☼ Chapitre 7 : Ester Ramos ☼

189 9 150
                                    

Point de vue de Marco

L'entraînement d'hier ayant été éreintant, je ne pense pas faire grand chose aujourd'hui.

J'ai prévu uniquement de nager quelques longueurs à la piscine municipale pour me remettre en forme. Et connaissant son amour pour l'eau, j'ai invité Ester à venir avec moi. Elle ne devrait plus tarder maintenant d'ailleurs. Après avoir fait un magnifique créneau, elle sort de la voiture qu'elle a empruntée à Sergio, arrange ses lunettes de plongée pour me faire une blague, prend son sac à dos rose bonbon et part dans la mauvaise direction.

Vite, j'enfile mes baskets en la voyant se diriger droit vers chez mon voisin hargneux et hostile.

Mince ! Je n'ai pas été assez rapide. Son doigt a appuyé sur la sonnette de l'entrée. Je l'appelle, en vain. Elle ne m'entend pas. Au pas de course, je fais le tour de la haie de buisson qui nous sépare mais il est trop tard. La porte s'ouvre déjà sur le cinquantenaire peu commode.

Exactement comme si elle sortait tout droit d'un asile, il la scrute avec dédain. Interdite, Ester ne bouge plus. Elle peine sans doute à réaliser qu'elle s'est trompée de maison et ne semble pas savoir comment réagir.

— Non mais c'est quoi cet accoutrement ? C'est une caméra cachée ? vocifère-t-il.

— Toutes mes excuses, Monsieur. Je croyais que j'allais voir mon ami, Marco Verratti, bégaye-t-elle dans un français approximatif, au bord de la syncope.

— C'est à côté ! hurle-t-il, avant de lui claquer la porte au nez.

La mine déconfite, elle fait volte-face. Tant elle est effrayée, ses cheveux auraient pu se dresser sur sa tête. Dissimulés derrière les verres embués, je distingue à peine ses yeux peinés. Les ventouses, comme j'aime les appeler, auront dû perdre de leur adhérence sur la peau sous l'effet du choc.

Sans réfléchir, je la prends dans mes bras. Mes mains frictionnent son dos voûté par le chagrin.

— Viens là, ma Ester. Ce n'est pas si grave, tenté-je de la réconforter.

— C'était qui ce sauvage ? se plaint-elle.

— Monsieur Camus. Bienvenue dans mon quartier...

D'un geste tremblant, elle retire ses lunettes et les range en silence dans son sac. J'ai l'impression d'être une éponge émotionnelle. Je ressens sa tristesse. Le goût de la plaisanterie lui a passé.

— Tu veux des caribous* avant qu'on y aille ? reprends-je.

— Qu'est-ce-que c'est ? s'enquiert-elle.

— Ce sont des bonbons. Il y a plein de sortes différentes.

— Oui, je veux bien. Je ne connais pas.

Satisfait par sa réponse, je l'entraîne aussitôt vers mon domicile. Poliment, elle retire ses sandales dorées et me suis dans la cuisine. Sans un mot, elle observe tout ce qui l'entoure puis s'arrête. Je ressors du placard à ce moment avec fierté un paquet entamé des confiseries dont je lui ai parlé.

— Tadam !

Piquée par la curiosité, elle s'avance et me le prend des mains. À ma grande surprise, elle explose de rire. Mes sourcils se froncent. Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?

— C'est Haribo, Marco ! Pas caribous !

Oh non ! Comment ai-je pu confondre ces deux mots ? D'autant qu'ils n'ont rien à voir ! Son rire est si communicatif que je ne peux rester sérieux plus longtemps. Je pouffe à mon tour pendant qu'elle se sert généreusement en fraises Tagada et Dragibus.

Passion au stade {PSG}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant