☼ Chapitre 14 : les Ramos ☼

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Point de vue de Neymar

Après la reprise de Marquinhos il y a quelques jours, c'est à mon tour de retourner sur le terrain. Les garçons ont, semble-t-il, retrouvé le moral depuis la victoire d'avant-hier et la motivation qui leur manquait. Ils se surpassent désormais comme ils ne l'ont jamais fait. Même le coach qui a le visage fermé d'habitude est plus souriant. À notre grande surprise, Ester n'est pas présente pour prendre des photos de notre entraînement ni Sergio qui ne répond pas à nos nombreuses tentatives d'appels. Christophe* nous a demandé de ne pas nous occuper de ça. Il sait quelque chose. C'est certain. Ce que Leo* m'a rapporté dans les vestiaires me revient soudain en tête.

Si je me fie aux bruits qui courent, les enfants de notre ami et coéquipier espagnol ne vont plus à l'école internationale depuis qu'Alejandro a fêté ses cinq ans. C'est tout sauf rassurant.

J'espère qu'il n'est rien arrivé à son fils. Sergio nous avait parlé de ses inquiétudes. Ces derniers mois, Alejandro paraissait plus triste. Il se refermait sur lui-même, perdait l'appétit et le sommeil. Cependant, en visionnant le live de Pilar, Ester lui avait arraché quelques sourires. Je croyais que ça allait un peu mieux grâce à elle. Mais peut-être a-t-il été rattrapé par ses tracas à nouveau ?

L'échauffement se déroule dans le plus grand des calmes. Les exercices aussi. Les simulations de match également. Blanche comme un linge, ma frangine essaie à son tour de contacter Ester mais tombe directement sur sa messagerie. Il y a définitivement quelque chose qui cloche.

Dès que nous terminons notre séance, nous filons nous doucher et nous changer. Marco, Marqui, Messi et Ilona ont décidé de se joindre à moi quand je leur ai parlé de mon souhait de me rendre chez Sergio. Ils sont inquiets eux aussi. Comme le reste de l'équipe. Sergio ne nous a jamais posé de lapin. Il nous a toujours prévenus lors de ses rares absences. Là, c'est silence radio.

Accompagné de mes fidèles acolytes, je me dirige, ma sacoche sur l'épaule, vers ma Volkswagen.

Tandis que Leo s'installe à côté de moi sur le siège passager, Marco, Marqui et Ilona s'assoient sur la banquette arrière. Je mets le contact, vérifie que tout le monde est attaché puis démarre.

Le trafic n'étant pas trop dense, le trajet se déroule sans encombres. Le soleil d'hiver luit de plus en plus faiblement dans le ciel bleu de Saint-Germain-en-Laye. Il ne va pas tarder à se coucher.

Comme je le craignais, lorsque nous arrivons devant l'immense maison de Sergio, aucune voiture n'est présente. Habituellement, celle de sa femme est stationnée devant le garage pour dissuader d'éventuels voleurs. Pas de doute, quelque chose de terrible s'est produit. Les lumières éteintes et les volets fermés font monter notre angoisse en flèche. Marco s'extirpe tout en souplesse de ma Touareg, passe le portillon qui mène au porche et sonne à plusieurs reprises. La porte reste close, l'obligeant à revenir sur ses pas, bredouille.

Face à cette impasse, il grommelle des paroles incompréhensibles qu'il prononce uniquement en cas de grande contrariété. D'une main tremblante, Ilona pianote une nouvelle fois le numéro de sa meilleure amie sur l'écran de son téléphone. En vain. Elle seule aurait pu nous expliquer quel drame est survenu dans la famille de Sergio.

Il ne reste plus qu'une option. Nous rendre chez Ester pour aller à la pêche aux informations. En priant pour qu'elle ne nous envoie pas balader.

Vamos al apartamento de Ester (Allons à l'appartement d'Ester en espagnol), suggère Messi.

— Les grands esprits se rencontrent. J'y pensais justement, lui dis-je à mon tour dans sa langue natale.

Sachant pertinemment que nous sommes tous sur la même longueur d'onde, nous reprenons la route, déterminés à obtenir des réponses. Ester est vraiment notre dernière chance.

Pourvu qu'elle puisse nous en apporter !

Les agents immobiliers du PSG lui ont dégotté un quartier paisible où il doit y faire bon vivre. Et elle doit être à deux cents mètres à tout casser de chez son frère.

Elle ne pouvait pas rêver mieux. La place est idéale, à proximité de commerces réputés pour leur savoir-faire. Les gérants sont aussi connus pour leur sens du contact, leur facilité à toute épreuve pour proposer des nouveautés qui font toujours un tabac auprès de leur clientèle fidèle. Et la verdure ajoute une dernière touche de gaieté entre les immeubles flambants neufs.

Cette fois-ci remonté comme une pendule, Marco laisse claquer la portière derrière lui et marche à une allure déterminée jusqu'au bâtiment vitré. S'élançant à sa suite, Ilona rattrape in extremis la porte qui menaçait de se refermer violemment sur ses doigts et lui court après dans le sas qui va les mener aux différents logements. Nous les apercevons monter quatre à quatre les marches puis disparaître sans crier gare au détour d'un couloir. Pour passer le temps et éviter de paniquer trop, nous échangeons avec Leo et Marqui sur d'éventuelles raisons poussant les Ramos à ne plus donner signe de vie. Puis, notre conversation dévie sur nos relations amoureuses.

Je les envie d'avoir trouvé leur âme sœur. Ils semblent tellement épanouis lorsqu'ils en parlent !

Ma sœur et l'Italien reviennent une poignée de minutes plus tard et nous informent qu'Ester est introuvable elle aussi. Fou de rage, je perds mon sang-froid et lance mon poing contre le bouton du Klaxon. Nous sursautons tous à l'entente du bruit désagréable.

Puisque nous n'avons pas d'autres choix, il ne me reste plus qu'à mettre la pression à Christophe. Ivre de colère, mes doigts se déchaînent sur l'écran de mon portable en composant le numéro du coach. Au bout de trois tonalités, il décroche.

— Oui ?

— Pourquoi Ester et Sergio étaient absents aujourd'hui ? On a essayé de passez chez eux avec les gars et Ilona. On a besoin de savoir.

— Sergio préfère vous l'annoncer demain de vive voix.

— On veut savoir maintenant.

— Ne vous tracassez pas trop, les médecins ont bon espoir et affirment qu'elle va s'en sortir. dit-il. Enfin, si elle se réveille, ajoute-t-il distraitement avant de raccrocher.

Horrifiés, nous nous regardons tous. Bordel ! C'est Ester ! Elle est à l'hôpital !


* Christophe : le prénom de l'entraîneur, Christophe Galtier.

* Leo : Lionel Messi est parfois surnommé Leo.  

Passion au stade {PSG}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant