Rappel : Sergio Ramos a appris la terrible nouvelle dans la matinée. L'après-midi, il se rend à son entraînement en compagnie d'Ester, sa cadette.
Point de vue de Gianluigi
L'arrêt de la carrière internationale si soudaine de Sergio nous a mis un gros coup au moral.
En sortant des vestiaires, je vois Ester parler avec le coach avant que l'entraînement ne débute. Il vient d'autoriser Sergio à ne pas se surpasser en raison de la situation à caractère exceptionnel.
J'imagine que cette décision n'aurait pas été prise si sa petite sœur n'était pas intervenue. Le lien entre eux semble très fort. Ils sont toujours présents l'un pour l'autre. Quoi qu'il arrive.
En les observant, je ressens encore plus l'absence de ma famille. Elle me manque tellement. Être loin d'elle ne me réussit pas je crois.
Le cœur lourd, je rejoins les autres gardiens du club au niveau des cages.
— Buongiorno Gigio*, me salue Alexandre (Letellier) lorsque j'arrive à leur hauteur.
— Salut Alex', ça va ?
— Toujours quand je sais que je vais te mettre la pâtée, plaisante-t-il.
Je ne me sens même pas la force de relever ce qu'il vient de m'asséner. Je ne me sens pas la force de répliquer à mon tour, de le tacler comme je le fais habituellement. Je ne me sens vraiment pas en forme aujourd'hui. L'ambiance n'est pas à la rigolade non plus sur le terrain. Nous travaillons notre technique, enchaînons les exercices sans un mot.
Seuls les cris que poussent mes amis pour se passer la balle rompent le silence pesant qui règne. Ester nous mitraille de photos. Je ne préfère pas imaginer les têtes que nous tirons dessus... Son regard rencontre le mien. Son télé-objectif en main, elle s'arrête. Son front se plisse, ses sourcils se froncent. Elle doit percevoir mon mal-être, c'est certain. Gêné, je détourne la tête et reprends les arrêts. Avec prudence, je me jette sur le sol, rattrape le ballon envoyé, me remets sur pieds et ainsi de suite. Bien que l'on apprenne à tomber, je ne donne pas cher de mes hanches plus tard.
Alexandre prend la relève. Exténué, je saisis le bas de mon maillot et essuie la sueur qui coule sur mon visage. De son côté, Kylian poursuit son cadet, Ethan, sur la pelouse. C'en est trop. Je lance mes gants à terre et cours à perdre haleine jusqu'aux vestiaires. Au moins, ici, personne ne va me déranger. Je vais pouvoir laisser éclater ma rage.
Ou peut-être pas tout compte fait. La Madrilène d'adoption fait une entrée remarquée. Elle marche sur un de ses lacets défait, trébuche, tente de se rattraper in extremis puis bascule vers l'avant et atterrit la tête la première dans le chariot de ménage oublié par la compagnie que le PSG emploie.
Malgré ma détresse, je ne peux m'empêcher de sourire devant le comique de la situation. Paniqué ensuite, je me précipite pour l'aider. Tant elle se débat, je dois lui immobiliser les jambes et la tire vers moi par les chevilles.
Rouge cramoisie, elle rabat, furieuse, le couvercle de la poubelle d'un geste brutal.
— Tu ne t'es pas fait mal ? m'enquiers-je alors qu'elle file au lavabo faire un brin de toilette.
— Peu importe. Je ne suis pas là pour parler de moi.
— Pourquoi tu es venue alors ?
— Pour toi, banane. J'ai bien vu que tu n'étais pas dans ton assiette... Je voulais m'assurer que ça allait à peu près. Tu parais tout triste. Et ce n'est pas anodin de se réfugier ici.
Stupéfait, je ne sais que répondre. Ester semble être une jeune femme très perspicace. Ou je suis très mauvais acteur et ne parviens pas à cacher ce qui me tracasse. Ou les deux. Toutefois, je dois l'admettre, je suis prêt à me confier. Ne serait-ce qu'un peu. Je ne suis en aucun cas obligé de lui dévoiler en totalité mes tourments. Avec timidité, elle tapote le siège libre à côté d'elle. Je m'y installe et soupire. J'apprécie le fait qu'elle ne me brusque pas. Elle attend patiemment que je me livre.
— Tu as raison, la période est assez compliquée pour moi en ce moment, admets-je.
— Je sais qu'on ne se connaît pas très bien mais tu veux m'en parler ?
— En fait, je me sens terriblement seul et ma famille me manque. Mon pays aussi, les traditions et le climat. C'est peut-être bête mais ne pas parler italien tant que ça alors que c'est ma langue natale me pèse également.
— Tu ne retournes pas en Italie de temps en temps ?
— C'est compliqué pendant la saison.
— C'est vrai. Et ils ne peuvent pas te rendre visite ?
— Ils le font mais ce n'est pas assez à mes yeux. Et puis, ma copine n'est même pas spécialement présente en ce moment pour moi. J'ai le sentiment qu'on s'est éloignés. À plusieurs reprises, j'ai voulu lui faire la surprise en rentrant plus tôt mais elle n'était pas là. Elle sort de plus en plus. Je suis content qu'elle découvre Paris mais je ne comprends pas pourquoi notre relation en pâtit. Je suis désolé. Je ne sais pas si je suis clair. C'est très brouillon ce que je dis, je suis un peu perdu.
— Ce n'est pas un problème pour moi. J'ai tout saisi. Tu peux employer les mots que tu veux.
— Et pour finir, il y a toute cette haine et cet acharnement que je subis sur les réseaux sociaux de la part des supporters du PSG. Lorsque l'équipe perd, ils me tiennent pour responsable. Comme si les garçons n'étaient pas sur le terrain. Comme si j'étais le seul à faire des erreurs mais on est une équipe. Le football est un sport collectif...
Horrifiée, elle ouvre la bouche puis la referme. Ses doigts hésitants se posent sur mon avant-bras. Du bout du pouce, les caresses qu'elle entreprend m'apaisent. Même si je me suis retenu de tout lui raconter, je suis soulagé d'un poids.
— Ça fait beaucoup, se désole-t-elle. Les garçons prennent ta défense ?
— Ils publient des photos ou des storys avec moi mais ils ne peuvent pas faire beaucoup plus.
— Je trouve profondément choquant que, sous prétexte qu'ils sont derrière un écran, des idiots se permettent de briser une personne qui n'a rien demandé. Si je peux te donner un conseil, ne fais pas attention à eux. Ne les écoute pas. Il y aura malheureusement toujours des individus qui ont mauvais fond, qui s'épanouiront dans le conflit. Ne laisse pas ces commentaires t'atteindre. Je sais que ce n'est pas grand chose mais tu as tout mon soutien. On voit tout le travail sérieux dont tu fais preuve, tu te surpasses chaque jour et c'est humain de ne pas arrêter tous les ballons. Pour ma part, je pense que tu es un excellent gardien. Et concernant ce qui se passe avec ta copine, ne te bile pas. Peut-être qu'en mettant les choses à plat, tout s'arrangera ?
— Merci Ester. Je l'espère, murmuré-je, en la serrant contre moi, ému.
— En tout cas, sache que si tu as besoin d'une oreille attentive, tu peux compter sur moi. N'hésite pas, tu n'es pas obligé d'affronter ça seul. Et merci à toi de m'avoir expliqué ce qui te tracasse. Ça t'a fait un peu de bien ?
— Tu n'as pas idée. Je me répète mais merci pour tout.
— Avec plaisir. Tu veux que je prévienne Christophe et lui demande si tu peux arrêter la séance ?
— Non, ne t'inquiète pas. Je vais reprendre pour extérioriser tout ça.
— Pas de problème. Attention, ne te blesse pas, me met-elle en garde.
— Promis.
Satisfaite, elle se redresse et me tend sa main pour m'aider à me relever à mon tour. Son écoute m'a réconforté. Sergio a de la chance de l'avoir dans sa vie.
Tout sourire, nous retournons sur le terrain. Je reprends ma place dans les cages tandis qu'elle se précipite, comme si de rien n'était, vers Ilona, sa meilleure amie.
*Gigio : diminutif de « Gianluigi » utilisé par ses coéquipiers.
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Passion au stade {PSG}
FanfictionAprès avoir subi les remarques et des avances d'un patron misogyne, Ester, très ébranlée, quitte l'Espagne pour retrouver son grand frère, Sergio Ramos. Lorsqu'elle débarque dans la capitale française, sa meilleure amie et petite sœur de Neymar, Ilo...