23. Le réveil d'un monstre

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PDV Nélya

      L'eau cristalline brille doucement, illuminée par une myriade de petites créatures aquatiques. Les poissons, dotés de cette étrange luminescence, glissent sous la surface, leurs écailles étincelant dans des teintes de bleu, de vert et de violet. Leurs mouvements créent des ondulations de lumière qui dansent sur les parois rocheuses de la caverne.

Les rives sont constituées de gravier, chaque petit caillou lisse et poli par les millénaires. Autour de la plage, des plantes aquatiques, diffusent une lumière douce.

Sur les hauteurs, la ville fantôme descend en cascade vers la mer.

Alors que je contemple cette mer souterraine, une vague de paix m'envahit progressivement. La magie et la tranquillité de cet endroit semble apaiser mon cœur meurtri.

— Ce que je ne comprend pas, commence Mercène d'une voix pensive. C'est que la plupart des carcasses que nous avons croisé jusqu'ici étaient celles de soldats. Ou, de familles encore endormies.

Je déglutis difficilement en me remémorant à l'intérieur des maisons, ces ossements à l'intérieur des lits. D'autres sur les routes, tués d'une façon mystérieuse car pour la plupart leurs armes étaient encore rangées dans leur fourreau.

— Ce que je comprend encore moins. Ce sont les écussons qu'ils portaient. Je ne les avais jamais vu auparavant.

— Est-ce celui du peuple sous la montagne ? Ils avaient peut-être une armée ? Ceux qui ont fais ça, soufflé-je avec amertume. Ils n'ont eu aucun scrupule à ôter la vie de gens innocents.

Ma mémoire me joue des tours. J'entend comme les cris des enfants arrachés de leur lit, assassinés en plein rêve.

— Leurs ossements n'étaient pas briser. Il n'y avait aucune trace de combat, analyse-t-il. Une sombre magie aurait pu causer tous ses morts. Un pouvoir que même les Jur craignent, imagine Mercène.

Dans cette montagne, qu'est-ce qui aurait pu provoquer cela ?

— C'est la déesse Déchue, murmuré-je. Son tombeau est là pour une raison. J'en suis certaine.

— Alors, ces morts sont des Enfants de Lumière, dit Mercène d'une voix empreinte de fascination.

Je hoche la tête.

— Quand Freus me racontait les histoires concernant la déesse, je ne la croyais pas si cruelle. Emprisonnée là où ses victimes repose, le destin est mal foutu.

Mercène ramasse des cailloux. Il se pose face à la mer, plate, et sans vagues.

— Un Jur est capable de tous. Pourquoi n'ont-ils rien fait pour stopper ce massacre ?demande-t-il.

Je me rappelle alors de cette histoire :

"Il y a des siècles, le monde entier fut plongé dans un chaos sans précédent. Animée par une soif insatiable de vengeance contre les Jur qui l'avaient chassé, Evanekel déchaîna sa colère sur les royaumes des mortels.

Elle invoqua une armée de monstres, des Belvirs, tissées de peur et de haine. Ces êtres cauchemardesques, se déversèrent sur les terres comme une marée noire, semant la destruction sur leur passage. Les villages furent rasés, les cités fortifiées furent assiégées et réduites en ruines. Partout où l'armée de la déesse passait, elle laissait derrière elle un sillage de mort et de désespoir.

Les rois et les reines des différents royaumes, désespérés face à cette menace, tentèrent de former des alliances pour contrer la déesse et son armée. Mais leurs efforts furent vains, car même unis, ils ne pouvaient rivaliser avec sa puissance. Les prières aux dieux restèrent sans réponse, et les mortels se retrouvèrent seuls dans leur lutte pour la survie."

Sanvisage ~ Le PourfendeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant