House Of Memories [Kiribaku]

.18.

Pdv Katsuki
Je sens mon cerveau s'engourdir. Les membres de mon corps ne semblent plus me répondre, ou du moins m'obéir.
Kirishima ne bouge pas, et pourtant il s'approche. Je m'approche. Et mes mains fument, elles crépitent, elles brûlent.
Je serre les dents, j'essaie de m'arrêter, mais mon esprit est embrumé, complètement désorienté. Mes yeux voient sans regarder, mes oreilles écoutent sans entendre... Une marionnette.
Kirishima ne bouge pas. Il fixe un point derrière moi, et je devine qu'il s'agit de son '' maître '', celui-là même qui influe actuellement sur le cours du tournoi.
Sa peau se durcit. Elle craquelle, perd en souplesse, ressort par endroit.

- Je ne bougerai pas.

Mon bras se lève. Il place les siens devant lui en seule protection. Je frappe. Il ne recule même pas. Enfin, pas au premier coup. Au cinquième, ses pieds commencent à se décaler, son corps à perdre du terrain.
Et les gens applaudissent. Ils aiment ça, les enfoirés. Ils en veulent plus ? Putain, ils auront ce qu'ils veulent. Dès que j'aurai trouvé un moyen de nous sortir de là, je reviendrai les massacrer. Tous. Je vais mémoriser chacun de leur visage, chacun de leur trait, chacun de leur fichu sourire collé sur leur face.
C'est si facile de rire quand on n'est que spectateur.
Et on verra, quand ils seront devant moi, s'ils en demandent encore. On verra s'ils se marrent, s'ils paient pour que ça recommence.

Pdv Kirishima
J'ai mal.
Je sens mon épiderme se fissurer, s'ouvrir. Mon sang tambourine dans mes veines, partagé entre l'adrénaline et son devoir de me maintenir en vie, de faire battre mon cœur, pour au moins les quelques battements qu'il lui reste.
Nos regards se croisent. A nouveau. Comme si c'était la première fois qu'on se voyait, mais peut-être, peut-être dans un autre contexte. Les siens brillent. Ses pupilles rouge sang, rouge passion, rouge vif.
L'espace d'une seconde, je ne veux plus lutter. Je ne veux pas me battre contre lui, je me moque de gagner, je me moque de perdre. Je veux perdre. Parce que la victoire est synonyme de vie, et qu'il a assez souffert. Parce que la défaite est synonyme de mort, et que c'est ce que j'ai apporté à chaque personne que j'ai ramené ici.
Parce que c'est ma faute.
Son poing s'abat une nouvelle fois sur moi. Je suis tiraillé entre l'abandon et... Et lui laisser croire que je peux survivre. Je sais que je vais mourir. Je ne l'avais pas prévu, mais ça me paraît si évident, à présent.
Je lâche un petit rire, et une goutte d'eau salée se glisse entre mes lèvres. Quel imbécile. Je n'avais pas envisagé cette issue là, pas un seul instant. J'étais parti vainqueur, et me voilà.
Je ne me relèverai pas.

Pdv Katsuki
Son avant bras se brise. A l'oreille, ce n'est qu'un craquement. Mais je sens chacune des parcelles de sa peau craqueler et s'enfoncer sous mes coups. Je ne sais pas comment m'arrêter. J'essaie, vraiment. Je savais que mon corps était fort, mais, fier et abruti comme je suis, je m'étais persuadé que mon esprit l'était aussi, et j'avais visiblement tord.
Il serre les dents : le muscle de sa mâchoire est contracté. Ses membres se renforcent encore. Il perd un peu de son apparence humaine, comme ça, avec sa peau qui se divise et ressort de partout. Les reliefs que lui procurent son pouvoirs sont impredionnants. J'aurais aimé le découvrir autrement.
Pars. Cours loin d'ici.
Le sable ne l'aide pas. Il dérape et peine à ne pas tomber. Mais putain, je ne m'obéis plus, et je profite de ces quelques secondes de déséquilibre pour le pousser au sol.
Ma main prend la sienne et l'immobilise. Ça ne se voyait pas, jusqu'à présent, mais je le sens en le touchant. Il tremble. Ses doigts se referment entre les miens sans pouvoir maintenir la pression. Ses yeux brillent de peur. Et dans ses yeux, moi.
Je n'ai jamais voulu qu'il me craigne.

- Ne me regarde pas comme ça, Bakugo... Tout va bien.

Ma main libre se réchauffe. Les étincelles chatouillent ma paume. Il fait chaud, je transpire. Cette explosion va faire des dégâts.