21. La mer sous la montagne

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PDV Nélya

      Une boule affreuse me brule l'estomac jusqu'en haut de ma trachée. Elle reste bloquée. Mes cris d'impuissance et de regrets sont coincés. La tristesse m'envahit tel une douche froide.
Éviter de pleurer, souffler.
Je n'y arrive pas.
Des larmes coulent sur mes joues.

Il est mort.

Je sens Prym et Mercène s'activer derrière moi. Je reste face au vide qui a englouti Korzan. L'obscurité de la montagne a avalé sa lumière.

Un gémissement de douleur me rappelle à l'ordre. Freus est blessé. Mon cousin ruisselle de sueur, réponse au mal que lui inflige sa blessure à l'abdomen. Mercène a arraché sa chemise pour le soigner. Il a le visage froncé par la gravité. Prym tient la torche en direction de la plaie béante.
Mon cousin se tend brusquement. Mercène le désinfecte et noue ses organes déchirés pour arrêter le saignement.

- Nélya tient le. Il ne doit pas bouger, lâche Mercène sur un ton à ne pas contester.

- Sa magie le garde en vie, prononce faiblement Prym.

Difficilement, j'immobilise Freus qui se tortille dans tous les sens. Il nous supplie d'arrêter. Mon cœur se serre. Sa peau est brulante. Son corps raide montre l'insoutenable douleur.

- Tiens bon, soufflé-je d'une voix cassée. Ça va aller.

J'essaie de le rassurer. Je tiens sa tête et le colle contre moi. Au risque qu'il m'échappe lui aussi. Chaque coup d'aiguille sont des supplices.

- Arrête, hurle-t-il.

J'ai la gorge qui pique. Mercène a bientôt fini. Ce cauchemar va s'arrêter.

Freus perd connaissance avant que Dohan ne termine de le soigner. Je pose ma tête contre la sienne. Il est devenu si pale.

- Putain, ce fils de pute d'Ipomée. Je lui aurais tranché les doigts et lui aurais fait bouffer s'il n'était pas tombé dans ce gouffre !

Mercène déferle sa colère. Tandis que je reste immobile, je n'ai pas lâché Freus. Il tremble dans son sommeil.

- Chut ! lui dit Prym en lançant un regard vers moi.

J'ai un souffle au cœur. Mais, je ne montre rien. Je suis fatiguée des émotions.

Korzan est mort. C'est de ma faute. Je n'aurais pas du le laisser retourner sur le pont. J'aurais dû l'accompagner.

Si je mettais suffisamment entraîner, j'aurais eu assez d'énergie pour une téléportation de plus ! J'aurais pu le sauver !

Mes yeux glissent sur l'opulente plaie où le sang commence à secher, créant d'énormes croutes autour des points de suture.

Freus risque aussi de mourir, avec cette horrible blessure.

- Il doit utiliser sa pierre pour rentrer à Antyk, propose Mercène. Il a besoin de soin. Je n'ai jamais recousu quelqu'un auparavant, seuls les Jur savent si j'ai fais correctement.

Merci de me rassurer.

- Sule'Jur, merci d'avoir doter mon frère d'un cerveau si brillant ! lâche Prym en levant les yeux au ciel.

L'arrière de ma tête cogne contre le mur.
Je me suis disputée avec Korzan. Mais, qu'est-ce qu'il m'a prit ? Nom d'un belvir ! Notre dernière discussion est une dispute ! Pourquoi est-ce que je lui ai parlé comme ça ? Il me doit rien. C'est lui qui avait insisté pour me rendre la pareille. À la base, je m'en fichais royalement ! Il était toujours cloué derrière moi. À me suivre et à recoller les pots cassés. Il a toujours prêté attention à mes paroles. À chacune de mes plaintes, il était là pour m'écouter. Il voulait m'aider. Et, moi, j'ai essayé d'en profiter.
J'étais focalisée sur mon objectif et, j'en ai carrément oublié celui de Korzan. Il voulait protéger le Mearystol.
Il me l'avait dit. "Je suis un protecteur".
Je n'aurai pas dû insister. Putain d'égoiste que je suis. J'aurai du voir au-dessus de mon nombril au lieu d'être obnubilé par le mien.

Sanvisage ~ Le PourfendeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant