☼ Chapitre 10 : Degemer mat ! ☼

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Point de vue d'Ilona

Aujourd'hui est un grand jour ! Pour la première fois, Kylian va porter le brassard de capitaine en raison de la blessure assez inquiétante de Marquinhos. Je suis tellement fière de lui.

Encore plus depuis qu'il a présenté ses excuses à ma meilleure amie, Ester.

D'ailleurs, je suis un peu inquiète. Malgré le fait qu'elle maintienne que tout va bien, je la trouve changée depuis la soirée d'anniversaire de Presnel et Renato. Plus distante. Plus sur la défensive. Plus angoissée. Quand Kylian a essayé de la prendre dans ses bras, elle a bondi en arrière. Je n'ai pas non plus compris pourquoi elle est partie aussi vite de la discothèque. Elle qui était si ravie...

— Tu penses à mini Ramos ? glisse dans mon oreille Kylian.

— Oui...

— Ne t'inquiète pas, Gigio semble veiller sur elle. Ils se sont rapprochés, sont plus complices.

— C'est bizarre qu'ils nous aient laissés sans nous prévenir quand même... Je la connais, je suis sûre qu'il y a un truc qui ne va pas.

— Si c'est le cas, elle t'en parlera. Vous avez un lien spécial toutes les deux. Ton frère n'est pas au courant ?

— Il a essayé de lui tirer les vers du nez mais elle se braque à chaque fois qu'il revient à la charge.

— Donc elle cache quelque chose, conclut-il en s'installant mieux sur son siège. Très intéressant.

J'espère que, lorsque nous serons arrivés à Brest, je pourrai avoir une discussion avec elle. C'est important que nous puissions mettre les choses à plat. Qui sait, peut-être que je vais être à même de l'aider ?

En tous les cas, ce ne sera apparemment pas pour tout de suite.

À la suite de Marquinhos et de Presnel, elle descend du bus du PSG. Il ne manque plus que mon frère pour compléter la liste des blessés mais il a préféré, à mon grand regret, rester chez lui et passer du temps avec sa petite amie, Bruna, que je ne peux pas voir en tableau. De mon côté, je rejoins l'une des loges privatisées pour que l'on assiste au match en toute sécurité et qui propose des extras tels que de la nourriture et des boissons à volonté. Quelques minutes plus tard, Presnel arrive et s'installe sur un siège qui touche le mien. Puis c'est au tour d'Ester et de Marquinhos de prendre place près de nous.

Les deux équipes qui vont s'affronter entrent sur le terrain sous un tonnerre d'applaudissements. Fiers de leurs origines, les locaux agitent d'immenses drapeaux noirs et blancs bretons. Le match n'a pas encore commencé et pourtant, les supporters se déchaînent. Ils entonnent des chants que l'on retrouve presque à chaque déplacement. Tout cet engouement fait plaisir à voir.

Ça y est, c'est le coup d'envoi. De prime abord, la possession est brestoise. Les joueurs analysent leurs adversaires, prennent le temps de faire des passes propres, précises. Pourtant, très vite, une perte de balle permet au PSG de montrer de quoi il est capable.

Après de nombreux enchaînements techniques entre défenseurs, attaquants et milieux de terrain, Carlos (Soler) marque un premier but. La foule laisse éclater sa joie. L'ouverture du score met un peu la pression aux Brestois, les désarçonne. Malgré tout, ils se ressaisissent, parviennent à percer la défense sans difficulté aucune et nous contraignent à encaisser un but à notre tour. Lorsque le sifflet de l'arbitre pour annoncer la mi-temps retentit, nous nous regardons tous. La tension se lit sur nos visages au même titre que l'inquiétude. Pourvu que les garçons fassent une remontanda et nous offrent une belle victoire !

Je profite de cette pause pour aller aux toilettes avec Ester.

Apeurée, elle jette des coups d'œil à droite et à gauche. Ce n'est définitivement pas normal. C'est comme si elle craignait qu'un danger la guette, qu'un inconnu surgisse de nulle part.

— Ça va mon chat ? m'enquiers-je, comme si de rien n'était.

Bien trop occupée à se faire des films, elle ne semble pas m'entendre. Je réitère ma question plus fort cette fois-ci.

— Oui, oui, me répond-elle machinalement.

Bon, ce n'est pas gagné. Je risque de faire chou blanc comme mon frère.

Nous revenons dans la loge sans avoir échangé un mot de plus à ce propos. Ester est maligne et a embrayé sur divers sujets qui m'ont fait perdre de vue mon objectif. Je me suis fait avoir comme un bleu... Elle est vraiment très forte.

Lorsque nous nous rasseyons, le match reprend. Presnel passe un bras autour de mes épaules. Le score très serré m'angoisse.

Une crise de panique va bientôt pointer le bout de son nez si ça continue sur cette lancée. Des occasions se présentent sur le terrain des deux côtés mais retombent tels des soufflés. Lors d'un duel, Kylian perd son sang froid et donne un coup de pied au milieu de terrain brestois algérien qui s'écroule au sol. Horrifiée, je me redresse sur mon siège.

Malgré un retard sur lui, Kylian n'aurait pas dû lui faire de croche-pied par derrière. Il aurait dû simplement se lancer à sa poursuite et essayer de le rattraper. Et, alors que le Brestois agrippe la jambe de l'attaquant français, peu content de ce coup bas, Kylian lui assène un coup de pied dans l'estomac. Il risque l'exclusion. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Il ne reste que quelques minutes.

Des sifflements de mécontentement s'élèvent des tribunes bretonnes. Des cris fusent. Grondent.

À la surprise générale, les deux joueurs écopent tous les deux d'un carton jaune.

À en juger la tête d'Ester, elle trouve la décision de l'arbitre injuste et je la comprends. Lorsque Kylian marque le but de la victoire, elle ne saute pas de joie. Moi non plus d'ailleurs. Après ce qui s'est passé, nous sommes d'accord pour admettre que nous ne la méritions pas.

Presnel a remarqué ma déception, il me serre contre lui pour me réconforter puis se relève. Je lui tends ses béquilles et nous quittons l'espace privatisé. Nous traversons le couloir une ultime fois puis rejoignons le parking où le bus nous attend.

Dehors, la pluie qui s'abat avec rage sur le bitume et les rafales de vent qui s'engouffrent sous les vêtements légers que nous portons nous obligent à nous mettre à l'abri.

Presnel range ses béquilles près de la fenêtre et retire sa doudoune. Je n'imagine pas à quel point une rupture du tendon d'Achille doit faire souffrir. Il ne s'épargne jamais lorsqu'il se blesse. Je le plains. Le pauvre.

Kylian débarque fier comme un coq alors que je ne décolère pas. Le torse bombé, la tête haute, il avance et s'empresse de me faire un câlin dont lui seul a le secret. Bien que fâchée, je réponds à son étreinte et enroule mes bras autour de lui. Il parviendrait presque à me faire oublier que j'ai une dent temporairement contre lui. Ah ! Il est doué !

— Tu étais obligé de t'en prendre à Haris Belkebla* ?

— Je n'aurais pas dû. J'étais frustré et je n'ai pas pu me contrôler, se justifie-t-il.

Ester arrive avec le reste de l'équipe et monte dans le bus en pôle position du groupe avec Gigio. Suivie de près par ce dernier, ils s'installent derrière Kylian et moi. Et, tandis que mon crush entonne les paroles d'une musique de Bigflo et Oli qui retentit dans son casque, je perçois une bribe de leur conversation.

— Je l'aime beaucoup et le respecte parce qu'il a un jeu incroyable mais je sais aussi reconnaître lorsque ce n'est pas clean. Là, par exemple, il a beau faire des gestes honteux et pas très FairPlay en tant que capitaine ou en tant que joueur, on ne lui reproche rien. C'est comme si personne ne voyait des fautes pourtant flagrantes... glisse Gigio à l'oreille de ma meilleure amie de manière aussi discrète qu'un éléphant de plusieurs tonnes qui se promènerait dans un magasin de porcelaine.


* Haris Belkebla : le joueur Brestois a réellement dû subir la mauvaise humeur de Kylian Mbappé en plein match lorsque Brest s'opposait au PSG. Le match a eu lieu le 11 mars 2023 et beaucoup regrettent la décision rendue par l'arbitre. Haris s'est effectivement fait faucher par derrière puis a reçu un autre coup de pied dans l'estomac alors qu'il était au sol. 

Passion au stade {PSG}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant