ce qu'il mémorisent dix-sept tableaux de chiffres en vingt-quatre heures.

-C'est bon? demande t-il en cliquant sur le slide suivant sans attendre une réponse.

Rattrape ton retard ou attrape le prochain train.

C'est ce que j'ai entendu Bennett dire au nouvel associé marketing, Cole.

Mon téléphone vibre sur la table je l'attrape en m'excusant pour l'interruptions. Je remercie le bon Dieu pour la distraction permanente que n'offre Bennett Ryan, ce perfectionniste impatient. Pendant deux minutes, j'ai oublié de me demander si Max voudrait ou non me revoir.

La bibliothèque public de New-York a des livres passionnante. Schwartzman Building. 18h30. Porte une jupe, tes talons les plus hauts et pas de culotte.

Je sourie à mon téléphone, en pensant que Max est un connard chanceux, je n'aurai qu'à enlever ma culotte avant de le retrouver. Quand je relève les yeux. Chloé tient toujours son stylo entre ses dents mais, cette fois, elle me regarde, les sourcils relevés. Je me tourne vers Bennett en prenant garde d'ignorer Chloé. Mais je n'arrive pas à me défaire de mon petit sourire de contentement.

beautiful strangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant