Chapitre 26

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PDV Max

Après déjeuner, je quitte mon bureau en hélant un taxi. Je vais faire un petit tour pour voir une nouvelle installation d'art à Chelsea. J'ai aidé un vieux client à trouver et à ouvrir une galerie, où il expose une série de photos rares de E.J Bellocq pour quelques semaine seulement. Il a suffi d'un e-mail d'une ligne, elles sont arrivées, pour foutre en l'air le reste de ma journée.

Je meurs d'envie de voir les pièces inédites reconstruites à partir des négatifs endommagés de la série "Storyville" de Bellocq. Même si je me suis passionné assez tard pour son travail, c'est son oeuvre qui a déclenché ma fascination pour les photos du corps dans sa simplicité et dans sa vulnérabilité, sous toutes les coutures. Et pourtant, avant Sara, je n'avais jamais pris de photo de moi avec une femme.

C'est bien là le problème. Les photos que j'ai prises de nous ne sont en aucune façon une réplique de l'art de Bellocq, mais son travail me fait penser à elle. Sa taille fini, son ventre doux et la courbe élégante de ses hanches.

Et jetant un coup d'œil à mon téléphone, je regrette pour la millième fois de ne pas avoir de photo de ses yeux pendant qu'on faisait l'amour.

Putain.

Baiser. Pendant qu'on baisait.

Il fait chaud dehors, mais rien d'insupportable. Après avoir vu les photos, j'ai envie de marcher pour calmer mon excitation. Le trajet de Chelsea au centre-ville j'est pas très long mais, près de Times Square, je réalise qu'un homme me suit, un appareil photo à la main.

J'ai toujours supposé que les paparazzis réaliseraient à un moment ou un autre que je n'étais pas aussi intéressant qu'ils le pensaient. Mais j'attends toujours. Ils me suivent pendant mes week-ends, mes soirée de bienfaisant, tous les événements d'entreprise. Ca fait à peu près quatre ans que rien d'intéressant ne m'est arrivé, à part des soirées occasionnelles avec des femmes à moitié célèbre, et je ne peux pas faire trois pas dans Manhattan sans que quelqu'un me repère.

Soudain, mon humeur légère s'évanouit. J'ai envie de rentrer chez moi, pour regarder sans réfléchir Monthy Python et boire des pintes. On est mardi, putain, et j'ai envie de Sara.

-Cassez-vous, je crie sans me retourner.

-Juste une photo, Max. Une photo et un commentaire sur Keira et toi.

Merde. C'est racontars encore? Je l'ai rencontrée il y a un mois à un concert.

-Ouais. Je baise Keira Knightley, ouais. Est-ce que vous pensez franchement que je suis la bonne personne pour confirmer ça?

Les pneus d'un taxi crissent dans le virage. J'ai une peur bleue quand la porte arrière s'ouvre. Un bras nu en sort, une main me fait des signes frénétiques. Et puis Sara se penche en avant, tout sourires.

-Allez, monte!

Je mets plusieurs secondes à reconnecter mon cerveau à mes jambes et à ma bouche.

-Merde alors. Ouais brillant!

J'entre dans le taxi et je pose mon attaché-case en la regardant.

-Hé! Max. Tu avait l'air un peu embêté.

-Tu as tout compris.

Elle hausse les épaules en souriant de son sourire étrange et fuyant.

Je grommelle.

-Putain de paparazzis.

Sara croise les jambes et hoche la t^te.

beautiful strangerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant