☼ Chapitre 25 : Ti Amo ☼

93 8 64
                                    

Point de vue de Gigio

Depuis quelques jours, la cadette de Sergio traîne de plus en plus avec Hugo (Ekitike) et je dois avouer que ça ne me plaît pas.

Les garçons ont beau me répéter qu'hormis de l'amitié, il n'y a rien entre eux, je ne suis pas ravi.

Ester est une chouette femme qui mérite de trouver une personne gentille, attentionnée, avec un sens de l'humour aiguisé et une mentalité tournée famille. Tout ce qui me définit en somme ! J'ai beau tenter de lui faire du charme, elle n'y voit que du feu et s'imagine que c'est en toute amitié.

Aujourd'hui, je compte mettre les bouchées doubles. Je l'ai invitée à venir manger chez moi et de sorte à mettre toutes les chances de mon côté, j'ai décidé de lui préparer un plat typiquement de chez moi. Les conversations dans le vestiaire peuvent avoir du bon mine de rien.

Elles m'auront permis d'apprendre qu'elle affectionne certaines spécialités italiennes. L'occasion rêvée, en or même, de la surprendre dans le bon sens du terme. Je jette un dernier coup d'œil dans le miroir du hall, vérifie que ma chemise ne rentre pas dans mon pantalon noir et que mon haleine ne laisse pas à désirer. Je passe ensuite mes doigts dans mes cheveux courts. Je suis prêt.

À en juger par le tintement de la sonnette qui résonne dans mon appartement, mon invitée aussi.

Tout sourire, j'ouvre la porte après quelques instants et me décale pour la laisser entrer.

— Bienvenue chez moi. Je t'en prie, mets-toi à l'aise.

— Merci Gigio. Je suis curieuse de découvrir enfin l'endroit où tu vis.

Une fois ses baskets retirées, elle m'accompagne dans le salon et enlève son manteau. Elle semble être sur son trente-et-un. Pour l'occasion, elle s'est vêtue d'une robe fluide rose poudré couvrant une partie de ses cuisses parfaites. Il n'y a pas à dire, elle est sublime. Jusqu'au bout des ongles.

D'un geste de la main, je lui désigne le canapé en tissu gris.

— Installe-toi, j'apporte les boissons et les amuse-bouches pour l'apéro.

— Tu ne veux pas que je t'aide ?

— Je gère, t'inquiète !

Lorsque je me retourne vers elle, je l'observe s'asseoir et balayer les alentours du regard.

Afin qu'elle n'attende pas trop, je m'active de mon côté dans la cuisine. Je verse des Pringles, une sauce blanche faite maison et des Curly au creux de plusieurs bols. Puis, je remplis généreusement les verres à cocktail d'un doux mélange fruité qui m'a donné du fil à retordre. Voulant bien faire, je dispose ensuite le tout sur un immense plateau en bambou et reviens dans le séjour. En plein examen des tableaux et de mon mobilier, Ester ne me remarque pas tout de suite.

Ce n'est que quand je place les choses devant elle qu'elle lève le nez vers moi.

— J'espère que tu vas aimer. Je ne suis pas un excellent cuistot.

— Ça a l'air délicieux. Ne te tracasse pas.

— On trinque ?

Pour m'exprimer son accord, elle prend la coupe remplie à ras bord et la lève vers la mienne qui n'attend plus qu'elle.

*Cling*

Nos verres s'entrechoquent dans un doux son cristallin. Le moment est venu de goûter. Ester est la première à sauter le pas. À l'affût de ses réactions, je la regarde tremper ses lèvres puis boire à grandes gorgées. Ce ne doit pas être mauvais comme je le craignais. Le dosage pour les différents fruits n'est peut-être pas si important que ça tout compte fait ! À mon tour, je me laisse tenter par ce délicieux breuvage vitaminé. Quel régal !

Le silence n'a pas sa place parmi nous. Entre deux bouchées, nous partons sur divers sujets plus intéressants les uns que les autres, échangeons sur l'actualité, les pratiques qui nous choquent, la guerre dans certains pays, etc.

À contre cœur, je me relève et préviens Ester que je dois désormais préparer le repas. Pris dans la conversation, je n'ai pas vu le temps passer. Quel piètre hôte je fais...

Vite, je repars illico dans la cuisine et m'affaire du mieux que je peux. Ce n'est pas le moment de louper des pâtes à la carbonara. Ce serait le comble compte tenu de mes origines !

Une poignée de minutes plus tard, me voilà à nouveau dans la salle à manger. Avec précaution, je porte les assiettes fumantes et les place sur la table au même titre que le parmesan.

Comme une enfant, Ester s'émerveille devant l'œuf qui semble flotter entre les ingrédients. Pour monter dans son estime, je vais chercher une bouteille de Vendanges Tardives, l'un de ses alcools légers préférés. Aussitôt, son visage s'illumine davantage. Je marque des points ! Tout espoir n'est pas vain ! Rien n'est encore perdu !

— Je ne te l'ai pas dit tout à l'heure mais tu es très jolie, Ester. Tu serais tout à fait mon style.

Si avec ça, elle ne comprend pas tout l'intérêt que je lui porte, je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Rouge comme une tomate, elle manque de s'étouffer. Je crois qu'elle a saisi l'allusion. Je ne sais pas si je dois me sentir soulagé ou apeuré. Et si elle ne partageait pas mes sentiments ?

— Merci beaucoup pour ce joli compliment. À mon tour de te féliciter pour ce plat réussi. J'aime beaucoup les spécialités italiennes en plus. Tu as vu juste.

C'est à mon tour de prendre des couleurs. Je suis content qu'elle se régale. Rapidement, nos plats se vident jusqu'à ne laisser aucune miette. Nous débarrassons alors ensemble, faisons la vaisselle et regagnons le salon. Complètement repus, nous tombons avec mollesse sur le sofa qui plie sous notre poids. Tous deux surpris par cet affaissement soudain, nous éclatons de rire.

Parti comme c'est, notre rate va bien se dilater. Tant mieux. C'est bon pour la santé.

Ne sachant plus trop comment m'y prendre, je décide d'allumer la télé. Véritable coup du destin ou fruit du hasard, le clip d'une musique de slow est en train d'être diffusé à cet instant précis.

Prenant mon courage à deux mains, je me lève et invite Ester à danser. Elle accepte avec plaisir et se met en position pour suivre le rythme entraînant de Ti Amo d'Umberto Tozzi. Porté par les pas qui s'enchaînent, je me sens pousser des ailes. Le temps est venu que je lui dévoile ce qu'elle me fait ressentir.

— Ester ?

— Oui ?

— Tu me plais depuis des mois maintenant.

Anxieux, j'observe les différentes expressions qui passent sur son visage. D'habitude, je parviens à les interpréter mais là, je sèche. Est-ce bon signe pour moi ? Ou au contraire est-elle embêtée ? Cherche-t-elle à trouver des mots bienveillants pour ne pas me blesser et m'envoyer sur les roses gentiment ? L'attente est atroce. Mon cœur pourtant en excellente santé va finir par lâcher.

— C'est réciproque, Gigio. Tu as su attirer mon attention il y a des semaines, avoue-t-elle. Je ne t'en ai pas parlé de peur de briser notre amitié.

Tant c'est fort, je ne pourrais pas décrire ce que je ressens. Des milliers d'émotions se bousculent toutes plus agréables les unes que les autres. Des sensations nouvelles jaillissent dans le creux de mon ventre comme si une nuée de papillons y avait élu domicile. Je nage en plein bonheur. Sans réfléchir, je frôle ses lèvres pulpeuses puis l'embrasse tendrement. Avec douceur, elle remonte ses doigts le long de ma nuque. Alors que je frissonne, je presse davantage mes mains contre sa taille, les descends à ses hanches et intensifie le baiser. Je ne pouvais pas imaginer un slow aussi parfait.

Le chemin aura été difficile mais me voilà à nouveau dans une spirale pleine d'espoir. Ma maman va s'en sortir et, grâce à Ester, je suis désormais un homme comblé. Sur ma lancée, je passe mes doigts entreprenants sous ses cuisses, la soulève du sol, la maintiens contre moi.

La chanson est terminée mais notre relation, elle, ne fait que commencer.

Dans un silence religieux, je la porte jusqu'à ma chambre, l'allonge sur le lit et referme la porte.

Passion au stade {PSG}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant