19. Trois chemins et un rat

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PDV Korzan

              L'eau est glaciale. Une bulle d'air entoure ma tête et me permet de respirer. Je continue ma brasse dans ces profondeurs. Il fait de plus en plus noir. Je créé un point lumineux, ainsi, il nous est plus facile de distinguer le chemin. Ce puit n'a pas de fin. Ni de coin. De l'eau. Partout. Nous arrivons après quelques minutes à la surface. Nous avions traversé un tube aquatique. Je crache l'algue, un goût de vinaigre reste installé sur mes papilles.

- Vraiment dégueulasse, se plaind Mercène.

Il roule sa langue et propulse la plante machouillée hors de sa bouche, tout en postillonnant.

À ma gauche, Prym est prise d'une quinte de toux. Son visage est rouge. Elle s'étouffe ! Avant que je ne viennes l'aider elle me stoppe avec sa main levée vers moi. Elle se tourne et vomit entre ses pieds.

À l'entente de se bruit abjecte, l'odeur me remémore mes combats passées.

Prym se redresse et essuie ses lèvres du revers de sa main.

- J'ai avalé l'algue sans faire exprès. Freus a explicité l'effet négatif de la plante si on l'avalait. Alors, j'ai préféré tous vomir.

- C'est pas le moment d'avoir la chiasse, effectivement, dit Mercène en lui tapotant le dos. La galerie est par là, nous indique-t-il. Nous devons traverser un labyrinthe de couloirs avant d'atteindre la ville souterraine. L'ancienne ville, du moins. Hé. La Torche Humaine. Tu pourrais éclairer par là.

Ce gars m'excède. Je dirige une orbe dans la zone indiquée et nous continuons la route.

La chaîne autour du cou de Mercène fait une symphonie avec le vent. Une brise sans origine. Mystérieuse. Dans ce tunnel, le bruit sourd de nos pas résonne.

Cette montagne me donne un mauvais pressentiment.
Je garde ma magie bien au chaud. Si nous devons nous battre, j'aurais assez d'énergie.

Au loin, un son de frottements et de cliquetis aiguës s'approche. Devant nous, un nuage d'ailes sombres foncent sur nous. La cavité étroite nous empêche de nous abriter. Les chauve-souris passent, elles nous griffent, leurs ailes giflent. Je me mets à plat ventre et me couvre le crane, j'attend qu'elles passent. J'entend au milieu des écholocations, mes cris et ceux des autres. Je relève prudemment les yeux, Nélya en a cinq autour d'elle. Ces bêtes tirent ses cheveux et se coincent entre ses mèches. Je rampe vers elle et éloigne les chiroptères en les démêlant. Puis, jinvoque un bouclier lumineux. Il grandit, grandit et les chauve-souris fuient la lumière.

Le chaos finit par passer. Je me retourne sur le dos et je reste allongé. Épuisé. J'ai le souffle court. Mes bras sont envahit de fines griffures. Y'a pas pire que ces bêtes.

Je n'ai pas peur du noir.

Quand j'étais enfant, c'était une phrase que je répétais dans les cachots. À force de la repeter, elle me rassurait.

Nélya, les mains sur ses cheveux, lève son regard sur moi et semble me dire un muet merci.

- Tout le monde va bien ? demande Freus.

- Je déteste ces bêtes ! s'horripile Prym.

- Bizarre ça, j'ai soudainement, envie de me transformer en l'une d'elles pour t'embêter, s'amuse Mercène.

L'ainée des Dohan lui flanque un coup dans la gorge. Le souffle coupé, son frère touche son cou.

Le renard porte des chaînes. À chaque fois que j'ai le malheur de le regarder, je reste bloqué sur son horrible collier. C'est quel genre de monde encore ? On aurait dit la Haute à un dîner du roi Lodrum, complètement excentrique.

Sanvisage ~ Le PourfendeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant