House Of Memories [Kiribaku]

.2.

Pdv Kirishima
Il n'est ressorti qu'au bout de quelques heures. Seul.
Il restait un peu de sang sur ses poings. Il a vraiment la classe. J'ai beau imaginer ce qu'il s'est passé pendant son '' entrevue '' avec l'autre, je n'arrive pas à m'enlever cette idée de la tête. Qu'il soit bon ou mauvais, on ne peut pas nier qu'il a un certain charisme.
Alors qu'il ignorait tout le monde, son regard se pose sur moi.

- Ils t'ont donné à manger ?

Je fais non de la tête. Il fait claquer sa langue d'agacement et sort. On peut l'entendre crier des insultes et des ordres.
Les vingt-trois autres à côté de moi tremblent. Moi non. Je ne saurais pas expliquer pourquoi.
Il revient, une assiette à la main. Il me la tend.

- Mange.
- Merci !

Je m'assois au sol. Ça se trouve, le plat est empoisonné. J'en sais rien, je ne le connais pas. Mais je ne suis pas assez fou pour essayer de le contredire. D'autant plus qu'on vient d'avoir un aperçu de ses capacités. Directement, je pose le plat devant moi et fais signe aux autres de s'approcher. S'il aime frapper pour se défouler, ça m'étonnerait qu'il soit du genre à piéger la nourriture.

- Venez ! On partage !

Ils ne se font pas prier. Il me regarde faire en silence. Je ne connais même pas son nom. En même temps, je ne crois pas être ici pour faire ami-ami, alors c'est compréhensible.

- Tu les connais ?
- Pas le moins du monde. Mais c'est important de partager.
- Si tu le dis.
- Tu en veux ?
- Non, merci.

J'engloutis une cuisse de poulet. Délicieux.
Il s'acroupit devant moi.

- T'es vraiment bizarre.

On me dit ça depuis que je suis gosse.

- « Différent » et « bizarre » sont deux mots bien dissociés. Fais attention au vocabulaire que tu utilises.

Il attrape mon menton entre deux de ses doigts pour me forcer à le regarder.

- Tu sais à qui tu parles, là ?
- A toi, non ?
- Tu me tutoies, en plus ?
- Bah, si tu veux que je te vouvoie, va falloir me vouvoyer aussi.
- Huh ?

Je lui souris. Il me fait rire. Il a beau avoir un corps impressionnant, il agit comme un enfant. Capricieux, provoquant, spontané. Et généreux, parfois. Je change d'avis. J'ai envie de voir ce que ça peut donner si je ne suis pas tout ce qu'il dit. C'est plus intéressant.
Il reste devant moi jusqu'à ce que l'assiette soit vide. Ensuite, il la ramasse négligemment et part.
Les gars (il n'y a aucune fille) osent enfin parler, maintenant que nous sommes seuls.

- Il fait peur.
- Il va nous tuer.
- Sans Kirishima, on n'aurait pas pu manger.
- Il a l'air méchant.
- C'est évident qu'il l'est.
- Faut pas le provoquer.
- Moi je le trouve cool !

Tout le monde se tourne vers moi. Une seconde s'écoule. Puis deux, puis trois. Finalement, ils m'ignorent.
J'aurais sûrement eu droit à des brimades si je n'avais pas partagé la nourriture.
L'après-midi, un homme fait irruption. Je le reconnais à sa carrure. C'est le gars qui a énervé le '' maître des lieux '' dans la matinée.
Il a l'air assez faible, voir mou.
Il s'approche.
Les lieux sont peu éclairés, mais je reconnais quelques bleus et entailles sur son visage, son cou et ses bras. Les parties visibles de son corps, en somme.
Il me donne un coup de pied, et je me retrouve expulsé contre le mur.
Même pas mal.

- TOUT ÇA, C'EST TA FAUTE !

Mais de quoi il me parle, celui-là ?

- REGARDE DANS QUEL ÉTAT JE SUIS ! PAUVRE MERDE ! RECEVOIR DES ORDRES POUR NOURRIR UN RIDICULE ESCLAVE !