Point de vue de Sergio
Après une journée de repos bien méritée, nous jouons aujourd'hui à domicile contre une équipe se déplaçant de loin. Nous allons affronter le Al-Nassr Football Club d'ici quelques instants. Dans les vestiaires, je motive une dernière fois les troupes. Malgré l'intégration récente d'une personne qui n'a plus besoin de faire ses preuves, j'espère que nous gagnerons. Même s'il s'agit d'un match amical, cette victoire nous permettrait de gagner en confiance pour la suite de la saison.
Le torse bombé, nous sortons un à un et rejoignons le tunnel*. La tension est à son comble. Nous nous épions tous, essayons de repérer les joueurs qui paraissent le plus en forme. Et, alors que je tourne la tête vers un retardataire, je me fige. Quel bonheur de l'apercevoir ! Sans doute heureux lui aussi de retrouver des visages familiers, Cristiano (Ronaldo) s'approche. Il salue mes équipiers, échange quelques mots avec chacun d'entre eux puis s'arrête devant moi. Tout sourire, il me serre dans ses bras, me demande comment je vais et me glisse, complice, que j'ai oublié de retirer mes piercing d'oreilles.
Très embêté, je me redresse aussitôt, le remercie puis file à toute allure les confier à ma sœur qui est en pleine discussion avec le coach. Lorsqu'il la repère, Cristiano agite sa main énergiquement. Pas le moins du monde gênés par la distance qui les sépare, ils se demandent des nouvelles.
J'oublie sans cesse qu'ils se sont rencontrés déjà à maintes reprises dans des soirées.
Pourtant, je ne devrais pas puisque j'en suis le principal instigateur. Cristiano est un ami respecté non seulement pour son palmarès incroyable mais aussi pour sa mentalité par la famille Ramos au grand complet. Dès que l'occasion se présente, nous l'invitons et l'inverse se produit aussi.
Au pas de course, je rejoins les garçons et entre sur le terrain, accompagné d'un enfant de six ans qui me regarde émerveillé. Décidé à le faire rêver davantage, je lui parle en français et lui promets de célébrer mon but en son honneur si je viens à marquer. Il me fixe de ses yeux remplis d'étoiles et me certifie que je suis de loin son joueur préféré. Très touché, j'ébouriffe ses cheveux roux avec affection.
Marqui, qui a repris sa place dans nos rangs en tant que capitaine, s'approche des arbitres. Suivi de près par Cristiano, qui arbore fièrement le brassard*, il discute et plaisante avec eux.
Le coup d'envoi finit par être lancé. La possession est saoudienne de prime abord. Notre défense est rapidement malmenée. Nous prenons du retard sur nos duels, offrons des passes décisives qui se terminent par des buts de nos adversaires. Cristiano se déchaîne. Son jeu m'épate. Son équipe semble s'être préparée avec sérieux. La technique et la volonté de certains me laissent sans voix.
Alors que nous commettons plusieurs maladresses, ils s'entendent sur le terrain, se complètent à merveille, rattrapent les rares fautes qu'ils font en récupérant presque aussitôt le ballon.
Je ne dois pas me montrer si critique. Le but de Messi à la troisième minute et celui de Marqui à la quarante-troisième nous motivent à ne rien lâcher.
Cependant, le doublé de Cristiano juste avant la mi-temps nous laisse un goût amer en bouche. Il est temps de reprendre du poil de la bête et de montrer de quoi nous sommes capables. Le coach nous fait passer un sale quart d'heure. Il nous attaque sur notre manque de concentration, nous intime de nous rattraper dès que nous reprenons pour éviter de lui donner honte.
Ester nous mitraille de photos à la reprise. Elle saute sur place et crie de joie lorsque je marque à la cinquante-quatrième. Rien ne l'arrête plus. Elle tourne sur elle-même et danse avec Ilona.
Comme je l'avais juré, je me déhanche, pointe mes index d'avant en arrière en direction du jeune qui m'a emmené sur le terrain avant que le match ne débute et lui adresse un clin d'œil.
Les buts vont à vau-l'eau dans les deux camps. Jang envoie le ballon dans les cages de Gigio. Non sans mal, Kylian relance ensuite le jeu et marque chez nos adversaires. Hugo (Ekitike) saisit à son tour une occasion en or et monte notre score à cinq.
Nous résistons du mieux que nous le pouvons. Et, alors que nous pensions déjà à la victoire, Talisca inscrit un quatrième but pendant le temps additionnel. Heureusement pour nous, ce n'est pas suffisant pour revenir. L'arbitre siffle la fin. Nous avons gagné !
Point de vue externe
La soirée se poursuit chez Sergio. Ester maintient l'un des fils de son frère, Alejandro, et chante à pleins poumons un air bien connu pour qu'il fête dignement ses cinq ans.
Quand il se penche pour souffler ses bougies, elle le retient pour éviter qu'il tombe.
Pilar, la femme du footballeur, filme la scène et la diffuse en direct sur Instagram. L'ambiance est bon enfant. Tout le monde s'amuse. Même Alejandro qui déteste être au centre de l'attention. Sa tante préférée le fait danser puis virevolter dans les airs. Son visage s'illumine, il est trop heureux ! C'est vraiment le meilleur anniversaire de sa vie !
Ester est si amusante qu'elle le fait rire à gorge déployée.
Légèrement en retrait, Sergio et Pilar les scrutent avec attention. Ils sont si heureux eux aussi. Ils se faisaient du souci pour Alejandro qui paraissait si triste ces derniers mois, si grave. Son sourire si sincère leur fait chaud au cœur. Son rire si vrai les comble de bonheur.
Ester est une vraie magicienne. Elle sait panser les blessures même les plus graves. Toujours.
Le temps passe à une vitesse folle. Si bien que la Madrilène d'adoption doit partir.
Elle couche son neveu qui a encore des étoiles plein les yeux. Il la serre contre lui, se confie et lui parle du harcèlement qu'il subit à l'école. Ester comprend mieux les inquiétudes de son aîné. S'il savait... Demain, dès l'aube, avant d'aller travailler, Ester l'emmènera à l'école et crèvera l'abcès.
Elle refuse qu'Alejandro continue de souffrir, d'appréhender ses journées dès qu'il se lève. S'il le faut, elle menacera le corps enseignant. Ils doivent agir. Maintenant. Arrêter ces monstres.
Les empêcher de faire du mal aux plus gentils, aux plus réservés et sans défense. Ils ne doivent plus intimider personne !
Il s'endort, rassuré qu'elle intervienne, qu'elle le protège. Sans un bruit, elle l'installe mieux dans son lit, le borde, se relève et descend récupérer sa veste sur le perroquet de l'entrée.
Habitant à une centaine de mètres, elle rentre à pied après avoir salué tout le monde. Le trajet se déroule sans encombres. Les rues éclairées par des réverbères la rassurent.
Alors qu'elle s'apprête à traverser, un horrible crissement de pneus se fait entendre. Ester n'a pas le temps de réagir. Lancé à plein régime dans une rue déserte, le bolide lui fonce droit dessus.
Paralysée par la peur, elle ne parvient pas à faire un bond en arrière. La trajectoire ne laisse place à aucun doute. Quelqu'un lui en veut inéluctablement. C'est trop gros pour que ce ne soit que le fruit du hasard.
Percutée de plein fouet par un conducteur qu'elle reconnaît avec effroi, elle vole sur le capot, roule, rebondit sur le toit puis retombe tel un pantin désarticulé sur la chaussée glacée et dure.
* tunnel : Il s'agit d'un espace entre les vestiaires et le terrain. C'est ici que les joueurs attendent avant de faire leur entrée et de commencer le match.
* brassard : Signe distinctif porté par le capitaine de l'équipe lors d'un match.
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Passion au stade {PSG}
FanfictionAprès avoir subi les remarques et des avances d'un patron misogyne, Ester, très ébranlée, quitte l'Espagne pour retrouver son grand frère, Sergio Ramos. Lorsqu'elle débarque dans la capitale française, sa meilleure amie et petite sœur de Neymar, Ilo...